Le monde de RuneQuest, est vaste, très vaste. Nommé Glorantha, cet univers de Sword and Sorcery offre depuis les années 80 une grande diversité de nations, peuplades, créatures et autres cultures fantastiques. RuneQuest – Warlords se focalise sur une toute partie de ce monde, mais effleure à peine le sujet. C’est regrettable, d’autant plus que beaucoup a déjà été écrit. Donc aurait été simple à reprendre afin de mieux montrer l’intérêt du jeu, particulièrement pour les néophytes. Montrer plus non pas le Gore, mais le Lore ! Au-delà des travers du gameplay dont je reparlerais une autre fois, fouillons dans les archives de RuneQuest, que ce nouveau jeu dépoussière sans pour autant le mettre assez en lumière.
Qui donc à envie de connaître le monde dans lequel il va s’aventurer et batailler ? Chez les développeurs de Warlords, a priori malheureusement pas grand monde… Et pourtant, pour la plupart des joueurs passionné d’Heroic-Fantasy, la trame de fond est aussi importante que le gameplay. C’est vrai depuis longtemps pour tous les univers d’Heroic-Fantasy, plus on découvre et connaît un monde imaginaire, plus on prend de plaisir à y jouer.
Vu le peu qui est expliqué dans RuneQuest – Warlords du contexte du jeu, à savoir au nord un encombrant et puissant empire humain, au sud un vil royaume de monstres du Chaos, et à peu près au milieu une petite chaîne de montagnes au pied de laquelle vivent de paisibles barbares, vu le peu que le jeu explique, si vous n’êtes pas un vétéran du jeu de rôle, sans faire de recherches, vous allez être perplexe, voire déçu. Je résume à grand trait, le jeu en dit heureusement un tout petit peu plus que ça sur son contexte.
On aurait toutefois apprécié que les développeurs présentent plus le contexte, le décor, que les joueurs puissent plus facilement l’identifier, autrement que par des archétypes caricaturaux, se l’approprier et entre autres comprendre le charabia de noms que vos héros vont régulièrement citer.


Je ne suis pas du tout un fin connaisseur de Runequest. Toutefois, quelques recherches m’ont permis de retrouver des souvenirs lointains et surtout de quoi mieux se situer. Un peu mieux qu’avec certes une très belle carte en guise de menu pour la campagne principale (cf. illustration en en-tête et ci-après). Et diverses ponctuelles illustrations lorsque vous lancez une mission (voir plus bas).
Recadrons donc un peu le sujet. RuneQuest – Warlords se déroule sur Genertela, l’un des deux continents de Glorantha. L’action du jeu a lieu au coeur de ce continent, dans la région de Peloria à la frontière méridionale de l’empire Lunar qui ne cesse de croître. Ce n’est pas très loin au Nord-ouest de la Passe du Dragon (cf. Dragon Pass sur le wiki officiel), une région probablement plus connue des joueurs. Passons.
Le sud de l’empire Lunar, soit là où se situe les contrées de Dorastor et Talastar, a pour caractéristique d’avoir un climat bien plus tempéré que les humeurs de ses principaux habitants. On y trouve quelques petites plaines et beaucoup de forêts, dont la moitié est ceinturée de montagnes peu accueillantes.
Des barbares et surtout des sortes d’elfes des bois y résident, les premiers plutôt du coté Est dans les plaines de Bilini, soit un bout de Talastar, les second, plus du coté Ouest dans des forêts au pied des montagnes, soit la région de Dorastor où le plus dur va se jouer…
Tout pourrait aller pour le mieux dans ces terres reculées si le Chaos ne s’était pas infiltré plus ou moins au sud par les montagnes pour s’attaquer à ces deux peuplades. Les Elfes sylvestres étant vraisemblablement dépassés par la situation, et l’empire Lunar lui plus au nord occupé à civiliser on ne sait quel autre de ses voisins, ce sont donc les barbares locaux qui vont devoir réagir, ou sinon au choix, fuir ou périr. Les fils et filles d’Orlanth n’étant pas des couards d’impériaux, ils vont se battre.
Voilà donc le cadre général. Dans sa première moitié, la campagne de Runequest – Warlords vous promène dans Talastar, afin d’accéder par une grande trouée dans les montagnes au coeur de Dorastor. Pas par la trouée au sud juste à coté de la forteresse des clans barbares, non, par la trouée plus loin au nord-ouest. En effet, avant d’aller voir ce qui se trame en Dorastor, il vous faut poursuivre le chef du Chaos ayant attaqué vos terres et régler divers problèmes de politique talastariennes, pour incidemment trouver du soutien car vos miliciens, chats de guerre et hommes d’armes ne suffiront pas face aux forces du Chaos. D’où par exemple une visite chez une grande prêtresse locale, qu’il faut d’ailleurs secourir.
Les missions dans Talastar, où vous allez donc longer les montagnes jusqu’au fort du Vieux loup, vous permettent ainsi de croiser divers personnages barbares et citoyens lunars, confrontés aussi aux premières incursions du Chaos dans leurs terres. L’heure n’étant vraiment pas à parlementer ni à faire du tourisme, vous n’y apprendrez quasi rien sur Talastar. Les différentes missions évoquent des rivalités dans les clans barbares, il y a des marchands lunars qui prospectent, bref, de vagues généralités.


