Disponible depuis le 15 octobre dernier, Battle for the Bosphorus est le troisième Country pack proposé pour Hearts of Iron IV. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’une extension majeure, mais d’un DLC concentré sur la refonte de quelques pays précis. En l’occurrence, ils sont situés aux alentours du Bosphore comme le nom l’indique. La Turquie, la Bulgarie et la Grèce sont ainsi concernées. Ce sont trois pays dont les arbres de priorités ont été revus, et qui ont été dotés de mécaniques de jeu uniques.

 

Le choix peut paraître étonnant, quand on sait que l’URSS et l’Italie n’ont pas été travaillées depuis le début, et que d’autres pays comme le Brésil ou l’Argentine auraient pu être choisis, à la suite du Mexique dans une précédente extension. Toutefois, on imagine que les deux premiers seront traités dans une extension majeure et on choisira de se prêter au jeu en se disant que des rives de la mer Noire à la Méditerranée, il y a de belles possibilités de jeu.

La Grèce

La structure de l’extension se prête tout particulièrement à une présentation successive des trois pays refondus, qui bénéficient tous d’ajouts cosmétiques (unités, portraits) et sonores (voix, de nouvelles musiques). Le premier est la Grèce, terre de montagnes aux capacités industrielles et militaires très limitées en 1936. A première vue, je me suis demandé comment il allait être possible de jouer avec un pays aux moyens aussi étroits et grevé de tant de malus en début de partie. En fait, on retrouve avec un immense plaisir ce système de priorités nationales qui permet vraiment une partie trépidante pour peu qu’on prenne le temps d’étudier l’arbre très fouillé qui s’offre à nous. Je passerai très vite sur les branches « alternatives » (Grèce communiste, nouvel Empire Byzantin) que je ne joue jamais pour me concentrer sur l’historique. À chaque joueur de trouver son propre plaisir évidemment.
En ce qui me concerne, j’ai apprécié les nouvelles possibilités données par les priorités et les décisions disponibles. Le joueur peut réellement faire de la Grèce une puissance défensive, avec une industrie correcte et une mobilisation tout à fait honorable.

 

Hearts of Iron IV – Battle for the Bosphorus
Atatürk est toujours président en 1936, mais il faut d’entrée de jeu gérer la succession de cet homme malade et vieillissant.
Hearts of Iron IV – Battle for the Bosphorus
Première tâche, remilitariser les détroits et desserrer l’étau de la dette.
Hearts of Iron IV – Battle for the Bosphorus
Difficile de se débarrasser des oppositions internes, tout n’est pas toujours clair.
De plus, il y a plusieurs oppositions différentes !
J’ai choisi la voie historique.
Le système d’investissement marche plutôt bien.

Construisant une ligne de fortifications de Thessalonique à Corfou, renforcé par les troupes du Commonwealth, j’ai réussi à tenir tête aux forces germano-italiennes, contre-attaquer en Bulgarie et finir contre les Japonais en reprenant l’Inde. Avec près de 70 usines et plus de 50 divisions en août 1944, j’ai vraiment mesuré le potentiel de jeu que donne le DLC avec la Grèce, sans non plus qu’elle ne devienne imbattable. Suivant ses envies, le joueur peut réellement en faire une puissance régionale capable de soutenir l’Axe, les Alliés voire de mener sa propre barque. À titre personnel, j’ai eu toutefois la chance de voir l’Axe ne pas envahir la Yougoslavie, ce qui a raccourci le front que j’avais à défendre.

La Turquie

Sauvée des ruines de l’Empire Ottoman par Atatürk, la Turquie est le second pays revu, un pays qui reste marqué par de profondes divisions internes en 1936. Le président est vieillissant, sa politique de laïcisation n’est pas acceptée par tous, une dette obère ses capacités financières et la révolte gronde dans les provinces à peuplement kurde majoritaire, au sud-est. Inutile de dire que la Turquie n’est pas facile à jouer ! C’est même le plus difficile des trois puissances ai-je trouvé. Le pouvoir politique et les réserves en hommes fondent littéralement dans la lutte contre les résistances intérieures et la réduction de la dette quelle que soit la voie choisie. Le joueur va passer les premières années à s’en sortir avant de réellement développer son potentiel industriel et militaire.

Heureusement, en milieu de partie des accords avec les pays alliés, l’Axe ou l’URSS permettent la mise au point d’une base d’usines et d’équipement militaire très correcte. On atteint sans peine la soixantaine de divisions équipées rustiquement mais de manière acceptable vers 1943. Il devient ensuite possible de peser localement, que ce soit du côté des Alliés ou de l’Allemagne : attaquer dans les Balkans ou en direction de la Palestine et du Caucase selon la voie choisie peut changer la donne, pour peu que l’on ait des troupes en réserve capables de protéger les très longues côtes où un débarquement est une éventualité très probable. Les plus habiles (téméraires ?) pourront même tenter de faire revivre le vieil empire disparu après la Première Guerre mondiale. Le pays est donc intéressant à jouer, sa position géographique est stratégique, même s’il n’est pas si simple que cela à prendre en main.

