Presque vingt ans après le titre de légende qui a créé tant de vocations, Slitherine frappe fort avec une version modernisée du vénérable Panzer General. Une adaptation réussie et sympathique, mais qui n’assure toutefois qu’un service minimum. La magie reste intacte !

Panzer General, c’est plus qu’un grand wargame, c’est LE wargame du début des années 1990. Avec ce titre édité par SSI, les wargames informatiques allaient abandonner leur atour austère et toucher enfin un large public, faisant découvrir les jeux d’Histoire sur informatique à toute une génération.

En 1994 à sa sortie, le jeu présentait ainsi un graphisme plaisant, une interface agréable et surtout la volonté affirmée de proposer un système ludique, accessible, dans un cadre historique (la Seconde Guerre Mondiale) mais sans se laisser imposer des exigences strictes de simulation, à une époque où la plupart des wargames s’empêtrait dans des systèmes complexes et simulationnistes de plus en plus abscons. Panzer General, c’était quelque part un jeu de plateau porté sur ordinateur, et cela faisait du bien.

Chaque scénario représentait une des grandes batailles de la Seconde Guerre (Koursk, la campagne de France, les Ardennes), à jouer avec une vingtaine d’unités de chaque côté, sans grand souci de réalisme d’échelle ou de temps. Mais la plus grande qualité du jeu était surtout de proposer un système d’évolution d’unités bien pensé et addictif. Au fur et mesure des batailles, les unités du joueur gagnaient de l’expérience et pouvaient, grâce à des points de prestige accumulés en atteignant des objectifs, être améliorés avec des matériels plus puissants, dans la limite de leur disponibilité historiques. Le joueur pouvait commencer ainsi avec dans sa troupe quelques modestes blindés de début de guerre (Panzer II par exemple), puis les transformer en Panzer III, IV et enfin terminer avec de redoutables Tigres royaux, de plus super expérimentés si ses unités de départ n’avaient pas été détruite entre temps ! Tout cela s’appliquait tout aussi bien pour les unités d’aviation que l’artillerie, l’infanterie, etc.

Du neuf avec du vieux, forcément

Panzer Corps reprend pratiquement strictement l’ensemble des mécanismes de Panzer General : tour par tour classique (en alternant mouvement et combat dans un ordre libre), unité disposant d’une base de 10 « points de vie », dépense de points de prestige pour réparer les unités en cours de partie et pour les améliorer entre deux scénarios, artillerie pouvant soutenir les unités adjacentes en défense, large choix d’unités aériennes, terrestres et maritimes.

Étonnamment, alors qu’en vingt ans, la série des General a donné lieu à de nombreuses évolutions, avec l’introduction de divers mécanismes et évolution graphique (3D, compétences particulières des unités ou des chefs), Panzer Corps se contente d’un lifting graphique et d’un choix plus large d’unités, sans tenter la moindre évolution de gameplay.

La seule amélioration réellement notable, et qui est d’ailleurs parfaitement réussi, est le système intégré de jeu par e-mail, qui facilite nettement la vie des joueurs désireux de s’affronter autour de quelques batailles rapides. Ah si, j’oubliais, les unités peuvent se voir attribuer des héros en plus d’accumuler de l’expérience, ce qui donne des bonus aléatoires de caractéristiques. Rien de renversant, le système de jeu est donc dans son jus !

Côté campagne et scénarios, comme son nom l’indique, Panzer Corps – Werhmacht est consacré à la guerre vue de l’Axe, avec quatre campagnes pour partir à la conquête de l’Europe, mais en réalité une campagne principale qui commence en 1939, deux autres campagnes sur le front de l’Est qui commencent plus tardivement et reprennent les même scénarios, et une campagne Italie, plus originale. Selon ses résultats, le joueur suivra le déroulement historique de la guerre mais pourra être amené, en obtenant une suite de victoires décisives, à envahir l’Angleterre et même les États-Unis (comme dans le PG de base) ! Les différents scénarios sont surtout l’occasion de voir apparaître des matériels de plus en plus puissants : artillerie lourde, avion à réaction, char super-lourds… On ne s’en lasse pas ! Les différents scénarios de la campagne sont également accessibles isolément, et jouable pour le coup avec l’Axe ou les Alliés.

Habilement, Matrix et Slitherine proposent des DLC (mini-extensions) à télécharger, proposées au prix de 5 € chacune. Il s’agit de nouvelles campagnes (Grand Campaign), consacrées chacune à une année de la guerre, avec les principales batailles de la période, à jouer à la suite. Sont déjà dispo Grand Campaign 1939 (Pologne et Norvège), 1940 (campagne de France uniquement) et 1941 (Grèce + Barbarossa) Voyez cette page chez Slitherine pour différents screenshots. Fort logiquement l’année 1942 sera le thème du prochain DLC, à sortir mi-janvier 2011. Chaque DLC comporte une quinzaine de scénarios et les unités de son armée peuvent être conservées d’une DLC à l’autre. Amusant, pas réellement indispensable mais proposé un prix très raisonnable.

 

 

Une belle unité, expérimentée, décorée et dotée de deux héros. Cela ne lui apporte que quelques bonus de caractéristiques ; les concepteurs du jeu ne se sont pas trop foulés par faire évoluer les mécanismes du jeu, à la différence des expérimentations – pas toujours heureuses il est vrai – de Panzer General II ou III.
En cas de réussite dans la grande campagne, le joueur sera amené à envahir les États-Unis. Jouissif mais peu crédible !
A l’assaut de la Pologne ! Le DLC Grand Campaign 39 propose une dizaine de scénarios consacré à l’invasion de la Pologne. Le graphisme du jeu est tout à fait plaisant, mais ne présente pas de rupture technologique par rapport à la version de 1994 !

Le mot de la fin

Produire en 2011 une nouvelle version de Panzer General sans chercher réellement à faire évoluer le jeu, il fallait oser… Mais en réalité, comment résister à cette délicieuse magie du tour par tour et surtout à la parfaite jouabilité de Panzer Corps ? Il faut dire que les différentes évolutions de la série Panzer General avaient fait disparaître le charme du jeu original ; Panzer Corps réussit l’exploit, avec des graphismes sympathiques et quelques petites retouches simples, de redonner envie aux vétérans d’aller envahir les plaines de Russie, et de permettre aux petits nouveaux de découvrir l’univers merveilleux du tour par tour.

  • Mécanismes en tour par tour exemplaire
  • La magie de l’original préservée
  • Facilité de prise en main
  • Jeu par e-mail (PBEM ++)
  • Campagne uniquement côté allemand
  • Pas d’innovations sensibles par rapport à la version de 1994
  • Graphisme plaisant mais dépassé
Infos pratiques

Site officiel : www.panzer-corps.com

Fiche chez Slitherine ; fiche chez Matrix. Une présentation de l’ensemble des DLC se trouve depuis cette page chez Matrix.

Date de sortie : 11 juillet 2011

Une version Mac est prévue par la suite et une démo PC est disponible.