L’arrivée de la cinquième extension majeure de Hearts Of Iron IV ? Reprenant le début d’une phrase du Chant des partisans, j’annonce dès à présent la couleur. L’extension dont il s’agit entend développer plus en profondeur tout ce qui concerne les résistances à l’occupation d’une autre puissance, le renseignement, l’espionnage. Mais nous donne également de bien plus complètes mécaniques qu’avant pour l’Espagne et le Portugal, ainsi que revisite l’arbre des priorités de la France. À première vue, ce n’est donc pas un maigre contenu qui nous attend, ce que nous allons décrypter ensemble.
 

Tout d’abord notons aussi l’arrivée en même temps du patch 1.9 Husky, lui gratuit et qui sera ultérieurement détaillé.

L’Espagne revisitée

L’une des grandes composantes de cette nouvelle extension est la refonte totale de l’Espagne et de sa guerre civile. Suivant le camp choisi, nationalistes ou Front Populaire, vous passerez maintenant une bonne partie de l’année 1936 à vous préparer à cette dernière via le menu des décisions. Certaines permettent de hâter le début de cette guerre, ou au contraire de la ralentir, d’autres de cacher des armes, de vous assurer de la fidélité de certaines troupes… Pour peu qu’on ait sauvegardé souvent pour éviter certaines erreurs, et fait les bons choix, on est assuré d’une bonne position de départ au moment du début des combats. Les offensives elles aussi devront être préparées via les décisions adéquates sous peine de catastrophes. Ensuite, la participation des divers pays à cette guerre se négocie via décisions et arbres de priorités, et en jouant les pays concernés (France, Italie, Allemagne…). Dans ce dernier cas, vous pouvez vous aussi participer plus directement (ou non) au conflit, toujours via des décisions.

C’est vraiment heureux et renforce le côté de « répétition générale » dont on s’est rendu compte après 1939 de ce conflit. Jusque-là, cet aspect était très léger, mais il faudra prendre en considération vos propres situations. Engager la France dans la guerre ne serait pas sans répercussions par exemple.

 

Aperçu du nouvel arbre portugais
Le pays est au début divisé.
Peu à peu les priorités permettent de se redresser.
J’ai recruté un premier agent pour du contre-espionnage.

Par contre, si les arbres de priorité nationaliste et républicain sont très fouillés, on ne peut en fait tout faire. Je vous conseille de privilégier les priorités permettant de retarder « la guerre civile dans la guerre civile » comme l’appellent les historiens. C’est-à-dire, côté républicain, la sécession des anarchistes en pleine guerre. Côté franquiste, les développeurs ont fait le choix de faire de même avec les Carlistes, monarchistes alliés de circonstance à Franco mais suivant leurs propres intérêts. C’est très réaliste car les historiens comme Bartolomé Benassar (je présenterai ses livres bientôt) ont bien montré que les deux camps de la guerre civile étaient divisés. Toutefois, c’est aussi très handicapant si vous faites les mauvais choix car vous vous retrouvez avec des ennemis sur vos arrières alors que votre faction est déjà en guerre. J’ai dû relancer plus d’une fois, ayant manqué de temps.

La guerre civile gagnée, il faudra reconstruire votre pays et décider de son sort… Neutre (mais quel intérêt à jouer alors ?), proche des Alliés, de l’Axe ou de l’URSS ? Chaque configuration promet de belles parties et j’ai autant aimé jouer une Espagne soviétisée tombant sur le dos des Allemands via les Pyrénées qu’une Espagne franquiste aidant à s’emparer de Suez ! Reste que reconstruire son pays est plus facile avec les nationalistes que l’autre camp, car les priorités sont à mon sens plus avantageuses pour eux.

Cette reprise de l’Espagne est une vraie réussite en tout cas et offre énormément de configurations possibles pour de longues heures de jeu.

De nouveaux arbres de priorité

Deux autres pays obtiennent de nouveaux arbres de priorité : la France et le Portugal. Ce dernier peut développer l’Estado Novo du dictateur d’inspiration fasciste Salazar, rétablir la monarchie ou basculer vers le communisme. Si l’on suit la première voie, historique, il est également possible d’en diverger quelque peu en rejoignant l’Axe ou les Alliés, mais il faut auparavant aligner votre idéologie sur le chef de faction-cible. Cela promet quelques défis intéressants, notamment si l’on parvient à envoyer des troupes en Afrique. Hélas le pays reste isolé géographiquement et aux ressources limitées, bien qu’on puisse les développer grâce aux nouveaux arbres. Ainsi le développement de l’Angola et du Mozambique offre-t-il d’intéressantes perspectives. Restaurer la monarchie permet aussi une hypothétique union avec le Brésil, assez improbable historiquement, mais ce sera au joueur de tenter ou non.

