Voici un rapport de partie de la mission Buron Main Event, scénario que l’on trouve dans le DLC Commonwealth Forces qui ajoute au très réussi Combat Mission – Battle for Normandy les anglais, canadiens et les alliés Polonais face aux forces du troisième Reich. Même si le jeu date un peu désormais, il reste un wargame tactique de référence. En route pour revoir cela vers le village de Buron, ses grands champs, son petit bocage, avec des canadiens armés d’un solide courage.
Habitué des Combat Mission aux théâtres modernes, c’est avec un grand plaisir que je revisite ici les années 40. Malgré un système identique au bit près, les sensations de jeu sont différentes et l’approche tactique tout autant.
Pour causes bien sûr, l’armement obsolète ou les équipements optiques et radio rarissimes, mais pas seulement. Les soldats sont souvent moins entraînés et bien moins efficaces que leurs pairs professionnels des conflits modernes. Ils sont en revanche plus nombreux, sorte de compensation où les pertes deviennent statistiques et où l’on rechigne moins à envoyer deux éclaireurs devant, « pour voir »…
Enfin, spécificité de l’opus de ce jour, le théâtre Normand est célèbre pour ses haies bocagères. Composante majeure du jeu, la haie bocagère peut être considérée comme un rempart végétal, véritable couverture contre les tirs et cachette d’exception. Paradis pour le défenseur qui peut voir et tirer à travers, enfer pour l’attaquant qui épuise son stock de munitions en vain. Ces haies, qu’elles soient petites ou grandes, sont de plus infranchissables en raison de leur densité. Une charge explosive peut bien en venir à bout, mais c’est à peu près tout.
Le scénario choisit, que je découvre, fait un usage modéré de ce concept. Les connaisseurs remarqueront une approche non optimale et un style hybride en raison de ma pratique habituelle sur des conflits plus modernes. Ça tombe bien, je suis preneur de conseils ! Les débutants pourront à l’inverse voir à l’œuvre différentes notions et tirer des leçons de cette bataille relativement complète.
Dernier point, pour des raisons pratiques je n’utiliserai pas les points cardinaux originaux. Le nord est dans mon dos et l’Est à ma gauche, rendant la lecture peu intuitive. Ma gauche sera donc l’ouest. Moins immersif, mais plus facile à comprendre.
Vous trouverez sur le récent blog Carnet d’un stratège un utile guide du débutant pour Combat Mission (la version guerre moderne, mais les principes généraux sont les mêmes).
Briefing
BURON. 08 Juillet 1944. 9h30. Type de bataille : Attaque alliée. Le joueur attaquant possède plus de forces, mais le défenseur est retranché. Je joue la compagnie A de la HLIC (Highland Light Infantry of Canada). Mon objectif : libérer la moitié EST de Buron, pendant que la compagnie B se charge de la moitié OUEST. Ce village au nord-ouest de Caen est actuellement défendu par ce qui reste de la 12th SS Panzerdivision, fragilisée par les batailles précédentes. J’ai 1h pour réussir la mission, un délai à première vue confortable.
Je m’attends à une résistance faible numériquement parlant, mais aux unités ennemies éparses et dangereuses. Même affaiblie, la 12th SS PD reste féroce, très bien équipée et ici retranchée. La majorité des allemands seront dans le village, je dois cependant anticiper la présence d’unités isolées dans les champs qui me séparent de Buron. Bien que vite neutralisées, ces dernières possèdent un pouvoir destructeur et psychologique important.
1 – Le plan
1/ La carte est de taille moyenne, environ 800 x 700m, plate mais avec un ressaut juste devant moi. Le village est petit, je dois pouvoir le nettoyer rapidement si je conserve mes forces. Il est néanmoins entouré de haies bocagères pouvant abriter tous types d’ennemis.
Je prévois donc 30 minutes pour m’approcher du village et l’entourer, puis 30 minutes pour le capturer. Ce ratio reste bien entendu susceptible de changer selon la résistance que je rencontrerai à l’extérieur et aux abords de Buron. J’émets en revanche des craintes sur mes capacités de reconnaissance car l’ennemi restera probablement immobile et camouflé. Seuls ses tirs, s’ils sont proches, pourront me servir d’indice.
2 – Déploiement
Je repositionne mes forces en priorisant le centre puis l’Est. Faute d’équipements radio en nombre suffisant, je prends soin de maintenir ouvertes toutes les lignes de communication. Rappel pédagogique, les lignes de commandement se vérifient avec le raccourci alt-z. Si la ligne entre l’unité et le QG est rouge vif, la communication est établie. Si elle est rouge foncée, la communication est rompue et les informations ne sont plus transmises. Équipés de radios, mes quatre tanks Sherman peuvent être séparés. J’en laisse deux à l’ouest pour observer au loin, le troisième gravitera vers le centre, puis le dernier accompagnera le groupe à l’Est. Pas d’unités exotiques dans mon armée, seulement quelques équipes de génie qui créeront des brèches dans les haies pour envahir le village depuis plusieurs directions.
