La conférence Home Of Wargamers 2014 qui a eu lieu cette semaine en Italie fut l’occasion, comme c’est le cas chaque année depuis trois ans déjà, de découvrir d’une part de nombreuses nouveautés à venir ces prochains mois et d’autre part de rencontrer une bonne partie des différentes personnes contribuant à cet ensemble. C’est aussi l’occasion d’affirmer une fois de plus que le groupe Matrix-Slitherine-Ageod est bel et bien le premier éditeur de jeux de stratégie informatiques.

En guise de préambule à nos prochains articles, ouvrons ici une parenthèse sur un point important. Pourquoi le groupe Slitherine est-il aujourd’hui le meilleur éditeur de jeux de stratégie sur PC ? Non pas pour d’obscures histoires de chiffres (certes en augmentation constante, +38 % pour la dernière année fiscale), que ce soit en nombre de ventes ou de références au catalogue. Non, chacun sait qu’on fait dire aux chiffres ce que l’on veut, et que sauf exceptions, ce n’est pas la quantité qui fait la qualité. Tout simplement car il s’agit du seul éditeur proposant une palette croissante et variée de vrais jeux de stratégie, allant de jeux faciles et rapides à jouer, idéals pour qui n’a pas beaucoup de temps ou souhaite simplement s’initier aux wargames, à des jeux aux gameplays plus complexes et élaborés, condition sine qua non pour simuler la myriade de facteurs intervenant lors d’une bataille ou d’une guerre. Simulation précise et rigoureuse qui est le socle de tout wargame digne de ce nom.

Ajoutons que les jeux du groupe Slitherine continuent de plus en plus d’être déclinés sur les différents supports informatiques en vogue. Le PC restant en tête bien sûr, mais pour qui joue avec une tablette d’Apple, il sera par exemple bientôt possible d’envisager d’utiliser désormais un iPad pour se plonger dans un vrai wargame comme Gary Grigsby’s World at War ou Commander – The Great War. Deux jeux éprouvés qui ne sont plus des nouveautés mais qui étaient cantonnés depuis leur sortie à une utilisation sur un ordinateur portable ou de bureau, donc deux jeux moins enclins à être joués en déplacement ou dans le salon.

Quant à ceux qui préfèrent la facilité de gérer une ludothèque sur Steam, bonne nouvelle, les têtes de pont que furent Panzer Corps et Battle Academy y ont ouvert la voie au débarquement prochain de renforts (26 références pour l’instant, 3 nouvelles sont prévues chaque mois). Tous les jeux ne sont certes pas encore jouables sur tous les supports, mais il y a indéniablement un effort conséquent fourni ici pour élargir l’accès aux wargames. Est-ce une stratégie commerciale pour s’appuyer sur une tendance ou compenser la diminution des ventes de jeux en boîtes, oui, évidemment. Mais Slitherine a aujourd’hui des relations de travail avec pas moins de 120 équipes de développement, vous imaginez ce que cela implique. Est-ce une opportunité pour mettre à portée de main, et de bourse selon les cas, des jeux d’un genre plutôt aux antipodes de la consommation de masse, oui, probablement aussi.

Quiconque a découvert les wargames à l’époque difficilement imaginable aujourd’hui où il fallait aller chercher à pied, en bus ou en voiture, une grande boîte en carton, puis trouver un endroit où déployer sur une grande table une grande carte en papier, découper à la main des planches en carton pour créer de nombreux petits tas de pions, et une fois cela fait, devoir digérer un bon paquet de pages de règles subtilement obscures et bien sûr imprimées en petits caractères ; puis ceci accompli, fallait-il encore avoir un, deux ou trois copains avec qui partager ce plaisir. Quiconque a connu cela se souvient qu’avec l’habitude et en s’organisant un peu, tout pouvait s’enchainer relativement bien. Pas tous les jours mais avec un peu de patience, le jeu en valait la chandelle. Certains wargames sont certes moins encombrants que d’autres, spécialement ceux à l’échelle tactique, sauf si vous y jouiez avec plein de figurines, en plomb ou en plastique … Bref, hormis certains évènements impondérables tel un chat trop curieux ou un brusque coup de vent qui pouvait menacer la finalisation d’une offensive ayant nécessité des heures de mouvements méticuleux et de réflexions, en général, au calme, à l’abri dans un local, une cave, ou un grenier, les esprits pouvaient se concentrer sur l’essentiel : la stratégie à adopter au milieu de tous ces paramètres.