Il n’en reste pas moins que jouer le Portugal se révèle beaucoup plus intéressant qu’avant, même si certains objectifs comme s’étendre contre l’Espagne ou la Chine paraissent assez invraisemblables.

La France aussi est revisitée, et c’est heureux. Depuis que je joue à ce jeu j’attendais cela car je trouve que c’est un pays toujours maltraité dans cette série. Il est très difficile de la jouer, car sa situation politique est instable et démarrer en 1936 est trop proche du début historique de la guerre pour vraiment la réformer en profondeur. On passera rapidement sur une branche présentant un hypothétique retour de la monarchie, historiquement plus très crédible à cette date. J’apprécie plus la possibilité de recréer réellement la Petite Entente, ces alliances avec les pays d’Europe centrale et Orientale, et de tenir tête à l’Allemagne en 1938. Là, on refuse Munich et on vient en aide à la Tchécoslovaquie. Je l’ai fait non sans un certain succès, mais le Royaume-Uni a refusé de m’emboîter le pas, ce qui est bien dommage. Mais cela change d’une partie sur l’autre…

Hélas, les priorités sont presque trop nombreuses : le joueur n’a absolument pas le temps de jouer sur tous les tableaux (développement économique, redressement politique, militaire…) et devra opérer des choix drastiques. La France en ressort bien plus intéressante qu’avant, mais reste difficile à jouer à mon sens. Toutefois, on se consolera en essayant de jouer la France Libre ou Vichy, qui disposent de leurs propres arbres à présent, même s’ils sont, a contrario aussi peu développés que l’arbre principal est dense.

Développer les colonies est un bon levier pour le Portugal.
Le Portugal est redevenu un royaume.

 

Je tente de refaire vivre la monarchie portugaise. Ce sera obtenu au prix d’une guerre civile.
Comptez bien votre poids politique pour peser sur les garnisons.

La résistance et l’espionnage

La collecte de renseignement et les missions d’espionnage, qui avaient fait les grandes heures de l’extension Doomsday pour le deuxième volet de la série font leur grand retour. Cette fois de manière beaucoup plus détaillée. Contre l’utilisation momentanée de quelques usines civiles, on devra d’abord créer son bureau de renseignement. Ensuite, développer ses différentes branches et recruter ses agents. Ceux-ci peuvent lutter contre la résistance, faire du contre-espionnage, de la propagande, et surtout monter des opérations en terrain ennemi. Selon leurs capacités et celles du réseau adverse, il sera possible d’infiltrer les administrations et forces armées d’en face, pour collecter des données quantitatives et faire de vraies opérations de sabotage. Chaque agent a sa personnalité, son histoire, certains ont des noms historiques comme Richard Sorge, le soviétique. Ils progressent, avec l’aide du bureau et du développement de ses branches, mais peuvent être arrêtés voire tués.

La micro-gestion qu’on pouvait craindre n’est pas trop présente et ce nouvel aspect du jeu est vraiment intéressant. On ne pourra le négliger sous peine de voir ses capacités à connaître l’ennemi limitées et les agents ennemis infiltrer son propre pays, pour lui nuire. De plus, décrypter les codes ennemis, comme historiquement, permet d’acquérir un avantage limité mais qui peut être décisif en termes de combat. On regrettera juste que les branches des bureaux de renseignement ne soient pas assez variées et que toutes les actions de développement de l’espionnage utilisent des usines civiles. Je ne vois pas trop le rapport avec le renseignement… Ne pourrait-on pas voir le retour d’une nouvelle ressource, l’argent, déjà présente dans le deuxième volet du jeu ? Il servirait aussi au commerce et aux technologies… Rappelons que l’importation de matières premières manquantes immobilise aussi des usines civiles, ce qui est étrange.

