Quinzième extension majeure d’un jeu sorti il y a dix ans déjà, Domination ne propose pas de thème particulier, mais de revoir certaines grandes puissances disponibles dans le jeu et de leur apporter un nouveau contenu. Disponible depuis le 18 avril dernier, ce DLC est donc un pot-pourri plus qu’autre chose. Il est certes généreux et bien rempli, mais sa forme particulière rend sa critique difficile à faire. On se propose quand même d’en analyser les contours.
Des arbres de mission à foison
Le cœur de l’extension est constitué de nouveaux arbres de mission pour une douzaine de pays, essentiellement de grandes puissances (France, Empire Ottoman, Espagne, Chine…), mais aussi des États assez moyens en début de partie ou non encore créés (Russie, Prusse, Japon…). Il y en a donc pour tous les goûts, même si on se pose la question de certains choix. En effet, la Turquie des sultans, l’Espagne ou la France sont déjà des États très puissants qui n’avaient guère besoins de bonus supplémentaires, ce que sont, grosso modo, les missions. En effet, elles conduisent bien moins à des choix et transformations que dans Hearts of Iron IV, dont elles proviennent. Il s’agit plutôt de récompenses accordées une fois que certains critères ont été remplis.
Cela dit, les arbres ont été réellement revus, approfondis, nuancés et fouillés. Ils peuvent être ignorés, ou suivis. Dans ce cas, les scruter et les suivre peut conduire le joueur à plusieurs voies pour les pays choisis et à des développements historiques alternatifs. Pourquoi ne pas détourner l’Angleterre des mers et la réarrimer au continent, à ses possessions françaises ? Former l’Espagne avec l’Aragon ? Résister à la menace des Mandchous et conserver une chine des Ming ? Les nouvelles priorités peuvent aider le joueur à y parvenir en lui donnant des avantages s’il persiste dans ses voies.
Dans le cas contraire, suivre les aspects plus historiques lui permettra de bénéficier d’avantages pour y parvenir. C’est plutôt dans ce sens-là qu’il faut voir le travail fourni dans Domination au sujet des arbres de missions. Le moins qu’on puisse dire est qu’il est soigné. Les missions sont nombreuses, aident à dynamiser les milieux et fins de partie, d’autant plus que des événements contextuels assez présents renforcent l’immersion dans le pays pris par le joueur. Certaines puissances comme la Corée ou le Japon se révèlent vraiment plaisantes à jouer et même les grandes entités revues, dont les arbres refondus se marient assez bien avec le contenu des extensions précédentes, offrent un nouveau défi. On se plaira ainsi à rejouer l’Empire du Milieu si on possède le DLC Mandate of Heaven (voir ce test). Par ailleurs, sortir victorieux des guerres de religion et d’Italie en incarnant les Valois est un moment intéressant et difficile à jouer. Pari réussi, donc ?
Pas de vrai thème d’ensemble
Pas complètement. À côté de cela, il n’est rien de dire que le reste est très maigre. Le DLC rajoute des réformes gouvernementales, revoit le système des ordres, notamment en ajoutant des privilèges qu’on peut leur accorder. Cela pimente les parties, surtout pour le premier aspect, qui permet d’habiter mieux les derniers siècles. Quant au second, il est sympathique, mais on peut très bien passer toute une partie à côté, sans s’en occuper ou presque. Le reste est constitué d’unités militaires spéciales pour les pays concernés par les arbres de mission comme les Tercios espagnols ou les mousquetaires français. C’est toujours plus de spécialisation, ce qu’on appréciera, mais le système de combat reste le même et ses tares nous agacent chaque fois un peu plus. L’ajout de visuels et de musiques, très soignés, certes, fait plaisir à l’œil et aux oreilles mais n’ajoute rien de vraiment indispensable et, comparé à un Victoria III ou à un Crusader Kings III, le jeu commence à faire pâle figure, ce qui n’est que logique étant donné son âge respectable. Il faut donc bien être conscient de ce qu’on achète, sous peine d’être déçu.
Conclusion
Pour terminer, je dirai que Domination n’est pas un mauvais contenu, mais il est franchement évitable. Les arbres de mission sont une caractéristique sympathique, mais n’ont pas autant de conséquences sur les parties que ceux de Hearts of Iron IV. Ils ne justifient pas à eux seuls qu’on refasse des parties avec les pays concernés si on les a incarnés depuis peu. En revanche, on pourra en profiter pour se lancer vers des États non encore testés, ce que j’ai fait avec le Japon, ou revoir des pays qu’on n’avait pas sélectionnés depuis de nombreuses extensions. Ce fut le cas avec la France, que je n’avais pas jouée depuis huit ou neuf ans. La deuxième partie a été plaisante.

Pour plus d’informations sur Europa Universalis IV: Domination, voyez cette page sur Steam. Ainsi que les dev diary que vous retrouverez sur le wiki officiel.
























