Beaucoup de mouvement du côté des jeux pour appareils mobiles. Les friands de stratégie sérieuse et moins sérieuse y trouvent de plus en plus de matière à digérer. Dernier gros morceau en date : Panzer Corps, transporté en bloc sur la tablette à la pomme, avec ses extensions et son service multijoueur maison.

Gâteau étagé

La série entière des Panzer Corps a été portée sur iPad. Elle inclut la dizaine de « grandes campagnes » payantes, achetables à l’unité ou en un lot inclusif, ainsi que les extensions autonomes Allied Corps et Afrika Corps.

Toutefois, contrairement à ce qui se fait sur PC, vous devez obligatoirement acheter le jeu de base — Panzer Corps Wehrmacht de son petit nom — avant de vous procurer les extensions autonomes, car seul le jeu de base est affiché sur l’App Store. Une fois en sa possession, le joueur peut ouvrir un module d’achat interne qui donne accès à tous les éléments de la série (payables malgré tout sur l’App Store).

Que du fonctionnel

Dès la page d’accueil, on comprend que Panzer Corps a été porté à l’identique, ou  presque, sur la tablette tactile. La palette de scénarios solo et multijoueur est complète. Le jeu tourne au poil, selon les mêmes tonalités graphiques que sur PC. Les tappés viennent naturellement et en quelques secondes le joueur est sur les rails.

L’interface a été légèrement retouchée pour s’adapter à la taille de la tablette. Le principal changement est qu’on peut rabattre le panneau principal (UI sidebar) sur la droite pour le transformer en un ruban de boutons vertical, dégageant l’ensemble de l’écran. Malheureusement, la réduction du panneau fait disparaître les autres rubans éventuellement affichés, dont celui des caractéristiques des unités sélectionnées (stats panel) que je consulte assidûment pour planifier les combats.

L’usage de ce ruban est d’autant plus nécessaire que la fenêtre de prévision détaillée des résultats de combat, accessible sur PC via un ctrl-clic sur la cible, n’est pas présente dans cette première version iPad. Un joueur ayant mes habitudes doit donc vivre avec le panneau et le ruban déployés, qui occupent le tiers droit de l’écran. Mais on s’y habitue rapidement et cela s’avère, en définitive, peu pénalisant.

Lorsqu’on creuse un peu, on se rend compte que certains pans du jeu PC ont été laissés de côté, tels l’éditeur de scénarios, les options avancées et la bibliothèque des fiches d’unités. Cette absence ne m’a causé aucun désagrément, mais j’ai eu un pincement au cœur en constatant que les langues autres que l’anglais (français, allemand et russe) n’étaient pas encore présentes. L’éditeur assure qu’elles s’ajouteront bientôt.

Rien à redire…

L’expérience de jeu reste finalement aussi confortable que sur PC. Vu l’étroitesse de l’écran, on recourt davantage à la carte stratégique pour embrasser l’ensemble du champ de bataille ou se déplacer d’un coin à l’autre de la carte.

La stabilité est bonne. J’ai subi un décrochage du soft en une vingtaine d’heures de jeu et noté un défaut mineur : le bouton de fin de tour fonctionne mal en présence de la carte stratégique. Pensez à faire des sauvegardes d’ici à ce que ce soit réparé. Autre détail — beaucoup plus pénible — qui sera lui aussi corrigé avec la première rustine : l’absence d’option pour éteindre la musique de fond !

Un très bon point : le multijoueur, pris en charge par le serveur PBEM++ de Slitherine-Matrix, est universel, de telle sorte que le propriétaire de versions PC et iPad retrouve ses parties sur l’une ou l’autre machine. Les deux mondes étant fusionnés, vous ne manquerez jamais d’adversaires humains (lorsque aucun défi ouvert n’est disponible, créez-en un ; il sera généralement relevé dans l’heure qui suit).

Ne vous surprenez pas de trouver un tas de scénarios inconnus parmi les défis affichés sur le serveur multijoueur. Panzer Corps a cette grande qualité de permettre aux joueurs d’accéder à tous les scénarios multijoueur même s’ils ne possèdent pas l’extension d’origine.