Quand bien même cela serait son but, le wargame informatique ne pourra pas avant très longtemps encore vraiment supplanter le wargame classique, et ce pour une très simple raison : la taille des écrans. Il n’y a en effet toujours pas pour le grand public d’écrans de la taille d’une table de salle à manger. Au mieux quelques chanceux peuvent accéder à un écran de la taille d’une petite table de salon, matériel sur lequel on ne peut faire fonctionner qu’un nombre limité d’applications. Bien sûr, sur un écran informatique d’une grosse vingtaine de pouces, on peut très bien zoomer ou dézoomer à volonté, mais cela n’est jamais la même chose qu’avoir une vue complète de la situation. Surtout pour les grandes batailles. Passons.

Le wargame informatique complète néanmoins très bien son aïeul sur papier en facilitant grandement les rendez-vous en multijoueurs, en améliorant avec une bonne interface le temps d’assimilation des régles, et en diminuant le nombre d’actions du joueur, l’ordinateur se chargeant de la basse besogne consistant à jeter les dés, calculer les résultats, et bouger les pions (qui n’ont pas besoin d’être délicatement découpés ni rangés dans des petites boîtes bien fermées – faites tomber une boîte pleine de pions que vous venez juste de trier, vous comprendrez). Cerise sur le plateau, l’ordinateur ajoute une couche sonore agréable, et surtout, bien sûr, de beaux graphismes animés. Au hasard, des explosions qui viendront flatter le regard. Les fans de la série Close Combat seront d’ailleurs très heureux dans quelques semaines quand arrivera le prochain volet, Gateway to Caen, puis dans quelques mois quand Close Combat passera enfin en 3D…

Ajoutons encore une dernière évidence, même si le sujet sera comme pour celui de la taille des écrans encore pour longtemps une limite majeure pour les wargamers, en l’absence d’adversaires à sa hauteur, un wargame informatique permet quand même de jouer seul, face à une IA. Intelligence Artificielle dont nous avons déjà parlé et dont nous reparlerons à l’avenir, IA qui ne peuvent que difficilement tenir tête à un joueur aguerri, mais qui à l’inverse font de très bons professeurs pour un joueur occasionnel ou un débutant.

Débutants qui assureront la relève mais qui ont paradoxalement plus encore aujourd’hui qu’avant à trouver comment, seuls face à un petit écran, comprendre et jouer à ces jeux profonds, passionnants et mystérieux. Mais très abstraits. Pourtant un wargame est aussi simple qu’un jeu d’échecs, sauf que l’échiquier fait au minimum 600 cases et que dans chaque camp il y a au bas mot plusieurs dizaines d’unités. Un peu moins si l’échelle est tactique, un peu plus si l’échelle est stratégique (et beaucoup plus si l’on rentre dans le détail des troupes à l’échelle opérationnelle …).

S’initier seul aujourd’hui aux joies du wargame sur PC demande toujours autant si ce n’est plus de motivation qu’avant, et même si l’on est deux ou trois à s’aventurer virtuellement ensemble en multijoueurs, un wargame sur PC est systématiquement plus pratique mais moins convivial que son équivalent sur une table. Plus de wargames informatiques offrant des degrés de complexité différents, plus d’accessibilité selon le matériel et la disponibilité de chacun, et des prix susceptibles de s’adapter périodiquement à toutes les bourses, tout ces petits avantages additionnés l’un à l’autre permettent à plus de vétérans de retrouver le temps et le plaisir des parties d’antan, ainsi surtout qu’à plus de néophytes d’avoir l’occasion de découvrir et d’apprendre, à leur rythme, quels sont ces étranges plaisirs vidéoludiques.