Ces 7-8 premières missions, donc la première partie de la campagne, sont plutôt décevantes. On peine à être convaincu par le maigre scénario. En résumé, ces missions sont mal ficelées, pas répétitives mais presque, et un peu longues à jouer aussi. Par contre elles permettent de bien se familiariser avec le système des combats, et de faire gagner de l’expérience à vos troupes, qui vont en avoir bien besoin pour la seconde partie de la campagne.
Quand vous arrivez dans Dorastor, donc par le nord, les choses sérieuses commencent. A ce stade dans la campagne, les missions deviennent un peu plus intéressantes à jouer. J’y reviendrai une autre fois. La région est abandonnée de toute présence humaine, dont on voit toutefois différents vestiges d’un autre âge. Sans surprise les elfes n’ont pas vraiment entretenus les lieux et le plan du Chaos n’est pas du tout de reconstruire Dorastor. Au contraire. Vous n’aurez donc pas le temps de faire un peu d’archéologie préventive, ce qui serait pourtant bien vu chez certains lunars, pas le temps de découvrir grand chose de cette région, votre priorité sera ici l’archaoslogie effective. Rien d’autre.
Oui, l’archaoslogie, ancienne science disparue de l’âge du Bronze, qui consistait à creuser dans les royaumes du Chaos, non pas littéralement à la truelle ou à la pioche, mais figurativement à la pelle et concrètement au fil de l’épée… Autres temps, autres meurtres.
Runequest – Warlords offre indéniablement un jeu avec de solides mécanismes pour représenter les combats. Les batailles verront s’affronter non pas de grandes armées, mais en général, et en comptant les fréquentes vagues de renforts ennemis, plusieurs dizaines d’unités. C’est un jeu d’escarmouche. Il n’y a pas beaucoup de stratégie à avoir, un peu pour le développement de ses héros et la composition de ses troupes. Par contre il y a un très bon potentiel au niveau tactique, toutefois gâché par des missions initiales trop linéaires. Il n’y a que peu de réelle surprise à découvrir de nouveaux adversaires, car il vous suffit de lancer une partie en mode Escarmouche (une bataille unique) pour voir toutes les unités du jeu (et donc leurs caractéristiques…).
Et bien entendu tout cela est gâché par le fait que le monde du jeu, pourtant très riche, redisons-le, n’est qu’à peine présenté au joueur, qui donc se retrouve à jouer une longue première série de missions peu convaincantes, ludiquement. Peu inspirées, si vous préférez.
Il n’est alors pas surprenant de constater que actuellement du moins, le jeu a une réception très mitigée. A juste titre, il faut vraiment creuser et être motivé pour commencer au bout d’un moment à y voir apparaître quelque chose d’un peu plus amusant à explorer et jouer. Qui a envie de passer une grosse dizaine d’heures à s’ennuyer en ne comprenant pas bien pourquoi il faut obligatoirement faire ci ou ça, pour juste encore taper sur des monstres et un ou deux illuminés ? Peu de joueurs.


A quoi ont pensé les développeurs, difficile à dire, aux mécanismes du jeu, c’est certain, mais peu aux joueurs. Très peu au fun, à l’amusement, à la magie de l’imaginaire. Le manuel du jeu illustre très bien ce souci. Le manuel fait 73 pages, c’est très bien, les mécanismes sont bien expliqués, mais sur ces 73 pages, il n’y a qu’une demi-page d’introduction au monde de Glorantha. Pour un univers qui évolue assez régulièrement depuis 1978, mais qui, spécialement sur PC, n’est plus très connu, se limiter à deux simples paragraphes pour évoquer un monde dixit merveilleux, c’est vraiment peu.
Dans la chronologie de RuneQuest, au troisième âge (vers 1602 dans Warlords), Dorastor est l’un des endroits les plus dangereux du monde de Glorantha… Pas juste un obscur coin de forêt avec des ruines et des marais entre deux montagnes… Si vous n’êtes pas un bon connaisseur d’Heroic-Fantasy et de Chaosium (l’éditeur du jeu de rôle), bon courage pour prendre le train en marche. Pour avoir envie d’y croire.
Pour conclure ces considérations et ce survol du cadre du jeu, voici une série de captures d’écrans qui sont donc les écrans de chargement apparaissant plus ou moins aléatoirement lorsque l’on entame une des dix premières mission. C’est peu pour se faire une idée du monde dans lequel on a mis les pieds, mais c’est mieux que rien. Si au moins le gameplay n’était pas inégal, on aurait pu s’en accommoder, mais non.
A suivre…
Aperçu des paysages et champs de bataille

















Si vous cherchez des informations précises sur le contexte de Warlords, voyez éventuellement dans nos PDF l’ancienne extension Dorastor, parue en français chez Oriflam il y a près de trente ans déjà. Vous trouverez également de nombreuses informations sur RuneQuest par exemple sur le site The Well of Daliath.
Pour plus d’informations sur RuneQuest: Warlords, voyez cette page sur Steam ou celle-ci chez l’éditeur, ainsi que nos articles RuneQuest – Warlords : AAR La citadelle brûle et RuneQuest – Warlords : Conansector !
