Après les grands encerclements blindés de Smolensk ’41, c’est maintenant le Débarquement et, au-delà, toute la campagne de Normandie qui sont couverts par ce jeu édité par HPS, et dont l’auteur est toujours John Tiller.

L’échelle du jeu est opérationnelle, avec des hexagones d’un km et des tours de deux heures. Le joueur commande des effectifs allant de quelques régiments jusqu’à plusieurs corps d’armée, mais sans options stratégiques : le débarquement, l’arrivée des renforts, les placements, se font sur les lieux et selon le calendrier historiques (sauf dans les scénarios « hypothétiques » évidemment).

30 scénarios sont proposés, certains avec plusieurs variantes (jouant sur la durée ou l’étendue de la carte), et permettent de jouer tous les combats de juin et début juillet 44 : l’assaut sur les plages (sur le secteur américain et le secteur anglo-canadien), les combats du bocage et les attaques sur Caen, Carentan et Cherbourg, l’opération Epsom, etc… La carte complète de la campagne fait plus de 150 x 150 km, les cartes des autres scénarios étant des « morceaux » de cette grande carte. Comme Smolensk ’41 (voir cet article), le jeu dispose d’un éditeur de scénarios, mais sans éditeur de cartes, et donc limité à la création d’engagements sur le même théâtre d’opérations.

NDLR : cet article, anciennement publié dans Cyberstratège en 2000, est ouvert à tous, ne nécessitant pas d’abonnement pour être lu. Vos abonnements sont importants pour que la Gazette du wargamer puisse continuer d’évoluer tout en proposant aussi des articles en accès libre. Pour soutenir le site et son équipe, abonnez-vous.

Attention, l’ensemble des anciens jeux HPS après avoir été depuis 2010 chez John Tiller Software, se trouve désormais chez Wargame Design Studio (voir cet interview). Les jeux ont bénéficié ces dernières années de mises à jour techniques et surtout graphiques importantes les rendant plus agréables à jouer. Pour plus d’informations sur Panzer Campaigns – Normandy ’44 voyez cette page chez WDS et ce récit de partie réalisé avec la plus récente version du jeu : Panzer Campaigns – Normandy ’44 : AAR Utah beach. B.L.

Deux captures d’écrans dans cet article vous montre la version HPS du jeu (2000), les autres images, en en-tête et ci-après, illustre la dernière version Gold du jeu (voir aussi cette brève), celle de WDS. Le jeu est actuellement en version 4.0, ayant nettement évolué sur la forme, et bénéficié au fil des patchs de diverses améliorations des règles.

Panzer Campaigns - Normandy '44
Ancien screenshot (2000). La situation dans le secteur anglo-canadien de Sword et Juno (au nord de Caen) le 6 juin après-midi : la bataille des plages est gagnée, les Anglais avancent rapidement, mais la 21e PanzerDivision arrive en renfort et contre-attaque les parachutistes anglais au sud-est de la carte.

 

Par rapport à Smolensk ’41, il y a plus de variété dans les scénarios, qui vont d’un mini-engagement avec 6-8 unités de chaque côté (Villers-Bocage, où l’as allemand Witmann attaque des blindés anglais), à la campagne complète jusqu’en août, comprenant toutes les unités ayant participé et durant 750 tours (!). Le système de jeu est exactement celui de Smolensk ’41 à quelques ajouts mineurs près. Sans réexpliquer en détail ce système, il s’agit d’un jeu en tour par tour « libre » – le joueur déplace et fait tirer ses unités dans l’ordre qu’il veut, le côté adverse ne pouvant que riposter par des tirs d’opportunités défensifs gérés par l’ordinateur, même lors des parties entre deux joueurs humains.

Les unités sont précisément décrites : nombre d’hommes ou nombre et types de véhicules, valeurs antichar et anti-infanterie, défense et capacités spéciales, et le système de combat prend en compte les facteurs essentiels : puissance de feu, moral, terrain, retranchement, munitions… L’intelligence artificielle est correcte, surtout en défense, mais a plus de mal à bien gérer et coordonner ses attaques : dans tous les cas, le mode de jeu le plus intéressant est la partie par e-mail entre joueurs.

La principale différence entre les deux jeux porte sur la taille des unités, qui sont maintenant des compagnies, voire des sections, au lieu de bataillons : cela est justifié par les effectifs plus faibles en présence (surtout côté allemand !), mais entraîne aussi la présence d’une multitude d’unités côté allié, parfois difficiles à contrôler et alourdissant le jeu : il n’est pas exceptionnel de voir des piles de 25 unités sur les plages ! L’autre différence notable dans le déroulement des parties vient du terrain : les combats se déroulent sur des plages fortifiées, des zones de bocage et des villes, tous terrains à l’avantage du défenseur. Les batailles sont donc largement des batailles d’usure, les Alliés devant avancer coûte que coûte. C’est moins amusant que les percées de Panzers, mais c’est réaliste !

Une simulation (trop ?) détaillée

Les ordres de bataille sont extrêmement précis, et le déroulement et les résultats des batailles en phase avec la réalité. On retrouve bien la difficulté pour les Alliés à prendre pied sur les plages, leur énorme supériorité aérienne qui cloue une bonne partie des renforts, etc… Certains points sont discutables : par exemple les Alliés perdent assez peu de monde sur les plages, même à Omaha, du fait de la très faible puissance de feu des défenseurs, ou encore on peut trouver l’aviation toujours trop peu efficace. Mais ces points sont mineurs et globalement l’historicité est très bonne, et les joueurs sont bien plongés dans les dilemmes de Montgomery ou Rommel.

Le principal reproche que l’on peut faire au jeu est justement d’être trop détaillé et précis ! La difficile percée des Alliés après plusieurs jours de combat est vraiment une guerre d’usure, et tous les scénarios un peu conséquents mettent en jeu des centaines d’unités. Et côté allemand, il est très frustrant de n’avoir à sa disposition que des unités « fixées » (c-à-d incapables de bouger) pendant une bonne partie du jeu…

Normandy ’44 est donc un vrai jeu d’histoire comme il s’en fait de moins en moins, qui ravira les passionnés de la période, mais s’adresse plutôt aux joueurs expérimentés, ou à ceux prêts à investir un temps conséquent sur ce jeu – mais qui en seront récompensés, car il le mérite !

Merci à Fred Bey, partenaire pour les tests de parties email, pour avoir stoïquement résisté à la déferlante alliée !

Panzer Campaigns - Normandy '44
Ancien screenshot (2000). Les approches de Caen en vue 3D… pas très clair ! Les graphismes 3D n’ont pas été vraiment améliorés depuis Smolensk – par contre les “images” des unités (barre de gauche) sont bien plus réussies.

Panzer Campaigns 2 Normandie 44 (2000)

Qualités : simulation complète et précise, nombreux scénarios, historicité, système de jeu agréable et éprouvé.

Défauts : scénarios assez lourds à cause de trop nombreuses unités, toujours pas de règles sérieuses de commandement, déséquilibre des forces dans de nombreux scénarios contraignant le joueur allemand à l’immobilité, graphismes 3D inutilisables.

Captures d’écrans de la version Gold (2021)