En théorie Internet abolissant les distances il multiplie les chances de trouver un partenaire de jeu correspondant à ses attentes et à son niveau. En pratique, hormis certains groupes très soudés via des forums mais pouvant intimider car comme tout environnement virtuel un forum n’a pas la convivialité d’une vraie réunion entre amis et invités, en pratique devant la pléthore de choix offerts sur ordinateurs et face à certains rouleaux compresseurs tendant à tort à niveler par le bas les choix possibles, il n’est donc pas toujours plus aisé aujourd’hui de s’ouvrir à ce loisir exigeant. Spécialement pour un jeune public il est souvent plus tentant de compenser, autrement, plus rapidement, là où on n’aura pas trop l’impression de se retrouver presque seul et ou au moins si l’on se pose une question, quelqu’un pourra donner si ce n’est une réponse, une ou plusieurs pistes à suivre.

Un ordinateur est tout aussi efficace qu’il est frustrant quand il ne sait pas répondre à des questions simples. Quand on joue à un wargame, au début les questions fusent. Et si je fais ça, quelle conséquence cela aura-t-il ? Kesako ce symbole étrange ? Il y a d’autant plus de questions que ce que l’on voit semble proche de la réalité, c’est d’ailleurs pour les wargames tactiques l’un des pièges de la 3D. Est-ce que ce que je vois correspond bien aux évènements qui se déroulent ? Ou que j’imagine ? Pas toujours, loin de là, chaque moteur graphique ayant ses limites. Mais voir c’est croire, et au début on fait beaucoup d’erreurs d’interprétation. Erreurs qui logiquement prêtent plus à conséquence dans une simulation. En jouant à plusieurs autour d’une table on peut facilement en parler ou se pencher sur le manuel tandis que l’autre réfléchit. Sur PC feuilleter un manuel pour trouver une réponse précise est peu agréable, le rythme est plus soutenu et on joue rarement à plusieurs autour d’un PC . Et pourtant, essayez un jour un bon jeu de stratégie informatique en coop à deux même sur une unique machine, sans hotseat ou quoi que ce soit, juste en vous répartissant les troupes face à l’IA, vous serez probablement surpris de la dimension supplémentaire que cette simple pirouette ajoute. Passons. En solo les errements qu’on a seul face à une IA sont moins gênants, en multi par contre certains faux-pas peuvent relativement vite gâcher une partie.

Contrairement a une idée très répandue, dans le monde du jeu vidéo il y a plus de gens qu’on ne le dit qui veulent des jeux élaborés, avec des mécanismes fins et non uniquement des graphismes fins. Pas tout le monde, bien entendu. Pas pour y jouer tous les jours, évidemment. Tout en restant dans un loisir spécifique, les jeux de simulation militaire historiques ou fantastiques en ce qui nous concerne ici, développer une gamme plus large c’est inviter plus de joueurs vétérans comme débutants à goûter d’autres saveurs, tout en s’amusant et même en se cultivant ludiquement. Ensemble. L’union fait la force, plus de wargames différents amèneront plus de wargamers. Et vice versa.

