Sur PC, le monde de Glorantha est peu connu. Voilà qui va changer à l’avenir avec ce futur joli wargame tactique en tour par tour prenant pour cadre l’univers épique de RuneQuest. Et qui, cerise sur les monstres du Chaos, va profiter du moteur de jeu éprouvé de Warhammer 40,000: Battlesector. Bienvenue dans un âge du Bronze revisité dans la pure tradition du genre Sword and Sorcery. Monde dans lequel des tribus barbares luttent sans pitié contre le Chaos et l’empire Lunar.
RuneQuest
RuneQuest est peu connu dans le monde des jeux vidéos. Si vous ne connaissez pas RuneQuest, il s’agit d’un jeu de rôle classique publié initialement par le très bon éditeur Chaosium au début des années 80. A cette époque, lointaine désormais, le jeu était chez les passionnés très populaire, pas loin derrière le fameux Donjons & Dragons. J’ai eu la chance il y a longtemps de pouvoir un peu y jouer avec un MJ très expérimenté, et j’en garde un bon souvenir. Toutefois, dans les clubs et autres associations qui fleurissaient un peu partout dans les années 80, il y avait beaucoup d’autres bons jeux, et je n’ai pas assez pratiqué RuneQuest pour quarante ans après bien vous parler de son univers, autrement que dans les grandes lignes. Passons, disons juste que RuneQuest est une solide référence ludique qui devrait dans un avenir proche profiter de la solide expérience vidéoludique de Slitherine.
Glorantha
Pour résumer, je vous remets ici quelques extraits de la description « officielle » de cet univers d’Heroic-fantasy. « Le monde de Glorantha est profondément ancrée dans le monde antique, voire préhistorique. Il s’agit essentiellement d’un univers situé dans l’âge du bronze et caractérisé par : l’omniprésence du bronze, au détriment du fer, comme métal principal ; l’écriture, réservée à une élite professionnelle restreinte (i.e des cultes) ; et l’essor de civilisations urbaines…
Dieux et Déesses luttent ici, les nations humaines n’étant que leurs pions. Les barbares impétueux, avec leur Dieu de la Tempête brutal mais honnête, luttent contre l’Empire Lunaire, mené par l’impérial Dieu Soleil et la sournoise Déesse Lune…
Glorantha est un monde passionnant de héros. Des légendes sont créées par des personnages exceptionnels, dont beaucoup ne sont même pas des êtres humains. Certains collaborent avec les divinités, tandis que d’autres les combattent…
Cependant, malgré ses similitudes avec l’Âge de Bronze terrestre, Glorantha est un monde magique et fantastique. Des demi-dieux aussi puissants que des régiments de soldats transforment les champs de bataille d’une manière sans équivalent dans notre monde antique. L’Empire Lunaire possède des armes magiques, comme un démon du Chaos volant colossal capable de dévorer des armées entières, et des unités de magiciens capables d’invoquer des comètes pour dévaster leurs ennemis. »
Reportez-vous par exemple au wiki officiel pour de plus amples informations sur cet univers.
Une tempête se lève, ce ne sera pas celle des hordes du Chaos mais celle du dieu de votre tribu, Orlanth, dieu des tempêtes, et d’un de ses champions, Halgrim, que vous allez diriger à la tête des survivants pour rétablir l’ordre et la paix.
Warlords
Venons-en au plus important pour ce qui est de cet aperçu, à savoir le gameplay. En quelques mots, ce sera du combat d’escarmouche en tour par tour dans un cadre très proche de celui bien connu de Conan le Barbare.
Tout d’abord, l’interface est très réussie, tant esthétiquement que surtout pour ce qui est de sa lisibilité. A part quelques mouvements de caméra parfois un peu erratiques, il n’y a dans cette version bêta pas grand chose à redire. Si l’on veut pinailler, on dira quand même que certains effets visuels sont soit un peu trop exagérés (les gerbes de sang par exemple), soit inversement, trop discrets (certains effets magiques). Mais cela n’affecte en rien le coeur du gameplay. Niveau ambiance musicale, idem, sans être exceptionnelle, la musique est très agréable. Il n’y a pas non plus trop de textes à lire, on va donc facilement à l’essentiel : batailler, et en beauté !
