Disponible depuis le 8 mai dernier, le pack d’extension Winds of Change est un ajout qui revisite une vingtaine de pays dans Europa Universalis IV pour surtout leur donner plus de profondeur, renouvelant les parties avec des États peut-être moins joués. Voici la troisième partie de cet AAR sur le thème des Incas.
Captures d’écran 13 à 16
La guerre débute donc à la fin de l’année 1538 sans que je l’aie réellement voulue. De plus, j’ai la très mauvaise surprise de voir que les deux principaux pays colonisateurs, la Castille et le Portugal se sont alliés sur mon dos ! Cela n’est pas toujours le cas, ces deux États étant généralement plutôt rivaux, tant dans la réalité historique que dans le jeu.
C’est donc une mauvaise nouvelle, d’autant plus qu’ils amènent avec eux une foule de dépendances coloniales et autres petites puissances comme la Navarre, ce qui laisse augurer du pire. Sur le papier, leurs forces sont bien plus importantes que les miennes, à la fois de manière terrestre et navale. Impossible de prévenir un débarquement ou un blocus.
De plus, je peux craindre des attaques dans toutes les directions, depuis le Brésil, mais aussi le Golfe du Mexique. Il ne paraît pas envisageable de gagner de manière frontale, s’ils m’attaquent en force. Je décide plutôt de laisser l’ennemi s’épuiser, quitte à ce qu’il s’enfonce loin dans mes terres.
Si le jeu permet trop facilement à des troupes gagnées par l’usure de retrouver des forces, au mépris de l’idée de lignes de ravitaillement, cette stratégie est plutôt payante. Durant cette guerre, l’adversaire ne se coordonne heureusement pas. Il arrive de manière dispersée, les unités – fortes de quelques milliers d’hommes – se présentant de manière successive. Je peux donc concentrer mes forces et vaincre, non sans mal, leurs armées les unes à la suite des autres.
Ce conflit dure quand même des années. En 1541, je défais heureusement une armée ennemie mal commandée près de ma capitale, ce qui envisage de faire la paix ans de bonnes conditions. Je m’autorise même quelques incursions sur le territoire adverse, vers le Rio de la Plata. Ainsi, en mars 1542, la guerre est gagnée par les Incas et le Portugal, son instigateur en accepte les termes. Je remporte, contre toute attente, la victoire, ainsi que quelques profits substantiels.
Je n’aurais jamais cru arriver jusque-là, mais l’alliance hispano-portugaise me fait craindre le pire pour la suite. De plus, cette belle victoire a été permise en recourant à l’emprunt et cela coïncide avec une phase de troubles intérieurs malvenus. L’empereur meurt ainsi en 1543 et sa succession est difficile. Les rebelles se révoltent dans de nombreuses provinces.
Captures d’écran 16 à 19
De plus, le contact avec les Européens amène des maladies jusque-là inconnues en Amérique. Historiquement, c’est ce « choc microbien » qui a autorisé la conquête si « facile » des conquistadors. Sans qu’ils l’aient vraiment voulu, certaines régions ont été dépeuplées des autochtones, jusqu’à 90% de morts du fait de virus inconnus des défenses immunitaires américaines. Je renvoie au bel ouvrage de Christian Grataloup que je citais précédemment et qui explique cette phase remarquablement bien. En termes de jeu, cela se traduit par d’importants malus qui se cumulent avec le reste.
Je parviens quand même à redresser un peu la tête au début des années 1550. Je mène à bien de nombreuses missions qui me donnent de vrais bonus, que je réinvestis dans l’économie. Je réussi aussi à renforcer mes armées dans la limite de mes capacités et gagner quelques nouvelles provinces. Les maladies parviennent peu à peu à être combattues, mais l’épée de Damoclès que représente mes voisins demeure. Ainsi, peu après le retour de la prospérité, Espagne et Portugal m’attaquent à nouveau. Je ne sais pas si l’ordinateur a appris de ses erreurs, mais cette fois le choc est immense : plus de 60.000 adversaires déferlent sur mes possessions, en même temps.
Je le disais dans la première partie, c’est tout simplement impossible en termes historiques. Envoyer tant d’hommes au-delà des mers aurait coûté trop cher, et trop seraient morts de maladie. Ainsi, dans son beau livre sur la fin de l’Amérique espagnole, Gonzague Espinosa rappelle que la plus grande expédition militaire de l’Espagne à destination de ce continent a eu lieu en 1815. Elle ne comportait « que » quarante-deux navires et douze mille soldats. Très loin de ce que j’affronte. Certes, il s’agit d’un jeu, mais les formidables coût et attrition que représentaient la traversée de l’Atlantique y sont mal configurés. Ainsi, je suis incapable de faire face à cette marée. Même en essayant plusieurs fois, en concentrant toutes mes forces dans un même lieu, je ne parviens qu’à gagner un peu de temps.
Un bug a empêché, hélas, des captures d’écran de cette catastrophe mais je préfère m’arrêter là. L’ennemi m’a conquis quelques provinces et je n’y vois que le prélude à la fin. Impossible de se relever et de faire face à ces puissances toujours plus fortes. Le gouffre entre la première guerre, gagnée et celle-ci est trop important.
Je garde à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’une expérience unique. D’autres joueurs ont sûrement réussi à repousser les Européens mieux que moi. Qu’ils n’hésitent pas à partager en commentaire leur récit de partie. Il n’en reste pas moins qu’il était plaisant de jouer avec les Incas, même si la fin a été brutale !

La première partie de cet AAR se trouve par ici. La seconde partie se trouve elle ici. Pour plus d’informations sur Europa Universalis IV: Winds of Change, voyez cette page sur Steam, ou celle-ci chez l’éditeur.






