Mon esprit se disloque. Les hallucinations envahissent mes journées, les cauchemars ont terrassé le sommeil. Mes périodes de raison fondent comme des glaçons au soleil – j’ai besoin d’un nouveau whisky – ma débâcle est proche.
J’ai trop longtemps hésité à relater l’expérience, peur de propager des savoirs légitimement ésotériques, doutes sur mon état mental… Mais l’amère victoire sera tôt ou tard remise en cause par les Autres, et ce récit aidera l’humanité à retarder une fois encore l’inéluctable défaite.
Je pensais avoir vécu les pires turpitudes lors de la bataille de Passchendaele. J’avais dû moi-même abattre, suriner et même étrangler plus de six allemands. Mon éducation canadienne m’avait accoutumé aux impératifs de la survie, et je suis resté calme le soir venu. Le lendemain, un curieux britannique enturbanné me fit convoquer. C’est la première fois que je rencontrais un Sikh, et je dus faire un effort pour suivre l’accent caquetant. En dépit de vagues avertissements et appâté par l’aura de mystère de sa proposition, je rejoins dès le lendemain la fine équipe du professeur Brightmeer.
Plus prosaïquement, Call of Cthulhu The Wasted Land se présente comme une suite de scénarios au cours desquels le joueur pilotera quelques soldats anglo-américains face une alliance germano-cthulienne (I.A.) pendant la Première Guerre mondiale.
Votre équipe s’étoffe petit à petit. Les caractéristiques de chacun évolueront selon les capacités mises en œuvre pendant les combats (un aficionado du revolver verra son efficacité avec cette arme augmenter naturellement), puis librement en fin de mission.
L’équipement pourra parfois être parfois modifié avant une nouvelle mission. Le choix d’objets augmente au fur et à mesure.
Les combats se déroulent en tour par tour consécutif, joueur contre I.A. Chaque personnage en défense dispose d’un tir d’opportunité s’il a gardé suffisamment de points d’actions.
En mode normal, le jeu est d’un niveau accessible, même si les objectifs des scénarios compliquent parfois la tâche du joueur.
Les règles sont classiques, basées sur celles du jeu de rôle édité par Chaosium pour les connaisseurs, mais parfois insuffisamment explicites. J’ai souvent eu l’impression de pratiquer un jeu de figurines sur plateau, les cartes sont relativement petites, les affrontements denses, les combattants fortement typés, et dans certains niveaux souterrains on se croirait presque à Space Hulk.
L’ambiance sonore s’adapte bien au contexte, mais manque de variété. Les graphismes sont corrects (les résolutions grand écran sont gérées), le bestiaire « sympathique », et le level design efficace.

Au final
Call of Cthulhu – The Wasted Land est un petit jeu sympathique qui pour moins de 5 euros saura offrir une bonne dizaine d’heures de plaisir aux amateurs de combats tactiques en tour par tour (personnellement je m’éclate). Le seul vrai reproche que je puisse faire à la version PC est qu’il s’agisse d’un portage a minima de la version Ipad. Une ergonomie parfois pénible (caméra capricieuse, sélection des personnages pointue), un manque de fonctions possibles sur un grand écran (mini cartes et/ou vue globale, visualisation des zones couvertes par les armes…), l’impossibilité de recharger des sauvegardes antérieures ou d’avoir plusieurs parties en cours rappellent un peu trop l’origine du logiciel.
- Un bon petit jeu, mi-plateau, mi-tablette, sur le thème du Mythe de Cthulhu
- Une adaptation sur PC à minima, particulièrement niveau interface
Fiche sur Steam ; site officiel
Date de sortie : iOS / iPad fin janvier 2012 – PC mai 2012
Disponible aussi en version française.
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