Le jeu utilise une grille orthogonale, et permet heureusement de se déplacer en diagonale. Les unités ont une zone de contrôle qui leur permet de réagir, donc attaquer, tout ennemi passant à coté d’elles. Sauf certains cas particuliers avec l’utilisation d’un pouvoir ou d’une compétence spéciale.
On comprend très vite que les mouvements sont cruciaux, tant par exemple pour « encercler » une unité, et ainsi limiter ses prochains mouvements, que pour se positionner de flanc ou derrière un adversaire, et ainsi avoir un bonus au combat. En effet, l’orientation d’une unité dans telle ou telle direction influe aussi. D’une part sur son champ de vision, d’autre part sur ses réactions. L’ensemble est logique et cohérent, on s’y fait très vite.
Dans la version bêta mise à notre disposition, je n’ai pu essayer que les quatre premiers scénarios de la campagne, donc jouer essentiellement avec les premières unités, assez basiques, à disposition au début. J’ai pu enrôler plusieurs héros, qui sont variés et très puissant au combat quand on les utilise bien, mais n’ai que très peu pu développer leurs compétences et bonus spéciaux.
Ceux-ci sont variés, affectant soit le personnage soit l’armée que vous avez, et les types de bonus changent selon les héros. Avec les quatre premiers héros qu’on l’on rencontre au fil des premières missions, on obtient ainsi une très large palette de possibilités tactiques.
Les différents types d’unités représentent en général différents types de tactiques. La milice est une sorte d’infanterie très légère qui peut lancer des épieux, elle sera fragile au corps à corps, mais très utile pour blesser un ennemi non loin, avant de le charger avec une autre unité plus adaptée au corps à corps. Typiquement votre infanterie lourde ou un de vos héros. A nouveau, on se fait très vite aux différents archétypes d’unités. Il faudra voir par la suite ce que permettra l’ensemble des différentes unités de chaque faction.
Sachant que dans le jeu de base, il devrait y avoir à la sortie trois factions différentes : Talastar, Lunar et le Chaos, soit schématiquement, les barbares, les impériaux et les monstres. Et donc que chaque faction devrait proposer environ sept à dix unités différentes (certaines pouvant être une configuration autre d’une même unité, par exemple avec une arme à une main et un bouclier, ou une arme à deux mains et donc pas de bouclier). On verra tout cela une fois le jeu sorti.
Les cartes sont relativement grandes, la 3D est jolie, le terrain prend en compte les lignes de vue et les obstacles, derrière lesquels ont peu plus ou moins se mettre à couvert. Certaines missions semblent offrir deux chemins différents pour arriver à l’objectif principal, donc un peu de variété dans la manière de procéder, toutefois chaque mission semble très linéaire. Ce qui ne m’a pas paru gênant. D’autant plus qu’il y a quand même à chaque fois un objectif secondaire, optionnel donc, qui si on l’atteint donne quelques bonus supplémentaires (surtout des précieux points d’expérience pour développer ses héros).
A nouveau il faudra attendre la version finale du jeu pour mieux jauger de la diversité des terrains et missions. Mais vu ce qu’on l’on aperçoit et devine sur la carte stratégique, on peut raisonnablement s’attendre à un joli voyage.
Techniquement, le moteur graphique est solide, il s’agit a priori de celui utilisée dans Warhammer 40 000 – Battlesector, on aura donc un moteur bien rodé. Il m’a semblé, quand on pousse les graphismes « à fond » être quand même assez gourmand, et j’ai eu un cas de surchauffe qui a fait redémarrer mon PC. Cela alors qu’à l’écran il n’y avait pas grand chose qui bougeait. Il est probable que tout ne soit pas encore bien optimisé, et surtout que les options pour par exemple les effets d’ombres soient gourmandes en ressources graphiques. Après ce plantage, j’ai baissé certaines options d’un cran, cela n’a pas changé grand chose à la qualité visuelle générale, et mon PC m’a semblé moins chauffer.
Chaque mission est scénarisée, proposant au début, et lors de certains événements, de courts dialogues entre les différents protagonistes. cela ponctue agréablement le cours du jeu, même si les dialogues n’ont rien d’exceptionnels. Les voix de certains personnages m’ont aussi semblé de piètre qualité, mais comme les personnages ne parlent pas trop, ont y prêtera peu attention et on finit par s’y habituer.



