Les productions John Tiller semblent décidées à investir en force le marché des tablettes tactiles ou du moins, pour l’instant, à tester la viabilité économique de ce nouveau secteur, en vue d’y établir leur position éditoriale. C’est ainsi qu’après un essai plutôt réussi dans le secteur aéronautique moderne (voir notre test de Touch Modern Air Power), ils nous proposent une incursion vers la série fer de lance de la société, à savoir les Panzer Campaigns !

Le fait que ce logiciel composé presque essentiellement de scénarios didactiques soit offert gracieusement sur plusieurs supports tactiles renforce l’impression de tête de pont sur des rivages méconnus pour l’éditeur. Les joueurs que nous sommes ne trouveront là que matière à se réjouir. D’autant que, comme nous allons le voir succinctement, la tentative, encore que timide, apparaît assez réussie.

La première chose que remarquera l’habitué de la série est le soin apporté au portage intégrale. Tout ou presque, y est présenté à l’identique. La seule surprise véritable consiste bien évidemment en l’adaptation de l’interface clavier-souris vers le tactile. L’intelligence des créateurs s’exprime dans le soin apporté au choix des scénarios proposés ici (dix-sept au total dont l’inévitable Getting started, plus une simili-campagne regroupant les batailles individuelles).

En effet, autant il est toujours possible pour le joueur de passer outre les écueils liés à un changement radical d’interface, autant il lui sera plus difficile, voire impossible, de faire abstraction des problèmes liés au scénario lui-même. C’est justement là que réside la difficulté dans le choix de porter la série des Panzer Campaigns sur tablettes.

La taille théorique de l’écran, quasi illimitée lorsqu’il s’agit des PC, devient un frein majeur dès lors que l’on s’attaque au marché des ordinateurs mobiles. Les scénarios mettant en situation des armées complètes ne sont alors tout simplement pas envisageables. L’équipe de John Tiller semble l’avoir parfaitement compris, ne proposant ici que des engagements relativement réduits, de l’ordre de la compagnie ou du bataillon. Sur un écran de sept pouces l’ensemble reste ainsi parfaitement gérable, même si c’est au prix de l’utilisation parfois intensive du zoom. La taille des cartes n’étant alors qu’un prétexte, une mise en situation relative ; l’action se concentre parfaitement sur une portion de celle-ci, parfois artificiellement (voir capture ci-dessous).

L’interface s’avère le point d’achoppement de ce portage, autrement très réussi. Autant le familier de la série n’éprouvera aucune difficulté à retrouver ses marques au milieu des multiples icônes et des règles spécifiques, autant il s’avèrera difficile de s’acclimater à l’interface tactile, sur ce jeu précis. Le portage semblait couler de source dans l’adaptation de Modern Air Power, pourtant, le passage au tactile paraît ici contre intuitif et surtout, parfois pénible à utiliser (changement de modes, transport / tir / assaut, etc.).

Certains auront peut-être moins de difficultés, aussi le fait que le jeu soit proposé gratuitement s’avère ici une bénédiction, tant ce genre de paramètre semble relever de la sensibilité personnelle. N’hésitez donc pas à aller le tester par vous-même, puisque l’opportunité vous en est donnée.

Pour conclure brièvement, je dirai que John Tiller semble sur la bonne voie, pour séduire aussi bien de nouveaux venus vers le wargame pur et dur, que les grognards ayant franchi le pas vers des  horizons vidéo-ludiques novateurs, en acquérant une tablette. Ce portage, bien que légèrement moins réussi que celui de Touch Modern Air Power, avis grandement subjectif s’il en est… laisse néanmoins augurer de belles surprises à venir comme, c’est mon souhait, celui de la série des Squad Battles, pour laquelle cette plateforme paraît tout indiquée.

Les sorties récentes de Tunisia ’43 (dont je vous dirai quelques mots prochainement) et de Bulge ’44 , ainsi que depuis cette semaine un premier volet de la série Civil War Battles, donneront l’occasion à certains de découvrir un style de gameplay jusqu’ici plutôt confidentiel mais qui pourrait bien ainsi se démocratiser un peu plus. C’est tout le mal qu’on lui souhaite !

 

Vue d’ensemble de la carte grâce au zoom arrière maximal. L’ensemble demeure parfaitement informatif, malgré l’exiguité de l’écran du Kindle. Les hexagones assombris représentent des zones naturellement ou artificiellement, infranchissables.
Si on omet de montrer l’interface spécifique du Kindle sur ces captures, difficile alors de les différencier d’une version PC. Un beau portage !
Les briefings seront des éléments d’information précieux …
… permettant de mieux appréhender certaines situations.
Infos pratiques

Sortie : 27 septembre 2013.

