Remontons rapidement dans le temps. Voici un extrait d’un ancien utile article paru dans PC4War en avril 2003, article qui faisait le point à l’époque sur les débuts réussis de la série Panzer Campaigns. Série depuis longtemps donc de référence pour explorer et simuler en détail de nombreuses importantes batailles de 39-45.
PC4War : Le jeu le plus adapté pour jouer en solitaire contre l’IA est Smolensk 41 (ndlr voir ce test), à condition de prendre le camp allemand. Cette simulation constitue un bon début pour maîtriser les concepts de la guerre éclair. Le bouclage d’armées soviétiques entières dans d’énormes poches est un défi posé au joueur allemand qui doit trouver les points faibles du dispositif ennemi pour forcer le passage d’un grand fleuve, établir des têtes de pont, les maintenir malgré les contre-attaques, puis les élargir pour progresser très loin sur les arrières du dispositif ennemi. La coordination entre les unités de reconnaissance, les chars et l’aviation est essentielle.
Les deux jeux les plus équilibrés de la série, agréables à jouer avec l’un ou l’autre camp, sont Kharkov 42 et Tobruk 41. Les cartes représentent d’immenses espaces, plaines ou déserts, propices à de vastes mouvements de blindés. Kharkov 42 voit dans un premier temps un joueur soviétique très agressif. L’Allemand doit retraiter habilement pour absorber le choc puis préparer les bases d’une contre-attaque visant à encercler son adversaire. Les troupes sont très bigarrées. L’Allemand dispose de Hongrois, Roumains et Italiens. Le Russe commande des corps mécanisés mais paradoxalement aussi plusieurs corps de cosaques à cheval. Trois scénarios, téléchargeables sur le site www.hist-sdc.com/contest.html couvrent la campagne de Kharkov entre janvier et mars 1943. La saison hivernale métamorphose totalement le champ de bataille avec des Russes rendus très agressifs après leur succès à Stalingrad. Le front n’existe plus. Les opérations, très fluides, menées en profondeur sur les arrières, constituent une simulation extrêmement originale de la série.
Tobruk 41 simule l’opération Crusader. Les options sont tellement nombreuses dès le départ que chaque partie sera unique dans son déroulement. Le maniement de l’Afrika-Korps, alliées aux divisions italiennes somme toute assez performantes, repose sur le concept de position centrale largement utilisé dans les guerres napoléoniennes. Au contraire le joueur du Commonwealth à la tête de toute une collection de nationalités doit réussir sa concentration en faisant converger des brigades dispersées sur des centaines de km vers Tobrouk tout en évitant de se faire battre en détail. L’organisation de l’armée britannique, plus nombreuse que les troupes de l’Axe, articulée en brigades et une myriade d’unités indépendantes, n’est pas facile à gérer (le joueur allié dans Normandy 44 rencontre le même problème.). La logistique de cette opération est très délicate pour les deux camps, les pannes sèches n’étant pas rares. Sur le même site www.hist-sdc.com/contest.html la campagne de Gazala couvrant l’épisode glorieux des français libres à Bir-Hakeim est téléchargeable.
Bulge 44 et Korsun 44 sont intéressants sur un plan historique car l’état des forces en présence est bien décrit à cette époque. Dans le camp allemand la puissance de feu des unités blindées repose essentiellement sur quelques groupes de chars super lourds qui posent des problèmes techniques épineux au camp adverse pour les neutraliser. La faiblesse des effectifs d’infanterie est sensible. Les unités sont en majorité des compagnies aux effectifs très réduits (60 hommes). Les unités de mortiers pullulent et passent de l’échelon régimentaire aux bataillons. A l’inverse, les divisions d’infanterie allemandes baissent en qualité avec des troupes faiblement motivées disposant de peu de matériel. Le joueur adverse russe ou américain a beau jeu de s’acharner sur ces unités pour les faire craquer contraignant ainsi les divisions blindées au rôle de pompier pour sécuriser les secteurs qui ont flanché. Malheureusement la palette des options stratégiques est plus réduite ce qui peut diminuer l’intérêt de ces deux jeux. Dans Bulge 44 le joueur allemand après quelques succès initiaux aura du mal à percer et se découragera sous les coups de butoir de l’artillerie américaine. Sa marge de manoeuvre est faible car canalisée par les rares routes disponibles. De plus la boue favorise le défenseur et ralentit les blindés.
Le jeu le plus populaire de la série est sans aucun doute Normandy 44 (ndlr, image en en-tête, voir cet article). La campagne de Normandie se déroule sur un terrain familier pour la plupart des joueurs, les épisodes marquants sont connus. Les options stratégiques sont à prendre par les deux joueurs dès les premiers tours et il n’est pas obligatoire de faire exactement comme les généraux de l’époque. Contrairement à une idée reçue, l’objectif pour le joueur allemand n’est pas d’essayer de rejeter les Alliés à la mer, mais de tenir les points clés de la carte en empêchant son adversaire de progresser et en cherchant à l’enliser dans le bocage. L’exploitation des ressources du terrain pour la défense, le lancement de contre-attaques localisées mais meurtrières, la mise à l’abri de ses unités dans les jours succédant au débarquement, le difficile acheminement des renforts sous un ciel hostile sont des problèmes stratégiques intéressants à résoudre pour l’Allemand. A l’inverse la supériorité apparente des Alliés ne doit pas leur faire penser que ce sera une partie facile. La réduction des fortifications côtières, la crise du ravitaillement, la sortie des marais du Cotentin, la prise de Caen, Cherbourg et Saint-Lô sont autant de défis difficiles.
Enfin, le dernier jeu de la série, Kursk 43, le plus gros de la série, a été présenté dans le dernier numéro. Nous n’y reviendrons pas.
NDLR : depuis la parution de cet article, signé par Michel Degrand, il y a une bonne vingtaine d’années, la série Panzer Campaigns a nettement progressé. D’une part elle compte désormais 32 titres, d’autre part les jeux ont bénéficié de nombreuses mises à jour, particulièrement depuis la reprise par Wargame Design Studio. Vous trouverez néanmoins ici des pistes de réflexion toujours utiles pour s’orienter dans cette série exigeante, soit si l’on débute, soit si l’on y revient.
Attention, l’ensemble des anciens wargames d’HPS après avoir été depuis 2010 chez John Tiller Software, se trouve depuis environ 2020 chez Wargame Design Studio (voir cet interview). Les jeux ont reçu ces dernières années des mises à jour techniques et surtout graphiques importantes les rendant bien plus agréables à jouer. Voyez dans nos archives pour différents articles et images sur cette série, y compris dans cette section : Tests Panzer Campaigns.
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Cet article, anciennement publié dans le numéro 4 de PC4War, en avril 2003, est ouvert à tous, ne nécessitant pas d’abonnement pour être lu. Vos abonnements sont importants pour que la Gazette du wargamer puisse continuer d’évoluer tout en proposant aussi des articles en accès libre. Pour soutenir le site et son équipe, abonnez-vous.