Revenons au gameplay. Un des aspects qui devraient s’avérer amusants est celui de la composition de son armée. Le principe est simple, vous avez un nombre limité de points d’armée, par exemple 800 au début, et chaque unité à une valeur précise, par exemple une unité de miliciens vaut 75 points d’armée. A partir de là on compose son armée selon son style de jeu. Début de la campagne oblige, je n’ai pas eu beaucoup de choix à effectuer à ce niveau là. Comme dans la plupart des jeux, la règle générale consistant à avoir une armée équilibrée semble prévaloir. On notera que chaque unité gagne de l’expérience, et donc des bonus mineurs au fil des niveaux. De fait il vaut mieux ne pas sacrifier inutilement une unité lors d’une bataille, même si elle a subi des pertes, elle sera « soignée » automatiquement entre chaque mission et pourra ainsi progresser.
En termes de difficulté, j’ai fait cet essai au niveau Normal, donc intermédiaire entre Facile et Difficile. Certes j’ai beaucoup l’habitude des wargames tactiques, mais la difficulté Normal m’a semblé trop facile (à part une mission où à un moment j’ai été un peu surpris par un retournement de situation). Passons, le jeu n’est pas encore fini, on ne peut pas bien juger cet aspect avec une bêta sur quatre missions. Bref, malgré cet apparent défaut, je me suis quand même bien amusé au fil des quatre missions. Cela car les combinaisons de mouvements et d’attaques sont assez variées. Il me semble donc que dans la version finale, une fois passé le début de la campagne, les situations devraient bien se corser et offrir au joueur des défis tactiques amusants. Une fois de plus, pour en être certain, il faut attendre la version finale du jeu. En théorie la campagne du jeu devrait totaliser 18 missions. Vu le potentiel ludique de RuneQuest, cela me semble peu, on imagine bien que si le jeu a un minimum de succès il pourra facilement bénéficier d’une ou plusieurs extensions. Sinon il y aura toujours le mode Escarmouche en multijoueur pour s’occuper.
Je ne vais pas vous détailler ici toutes les différentes caractéristiques que l’on peut voir sur les différentes unités, ni la magie (les Runes) que je n’ai presque pas pu utiliser. Il y a une prêtresse qui a un très utile sort de soins. Globalement les sortilèges et les compétences spéciales ont un temps de rechargement. Dans le cas du sort de soins de votre héroïne, il ne peut être utilisé qu’après trois tours de rechargement. Ces sorts et talents spéciaux étant assez puissants, on les combinera au bon moment avec les caractéristiques de ses unités pour obtenir des effets redoutables.
Niveau mécanisme, sachez quand même qu’une unité de base à en général 1 point d’action et 4-5 points de mouvements. Un héros aura lui 2 points d’action et un peu plus de points de mouvements. Donc concrètement, un héros une fois bien positionné pourra attaquer deux fois. Autre originalité, au fil des combats chaque unité accumule des points dit de Battle rush. Chaque faction aura un bonus spécial au combat avec ces points, et quand on en a 100, on peut les dépenser pour soit obtenir un précieux point d’action supplémentaire, soit augmenter la puissance d’une capacité spéciale. Ce mécanisme simple ajoute un peu plus de variété dans les choix à effectuer.
A noter aussi que les attaques dite de Charge sont très utiles, car dans ce cas l’ennemi ne contre-attaque pas. Ce détail relève à nouveau l’importance de bien planifier ses mouvements, car il ne faut pas obstruer le chemin d’une unité qui pourrait charger. Ou inversement, il peut être utile d’éliminer une unité faible afin de dégager le terrain pour charger une unité plus forte qui serait derrière.
Pour conclure ce premier survol du jeu, il semble quasi certain qu’à terme RuneQuest – Warlords sera un bon et solide wargame tactique, voire même probablement un très bon jeu. Ceci que l’on soit ou non un connaisseur de l’univers assez riche de RuneQuest. A l’évidence les joueurs connaissant RuneQuest devraient très probablement encore plus apprécier le jeu. Pour les autres, ce sera l’occasion de découvrir un nouveau monde, à la fois classique dans sa logique d’Heroic-Fantasy, et original dans son approche du sujet, centrée globalement sur l’époque de l’âge du Bronze.
Reste désormais à patienter en espérant que Slitherine ne tarde pas trop à en dévoiler plus. En théorie une date de sortie pourrait être prochainement annoncée…
A suivre…
Pour plus d’informations sur RuneQuest: Warlords, prévu on ne sait quand cette année, en théorie, voyez cette page sur Steam.
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