Cette année encore le groupe Slitherine proposera de nombreux nouveaux titres, allant de l’Antiquité jusqu’à des futurs improbables, allant de Hannibal Terror of Rome à Distant Worlds Universe, en passant par le jeu de plateau style warteau Heroes of Normandy ; en passant par Frontlines Road to Moscow pour un front de l’est toujours plus beau, par War in the West pour se rappeler que sans la logistique il n’y a pas de grandes batailles, mais aussi par Flashpoint Campaigns – Southern Storm car la Guerre Froide aurait pu être très chaude (il y aura des troupes françaises pour lutter avec l’OTAN contre le Pacte de Varsovie !), par Battle Academy 2 Eastern Front qui fait lui aussi un grand détour par le front de l’Est puis la déclinaison du moteur de Battle Academy sur le thème médiéval-fantastique que sera Hell (22, les démons débarquent !) ou celle sur le thème de la guerre de Trente ans que sera Pike and Shot ; puis Legions of Steel pour ceux préférant chasser en huis clos du Terminator à la place des aliens ; Warhammer 40 000 Armageddon pour qui aime les Orks, les Space Marines et les Titans de Games Workshop ; Brother against Brother pour offrir un angle de vue supplémentaire sur la guerre de Sécession ;  Space Program Manager pour s’essayer à la course à la Lune ; Qvadriga sur mobiles pour les courses de chars (romains, pas les panzers …) ; Order of Battle – Pacific, pour qui s’est lassé de la Normandie ou du front de l’Est ; Sovereignty car on ne se lasse jamais de guerroyer entre royaumes Elfes, Nains, Orcs et Humains ; puis un ultime Close Combat en 2D sur les combats autour de Caen avant un prometteur Close Combat – The Bloody First en 3D sur les combats en Tunisie, en Sicile et en Normandie ; puis encore un retour attendu d’Ageod dans les tranchées de 14-18 avec un prometteur To End All Wars ; Gary Grigsby’s Word at War sur iPad ou Commander – The Great War sur iPad aussi, pour diriger le cours de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale du bout des doigts ; ou sinon le jeu de plateau Magnifico pour conquérir l’Europe du 16ème siècle sur Android, car il n’y a pas qu’Apple qui fasse des tablettes … Et d’autres titres sont d’ores et déjà, plus discrètement, en chantiers, mais il était encore trop tôt pour en parler. Strategic Command 3 par exemple. Au total l’année à venir devrait voir 45 sorties différentes sous la bannière du groupe Slitherine.

Ensemble Matrix, Slitherine et Ageod offre ainsi, avec toujours autant de sérieux et de professionnalisme, plus de choix pour plus de joueurs. Le groupe Slitherine n’est pas le seul éditeur à proposer de bons jeux avec une trame historique, heureusement car il faut de la concurrence pour ne pas stagner, mais grâce à ces choix il est aujourd’hui plus encore qu’hier le premier éditeur de jeux de stratégie sur ordinateurs. Les ordinateurs n’allant pas diminuer en puissance à l’avenir, les prochaines années devraient être très belles pour les wargamers.

 

Close Combat – The Bloody First
Flashpoint Campaigns – Southern Storm
Battle Academy 2 Eastern Front
Frontlines Road to Moscow
Heroes of Normandy
Hell
Legions of Steel
Warhammer 40000 Armageddon
Pike and shot
Space Program Manager
Brother against Brother
Order of Battle – Pacific
Sovereignty
Distant Worlds – Universe
Hannibal – Terror of Rome
Ageod – To End All Wars
  1. C’est le premier éditeur, car qui d’autre, édite encore des jeux des années 1990……….personne.
    Il faut arrêter les gros pixels qui taches!
    je n’inclut pas, les jeux ageod’s

    Signé : un wargameur qui en a marre de voir des trucs comme en 2014.

    • Hélas on a encore pas fait plus lisible que de la 2D ou de la 3Diso, ou plus tactique que du tour par tour. Suffit de voir les jeux de plateau, ça reste encore le meilleur support pour créer quelque chose de convivial.

      D’autant plus qu’on parle là de jeux de niche, vendu à quelque milliers d’exemplaires. Incompatibles donc avec l’achat de moteur 3D onéreux ou à la prod en interne d’un tel outil. Sans parler qu’entre une 3D moche et une 2D moins tendance mais plus lisible, j’ai fait mon choix.

      Tu t’attendais à quoi? Des wargames avec le rendu d’un civilization V ou d’un Compagny of Heroes II? Perso j’aimerais aussi ce standard graphique, mais faut pas réver: ça coute un bras à faire.

  2. Je suis curieux de voir ce que va donner Brother againt Brother ! Il a l’air très prometteur en tous cas !

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