… sinon que c’est cher

La version iPad du jeu de base est vendue presque au même prix que la version PC, ce qui est conforme à la politique commerciale de Slitherine-Matrix. L’éditeur offre des jeux complets sur tablette et tend à en demander le plein prix. Sauf qu’ici les propriétaires du jeu de base PC sont doublement pénalisés :

  • Ils ne profitent d’aucun rabais sur la version iPad, essentiellement parce qu’Apple interdit ce type de promotion. Nous connaissions déjà cette problématique avec Battle Academy.
  • S’ils ont envie de prolonger leur expérience de jeu sur l’iPad en achetant une extension autonome (Allied Corps ou d’Afrika Corps), ils sont obligés d’acheter d’abord le jeu de base iPad. Cette dernière contrainte provient du désir de l’éditeur de simplifier la gestion des contenus et des mises à jour sur la tablette.
Les Allemands sont aux portes de Stalingrad. Pour savoir pourquoi ces Panzers IIIL font jeu égal avec des fantassins russes (probabilité de perte de 1 point de force chacun), consultez le ruban des caractéristiques d’unités, à gauche du panneau principal.
Une fois le panneau rabattu, vous disposez de la quasi-totalité de l’écran. Cette carte stratégique montre la situation de départ d’une invasion hypothétique des États-Unis par les forces de l’Axe, à la base du scénario « USA East Coast ».

Mêmes qualités et mêmes limites

Pour ceux et celles qui connaissent peu Panzer Corps, sachez que ce jeu est conçu avant tout pour le plaisir de la stratégie (voir notre test). Bien qu’ancré dans la Seconde Guerre mondiale, il n’a pas la prétention de la simuler. On y trouve les unités typiques de chaque année de la guerre et, surtout, de longues campagnes dynamiques. Mais le joueur est autorisé à maltraiter les ordres de bataille, par exemple en investissant tous ses deniers dans des unités robustes et puissantes au détriment des réalités de l’époque. Les empilements d’unités sont interdits, ce qui amène les batteries d’artillerie à occuper le même espace que les régiments de fantassins, et le ravitaillement se fait par miracle à n’importe quel endroit de la carte.

Malgré tout, le jeu ne manque pas de profondeur. Il faut combiner les différentes armes (l’artillerie et la chasse aérienne tirent en réaction pendant le tour de l’adversaire) et savoir répartir ses ressources entre la réparation des unités usées, les améliorations et les renforts.

Au final, Panzer Corps nous apprend davantage à tourner les règles du jeu à notre avantage qu’à faire la guerre. Mais rien ne nous empêche de mettre en pratique les méthodes apprises dans les vrais wargames : la préparation des attaques, la priorité accordée aux objectifs critiques, l’exploitation des replis du terrain et la gestion optimale de l’appui-feu.

Même si vous ne possédez que le jeu de base, vous avez accès à tous les défis ouverts sur le serveur multijoueur, comme ce « Salerno » (opération Avalanche) rattaché à l’extension Allied Corps.
Le module d’achat des contenus complémentaires. La première option permet d’acquérir toutes les extensions en un seul déboursé.
La fenêtre d’achat des renforts fonctionne exactement comme sur PC, avec la possibilité de comparer les unités. On voit ici que l’antichar SU-85 excelle contre les chars, alors que le SU-152 peut causer d’assez forts dommages aussi bien aux chars qu’à l’infanterie.

Derniers mots

J’aurais apprécié que Slitherine-Matrix tienne compte de ce contexte particulier et abaisse davantage le prix de la version iPad ou offre gratuitement une ou deux grandes campagnes, par souci d’équité pour la communauté déjà large des panzercorpistes. Les fans avérés ne se priveront pas de payer une seconde fois le jeu pour y jouer dans le bus ou le train, mais je pressens que plusieurs adeptes réfléchiront avant d’enfiler les extensions.
En revanche, les nouveaux venus qui se cherchent un bon jeu de stratégie à saveur rétro seront comblés par ce qui est disponible sur l’App Store. Surveillez tout de même votre portefeuille, car l’achat à la pièce des contenus d’appoint est rédhibitoire. Et n’oubliez pas de mettre quelques sous de côté pour les prochaines extensions autonomes, Soviet Corps et Pacific Corps.

  • Portage de la totalité des scénarios et extensions du jeu PC.
  • Stabilité et efficacité de l’ensemble.
  • Bonne rejouabilité (multijoueur PBEM++ et défis issus d’autres extensions).
  • Sacrifice temporaire de certains aspects du jeu (langues et quelques fonctionnalités).
  • Affichage du panneau et des rubans à revoir.
  • Structure de prix pénalisante pour les détenteurs du jeu PC.
Infos pratiques

Date de sortie : 18 décembre 2013

Éditeur / Studio : Matrix – Slitherine / The Lordz

Prix : 17.99 € (téléchargement – hors extensions)

A lire en complément nos articles : Panzer Corps – Werhmacht, le retour de Panzer General, Test de Panzer Corps : Afrika Korps, et Test de Panzer Corps : Allied Corps.

Site officiel :  www.panzer-corps.com (fiche du jeu chez Matrix – fiche du jeu sur iTunes)