Studio – Éditeur : John Tiller Software.

Site officiel : www.johntillersoftware.com

Prix éditeur : version gratuite.

Version testée : v1.02 sur Kindle Fire HD 32Go. Version française prévue ? Non. Disponible sur Amazon pour Kindle (Android), sur iPad et aussi sur Google Play.

4 Commentaires

  1. Je ne comprends tout simplement pas.

    Je viens de télécharger l’application sur mon iPad mini et elle n’aura pas tenue plus de cinq minutes.

    Que l’on ne se méprenne pas. Je ne critique aucunement le jeu ou la série, j’ai joué aux PzC pendant de très nombreuses années et je l’ai apprécié pendant très longtemps. J’avoue avoir connu une certaine exaspération sur les deux derniers volumes pratiqués à force de constater l’absence d’évolution du moteur et de m’apercevoir finalement que les produits John Tiller’s n’étaient qu’une immense pompe à fric profitant d’une niche.

    L’adaptation de l’interface au tactile est une vaste blague. Comme il a été brièvement énoncé dans le billet je fais notamment référence au passage des différents modes ou encore la gestion du pathfinding … Il n’y a rien d’intuitif dans les gestes permettant de faire tourner correctement la simulation, et j’en arrive vraiment à me demander comment on peut croire que ce type d’adaptation peut faire basculer de nouveaux joueurs totalement néophytes dans le monde du wargame.

    Ces adaptations sont de vastes arnaques selon moi. Le studio choisit une nouvelle fois de se servir d’un vieux moteur, y applique une surcouche pour gérer le tactile et le met en vente dans la foulée – la profusion de titres sorties depuis quelques mois tendent à appuyer mon argument. Aucun studio sérieux et compétent ne se permettrait de mettre sur le marché de telles aberrations ludiques.

    Si vous désirez réellement attirer de nouveaux joueurs vers le wargame en utilisant la tablette comme medium, il n’y a pas cinquante solutions. Il faut se munir d’un iPad et essayer les productions de Shenandoa Studio qui malheureusement ne développent que pour iOS. Leur premier opus sur la bataille des Ardennes est une petite perle vidéo-ludique qui a même attiré des critiques extrêmement enthousiastes de la part de sites de jeux-vidéo absolument étrangers à la pratique du wargame. A noter que leur deuxième opus vient de sortir aujourd’hui et a pour thème l’opération Typhoon et semble excéder son petit-frère. Pour les intéresser, vous trouverez des infos complémentaires sur le site du studio en suivant le lien http://www.shenandoah-studio.com A noter également un titre sur El-Alamein prévu pour l’année prochaine, mais aussi un autre sur la bataille de Gettysburg dans les mois à venir.

    • Venant de découvrir (très !) tardivement ce commentaire, je tiens cependant à apporter mon grain de sel :)
      Je ne suis pas sûr que l’ambition du studio soit, comme tu le dis, de :”…faire basculer de nouveaux joueurs totalement néophytes dans le monde du wargame.”.Par ailleurs et sans aller jusqu’à qualifier ces jeux de “…pompe à fric profitant d’une niche”, j’avoue ne pas être très éloigné de ce sentiment, que j’aurais probablement traduit avec un peu plus de réserve ;)
      Je pense que ces adaptations vers le monde du tactile ET du nomade, comme il est de bon ton de le qualifier, ont pour objectif de contenter une partie de la clientèle, déjà acquise à la philosophie de l’éditeur. De nombreux joueurs, essentiellement américains, semblent intéressés pas le fait de pouvoir pratiquer leurs jeux favoris en dehors du cadre familial, particulièrement pendant des voyages d’affaire ou d’agrément. Évidemment, comme il serait naïf de penser que tout cela partirait d’une intention purement philanthropique, la notion de “pompe à fric profitant d’une niche” conserve ici tout son intérêt… mais je tenais à préciser ma pensée :)

      • La notion de pompe à fric reste toute relative dans le cas des adaptations sur tablette.

        Autant, les versions PC sont scandaleusement chers pour des jeux dont le moteur est amorti depuis des lustres.

        Autant payer des sommes comprises entre 2.18 et 2.21 EUR (sur android) ne me semble pas excessif.

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