La Bulgarie

Troisième et dernier pays, la Bulgarie. Grande vaincue de 1918, ayant perdu de nombreux territoires et marquée par des restrictions militaires comme une situation politique interne très complexe. Le joueur devra d’abord la stabiliser par le biais de priorités et de décisions à surveiller sous peine de révoltes (choisissiez soigneusement la branche à suivre). La tâche est à mon sens plus simple que pour la Turquie. Le joueur pourra ensuite réaliser son réarmement et augmenter ses capacités militaires. Un système intéressant permet de recouvrer les terres réclamées dans les Balkans auprès de ses alliés sans trop de heurts et de bénéficier d’un potentiel tout à fait acceptable en milieu de partie.

La Bulgarie se révèle un pays finalement très intéressant à jouer. On en apprend plus sur sa position particulière pendant la Seconde Guerre mondiale et elle peut faire un brillant second, une vraie puissance régionale en cas de partie réussie. Toutefois, dans les trois cas il faut bien admettre qu’il ne s’agit pas de grandes puissances. Le joueur reste grandement tributaire de l’évolution générale des fronts, sur laquelle il peut avoir une certaine prise, mais pas totale vu la faiblesse relative de ses moyens. L’IA est ainsi très agressive je trouve, bien plus qu’au début de l’existence du jeu, et débarque volontiers sur vos arrières dès 1941-42, contraignant à laisser d’importantes troupes défendre les côtes. Elles se retrouvent ainsi indisponibles pour d’autres tâches et en jouant des pays aux ressources humaines limitées, comme les trois concernés, il devient difficile de tirer son épingle du jeu. Néanmoins, la Bulgarie, comme les autres, n’est pas dénuée d’intérêt et le joueur intéressé par ce pays devrait y trouver son compte.

Dans cette partie j’ai rejoint les Alliés.
Une première armée progresse en Bulgarie.
La seconde se bat contre les Italiens dans la Corne de l’Afrique.
Puis contre Vichy en Afrique du Nord.
La Grèce bénéficie de réelles potentialités de développement.
Il faut d’abord se débarrasser de sa dette.
Dans cette partie, j’ai suivi la voie historique.
Et rejoint les Alliés, pensant ne tenir que quelques semaines.
Le pays peut essayer de retrouver les terres peuplées de Grecs.
Ma grande chance est que l’Albanie a été neutralisée par les Britanniques et que la Yougoslavie a été laissée intacte dans cette partie.
Une stratégie défensive est possible.
J’ai abandonné la Thrace indéfendable et me suis concentré sur une ligne de défense au maximum.
Rapidement, j’ai ramené mes troupes dans le Nord-est et laissé une dizaine de divisions pour contrer les nombreux débarquements italiens.
Les Alliés ont été très agressifs dans cette partie et j’ai pu passer à l’offensive assez vite.
Je libère peu à peu la Thrace.
Et finis par aider les Alliés contre les Japonais.
Avec la Bulgarie, il faut très vite neutraliser les mouvements politiques hostiles à la voie choisie.
De nombreuses décisions vont vous y aider.
Un travail souterrain est possible pour déstabiliser les pays voisins et récupérer les terres revendiquées.
Peu à peu les malus disparaissent.
Ainsi que les oppositions.
La voie historique permet une certaine expansion.
Au détriment de ses voisins.

Pour plus d’informations sur Hearts of Iron IV: Battle for the Bosporus, voyez cette page sur Steam.

Notes
Multimédia
85 %
Interface
80 %
Gameplay
75 %
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hearts-of-iron-iv-battle-for-the-bosphorus-des-rives-de-la-mer-noire-a-la-mediterranee<b>Multimédia</b> : le jeu reste très fin et fluide, des ajouts cosmétiques et musicaux de qualité viennent renforcer l’immersion. .<br /> <b>Interface</b> : rien de très nouveau, c’est un country pack sans grands ajouts. On notera une grande utilisation de l’onglet des décisions..<br /> <b>Gameplay</b> : de nombreux pays bien plus intéressants à jouer qu’avant, des arbres très fouillés. On aurait apprécié un quatrième pays comme l’Iran.<br /><br /> Battle for the Bosphorus n’est donc pas un mauvais contenu en soi, il offre de réelles possibilités de jeu avec des pays qu’on avait sans doute peu joués jusque-là. Les arbres sont assez détaillés pour qu’on y revienne à plusieurs reprises avec le même État sans ennui. Les amateurs de parties a-historiques seront aussi ravis par les développements permis. Toutefois, c’est un country pack qui n’offre aucune amélioration d’ordre général et vous pouvez très bien faire une croix dessus si vous n’avez aucune envie de jouer les pays considérés. Je pense tout de même qu’il aurait été possible de rajouter l’Iran voire l’Irak à ce DLC, pour un peu plus justifier le prix assez élevé (10 euros). En espérant aussi de vraies refontes pour l’Italie et l’URSS dans une future extension majeure.