Les premières minutes de la bataille ne m’inquiètent pas. Protégé par le ressaut, je peux déployer sans crainte mes unités. L’infanterie marche calmement vers le haut de la colline, puis les quatre tanks y prennent position en défilement de tourelle afin de scruter les environs.
Allemand ! Mon Sherman à l’Est repère immédiatement un chasseur de char de type Jagdpanther, posté dans le village derrière une haie bocagère basse. Bien protégé, il pointe son canon en ma direction. Intouchable en raison d’un angle favorable, mon char attaque, obus après obus, mais peine à pénétrer ce blindage conçu pour favoriser les ricochets. Inébranlable, le Jagdpanther subit les tirs sans broncher, attendant que je m’expose davantage pour tirer.
Images 3, 4 et 5
3/ Mes unités passent enfin le ressaut. Pas d’ennemi à l’Ouest ni au centre, pas plus à l’Est excepté le Jagdpanther. Je donne l’ordre aux commandants des trois autres Sherman de sortir la tête pour mieux observer l’horizon, pendant que l’infanterie continue d’avancer.
Les balles fusent. Une rafale de mitrailleuse, puis une autre, en provenance d’un même endroit à l’Est. Le Jagdpanther ? Impossible. Un soldat est fauché, mettant en garde les autres. Les éclaireurs estiment enfin la présence du groupe de mitrailleurs, cachés derrière la haie bocagère à l’entrée du village.
4/ Peu après, une pluie meurtrière s’abat dans la même zone. Un seul soldat perdra la vie, mais c’est psychologiquement redoutable. Inquiet, je mets tout le monde à terre puis éloigne les sections les unes des autres.
5/ Las de gaspiller des obus sur le Jagdpanther, plus d’une vingtaine, je change de cible avec mon Sherman pour tirer en direction des mitrailleurs allemands. Pas certain de les tuer, mais la suppression générée me permet de rapidement gagner du terrain. Le Jagdpanther n’est pas un danger pour l’instant, son couloir de tir est trop étroit.
Images 6, 8 et 9
6/ À l’Ouest, c’est le calme plat. L’occasion d’envoyer des éclaireurs vers le bosquet en contrebas. Un second groupe de scouts, au centre, observe en parallèle le côté droit et l’arrière du même bosquet. Les minutes passent et toujours rien. Après une progression en tiroir effectuée par deux sections à l’ouest, toutes les troupes au centre avancent… toujours en rampant.
La pluie meurtrière au centre redouble d’intensité. Plusieurs victimes sont à déplorer, dont un éclaireur. Je freine malgré tout ma progression, apeuré par la traversée à découvert de tous ces champs. Avançons sur les côtés dans un premier temps…
8-9/ Retour sur le front Est ou je continue mon avancée pas à pas. Afin d’économiser les stocks du Sherman, les soldats se couvrent mutuellement, effectuant des tirs de suppression sur la première haie bocagère pendant que les autres avancent. La commande « cible légère » est ici intéressante pour maintenir longtemps l’ennemi sous pression sans dilapider les munitions.
NDLR : il n’y a pas d’image n°7.
Images 10, 11 et 12
10/ D’autres rafales de mitrailleuse me frôlent. Cette fois elles viennent du centre de Buron et semblent pouvoir toucher toute unité à proximité de la route. Étrangement, les tirs s’arrêtent de suite. Probable angle de tir une nouvelle fois étroit, mais je baisse par précaution les soldats éventuellement exposés puis garde le cap.
Première demande d’appui à l’Est, des tirs de mortiers en ligne derrière l’ensemble de haies. Je suis suffisamment loin pour me protéger d’un éventuel tir de repérage foireux, mais suffisamment près pour atteindre les haies à la fin du soutien.
11/ Profitant de mon erreur d’avoir arrêté temporairement les tirs de suppression pour grappiller du terrain plus vite, le mitrailleur allemand reprend ses attaques et blesse plusieurs soldats. Funeste récolte de ma gourmandise mal placée. Une fois les tirs reprogrammés, je passe au pas de course pour atteindre la maison à mi-chemin. Les échanges de tir sont intenses mais je prends rapidement l’ascendant. C’est à ce moment que le Jagdpanther obtient une fenêtre de tir. Il ne réussira heureusement guère plus qu’un pauvre clouage d’une unité mortier, qui reprendra sa course en suivant.