J’ai dit que les agents pouvaient influer sur les capacités de résistance. En effet, et ce volet a été revu. Désormais ce sont des unités hors-carte qui sont présentes dans chaque province et luttent contre la résistance dans les territoires non-nationaux que vous occupez. Il est possible de varier le type d’unité et la politique de répression employée, d’un pouvoir civil accommodant à une main lourde toute militaire. Chaque choix donnera ses avantages en termes de ressources, de développement des forces de résistance à votre présence. Ne les négligez pas, elles peuvent saboter des précieuses usines et infrastructures ! Le nouveau système est indolore, fonctionne bien et on y prêtera paradoxalement peu d’attention, car le joueur n’a pas grand-chose à faire. Il est tout de même possible d’utiliser ses agents pour préparer la venue de gouvernements de collaboration qui vous obéiront, et pour développer la résistance sur un de vos territoires occupé par l’ennemi. Cela marche donc dans les deux sens, ce qui est bienvenu.

Le mécanisme menant à la guerre civile est lancé.
Arbre des priorités pour l’Espagne.
On peut voir les préparatifs ennemis, c’est une bonne chose pour s’adapter.
Il faut planifier ses offensives…
… sous peine de malus très importants.
Le deuxième bureau français est opérationnel. C’est un nom historique.
Une partie de l’arbre des priorités pour la France.
J’établis un réseau de renseignements en Allemagne.
L’intervention dans la guerre civile espagnole est très fouillée.
Je déstabilise peu à peu l’Allemagne.
Le décryptage va être long, à moi d’améliorer sa capacité.
J’infiltre l’administration.
On peut recruter un agent étranger, qui sera plus efficace dans son pays d’origine.
On mesure l’importance du décryptage.
Je recrée la petite entente.
Septembre 38. Je refuse Munich et envahit l’Allemagne.
Les combats sont rudes mais je perce.
L’Estado Novo est refusé dans les Alliés… Pas illogique, mais la partie perd de son intérêt.
Le Portugal est aux premières loges de la guerre d’Espagne.
L’Allemagne soutient les nationalistes espagnols.
La guerre va vite prendre fin. Les anarchistes catalans se sont révoltés, me facilitant le travail.
La Catalogne est vite réduite.
Rebâtir le pays va être très long.
Il faut éradiquer la résistance des régions républicaines et les réintégrer dans la nation.
La France de Vichy me cède l’Afrique du Nord.
J’envoie des volontaires sur le front de l’est, comme historiquement.
D’autres se battent en Afrique.
Petit essai avec la Yougoslavie, qui possède son propre arbre. Un pays intéressant à jouer.
On peut libérer ses espions capturés.
Autre essai avec les républicains espagnols.
Le pays va sur la voie communiste.
Les espions éliminent la résistance nationaliste, mais rebâtir le pays est long.
L’Islande qui rejoint l’Axe… Une des bizarreries du jeu.
L’Espagne communiste rejoint l’URSS et attaque l’Allemagne dans le dos.
Richard Sorge, un espion historique.
Notes
Multimédia
80 %
Interface
80 %
Gameplay
75 %
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hearts-of-iron-iv-la-resistance-ami-entends-tu<b>Multimédia</b> : les nouveautés liées à l’espionnage et au renseignement s’intègrent très bien dans l’ensemble, ainsi que les particularités des nouveaux arbres de priorité. Le jeu reste fin, et fluide, mais moins à partir de 1941-42.<br /> <b>Interface</b> : aucun problème à signaler, les nouveaux onglets sont rapidement maîtrisés et il est possible de filtrer les arbres de priorités, car certains deviennent très « touffus ». <br /> <b>Gameplay</b> : de nombreux pays bien plus intéressants à jouer qu’avant, notamment l’Espagne et le Portugal. Mais trop de choix masquent en fait les priorités importantes à suivre sous peine de perdre. On aimerait aussi plus de temps pour développer la France. L’espionnage ne devra pas être négligé sous peine de mauvaises surprises. <br /><br /> La Résistance est une bonne extension, vraiment. Développer ses réseaux de renseignement et gérer les territoires adverses occupés amène une nouvelle profondeur au jeu. D’autant plus que vos agents peuvent influer sur les mouvements de résistance, ce qui lie deux aspects du DLC. La guerre civile espagnole est également très bien modélisée, bien qu’il faille faire très attention aux choix retenus dès le début. J’ai été moins convaincu par le Portugal qui peine à trouver sa place dans le jeu. De plus, si j’ai apprécié le nouvel arbre français, je trouve que ce pays manque de temps en termes de jeu. L’arbre est très fouillé et on peine à vraiment sortir de l’instabilité avant 1939. Pour vingt euros, il y a de quoi faire. En espérant également plus de profondeur pour l’Italie voire l’URSS dans une prochaine extension, et pourquoi pas un développement d’autres pays « mineurs » intéressants à jouer comme le Brésil, la Turquie ou encore la Perse.