12/ Une seconde section QG prépare une deuxième salve de mortier, sur les haies au centre. Au mieux j’élimine du monde, au pire la fumée générée fera office d’écran pour avancer.
Images 13, 14 et 15
13/ A l’Ouest, c’est décidément le désert. J’ai pris le contrôle du bosquet et entame la manœuvre d’encerclement du village. Je prends cependant des mesures de sécurité et pilonne avec le Sherman au centre tout bâtiment suspect et toute haie douteuse.
La première équipe mortier commence à pilonner le secteur Est. Au même moment, le Sherman avance puis tire une nouvelle fois sur le Jagdpanther : l’obus pénètre enfin son blindage ! Le blindé est maintenant hors de combat. Ce dernier ne m’aura pas attaqué et je suspecte un endommagement du canon en début de partie. Admirez la précision de mon char et la quantité d’impacts accumulés.
14/ Décidément solide comme un roc, ce qui reste de l’équipe de mitrailleurs allemands fait feu sur la section à droite, neutralisant deux soldats, puis sur celle à gauche derrière le Sherman. Deux obus plus tard, la haie est libérée de l’occupation nazie. Au même moment, des tirs retentissent du village. Encore un mitrailleur.
15/ Je prépare maintenant l’assaut à venir, avec la planification d’une frappe à l’obusier dans le centre du village, puis une dernière au mortier plus à gauche.
Images 16, 17 et 18
16-17/ Nouvelle rafale. Cette fois sur le Sherman tout à l’Ouest. Effrayé, ce dernier recule et lancera des fumigènes, mais n’a heureusement subi aucun dégât.
L’ennemi est caché derrière des haies bocagères hautes, à côté du verger. Mes sections d’infanterie sur le secteur finiront donc leur progression en rampant, aidées par le second char qui déverse sa pleine puissance de feu sur la haie hostile. Plus de peur que de mal.
18/ Situation globale après 20 minutes de jeu.
Images 19, 20-21 et 22
19/ Il est maintenant temps d’avancer le reste des troupes, partiellement protégées par les fumées environnantes. Mes troupes épuisées ne peuvent que marcher, mais inutile de me presser vu le spectacle en face.
20-21/ La randonnée champêtre n’aura duré qu’un temps. Des tirs fusent depuis l’arrière du village, m’obligeant à séparer les troupes centrales en deux. La section du génie devra rejoindra l’Est, plus sûr, me privant ainsi de la possibilité de créer une brèche côté Ouest.
22/ C’est gênant, car c’est la seule possibilité de franchir les haies, trop denses pour être escaladées ou écrasées par un blindé. Je vais donc me frayer trois passages à l’explosif, mais tous à l’Est, puis je passerai par la route et les portails côté Ouest… Aparté tutoriel : pour créer une brèche, utilisez la commande « faire sauter » puis placez un point de passage de l’autre côté du mur ou de la haie.
Images 23 et 24
23/ Rappel : les unités collées aux haies peuvent voir et tirer à travers. Je ne m’engouffre donc pas dans ces parcelles à l’aveugle. Le seul risque serait la présence d’ennemis derrière la seconde ligne de haies, mais c’est un risque improbable et maîtrisé.
Deux brèches sont faites. L’équipe du génie à l’extrémité Est fait demi-tour puis se dirige devant la haie qui protégeait les mitrailleurs allemands pour préparer le troisième passage. Une section d’infanterie se chargera à leur place de prendre possession des lieux. L’autre équipe du génie pénètre en revanche dans la parcelle et se dirige vers la haie d’en face, accompagnée d’une section de mitrailleurs.
24/ Il pleut lourdement sur Buron. Pourtant le pire est à venir.
Images 25 et 26
25/ À l’Est c’est la catastrophe. Un tir de mortier vient de s’écraser sur l’exacte position de la section qui vient de passer la brèche. C’est une hécatombe : neuf victimes et un seul survivant. J’ai voulu aller plus vite que la musique en pénétrant avant l’horaire planifié et je paye cher le billet d’entrée. Le pire, c’est qu’il est fort possible que ce soit un tir de repérage de mon propre obusier…
26/ À l’Ouest, des tirs de mortier tombent et me forcent à charger. À moins que l’équipe en charge de l’obusier ait décidé de me jouer de sales tours, c’est un acte ennemi.
To be continued…
Pour plus d’informations sur Combat Mission – Battle for Normandy, voyez cette fiche sur Steam et celle-ci chez Matrix Games, puis dans nos archives, par exemple notre article Combat Mission Normandy – Commonwealth Forces : Les Britanniques en Normandie. Ou encore Combat Mission – Battle for Normandy : présentation du Vehicle Pack.

























