Le studio suédois Illiwinter Games se compose de deux simples personnes mais cela ne l’empêche pas de nous proposer des jeux vidéos depuis 1997. Illwinter est surtout connu pour sa série de jeu Dominions, dont le premier opus, Priests, Prophets and Pretenders, sortait en 2001. Ce wargame, mélangeant stratégie et tactique au tour par tour à la sauce médiéval-fantastique, voit des dizaines de nations disposant de centaines d’unités différentes, de centaines de sorts et d’objets magiques, s’affronter les unes les autres pour déterminer quel prophète peut devenir le nouveau grand dieu. Les unités ont de nombreuses caractéristiques et capacités les rendant uniques, tels des hommes-volants, démons gardes du corps et archers centaures. Le dernier opus, le quatrième, intitulé Thrones of Ascension, est sorti en 2013. A côté de cela, ce studio propose une autre série de jeux de stratégie, réputés moins complexe et plus accessible, les Conquest of Elysium. Profitons de la sortie cette semaine du quatrième volet pour nous pencher dessus.

Rappelons tout d’abord que le premier jeu de la série était Conquest of Elysium II, le numéro signifiant juste que la dernière mise à jour le portait enfin sur Windows, et est sorti en 1997. En octobre 2012, ce fut le retour de la série avec le numéro III, et finalement nous voici en ce mois de novembre 2015 avec un nouvel opus.

Un objectif : la survie dans un monde hostile

Là où la série Dominions (voir mon précédent test ainsi que cette préview) proposait de vastes armées, de grandes nations et des magies dévastatrices, Conquest of Elysium est plus restreint et a des principes assez différents. Vous choisissez un des 20 personnages jouables, du Nécromancien au Baron en passant par le Démonologiste, et vous vous retrouvez sur une carte et avec un système de jeu similaire en quelque sorte à celui de Heroes of Might and Magic (série commencée en 1995) ou de Disciple (série commencée en 1999), avec la touche Illiwinter rapprochant le jeu d’un Rogue-like.

Votre personnage, disposant de capacités propres, est à la tête d’une petite bande de guerriers, et suivant le personnage pris, se retrouve dans un campement, une ville, un château ou que sais-je encore. Autour du joueur, des groupes de bandits, de mercenaires, ou de bêtes sauvages se promènent, attaquant parfois sans raison votre campement principal. Votre but est de vous étendre en capturant des zones donnant de l’or, du fer, de la gloire ou permettant de réaliser du commerce : vous pouvez ainsi trouver des mines, des villages, des châteaux, parfois hantés. Et vous retrouvez d’autre bandes de guerre, plus organisées, menées par des IA ou des humains, et qui ont pris une des 19 autres classes. Chaque tour, vous déplacez vos commandants avec vos troupes, vous utilisez le terrain et leurs capacités, comme la levée en masse du Baron, où la levée de mort-vivants du Nécromancien, le tout au tour par tour, et vous priez pour ne pas tomber face à des créatures extrêmement malfaisantes.

Richesse et diversité

Comme nous le disions en introduction, Dominions est un jeu riche. Conquest of Elysium l’est aussi à sa manière, en orientant plus le joueur dans une lutte entre petites bandes de guerre. Partez des soldats humains, avec leurs équipements et leurs armes classiques, puis rejoignez les cerfs, les sangliers, les entités démoniaques, les monstres des marais, les créatures des eaux. Découvrez dans votre armée les éclaireurs, les entraîneurs de troupe, les invocations. La richesse de Conquest of Elysium réside bien dans ses unités, et les mécaniques qui leur sont associées. On pense au Shaman capable de transformer un marais en ferme, au Baron qui transforme une ville en motte féodale, à la Sirène qui charme vos troupes, à l’Assassin qui repère vos ennemis pour les transformer en chair à saucisse. Le studio Illwinter se vante d’avoir un millier de monstres différents : il s’agit bien des même développeurs que Dominions IV.

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Vingt classes pour vingt parties différentes.
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Le Nécromancien, une classe lugubre à souhait.

Cette diversité se retrouve particulièrement dans les vingt classes différentes proposées par le jeu, se jouant toutes très différemment les unes des autres, et apportant leur lot d’unités et de mécaniques inédites. Certains ont des ressources spécifiques : l’herbe du Druide (je vous laisse imaginer ce qu’il en fait), les gemmes de l’Illusionniste, la mousse de la Sorcière, les esclaves du Roi-Prêtre. En jeu, les unités peuvent être améliorées par ces ressources ou par le fer, en plus de pouvoir acquérir de l’expérience. Pour la magie, on dénombre trois cents rituels. Le côté aléatoire se retrouve dans la possession de sortilèges pour vos mages : pour en acquérir aléatoirement un nouveau, il faudra casquer des points de gloire.

On rajoute à cela pêle-mêle les cartes aléatoires, le multijoueur jusqu’à 16, même si le système est encore assez antique, les six dimensions parallèles accessibles par des portails : chaque vivant tué dans le monde réel devient un fantôme dans le monde des morts, si on ouvre un portail démoniaque les démons envahissent le monde d’Elysium et il faut le fermer, et si on veut tuer définitivement un démon il faut aller le tuer dans sa propre dimension.

Batailler contre les défauts

Je n’ai pas encore parlé du système de combat. Il est certes beaucoup plus abouti que celui du précédent opus, qui était trop abstrait et inintéressant. Toutefois, le joueur a malheureusement encore trop peu d’impact sur lui. Dans Dominions vous n’avez de prise sur le champ de bataille qu’avant, en paramétrant des tactiques et des formations, ainsi que des préférences pour tous vos types de troupe. Ici, on ne retrouve même pas cette personnalisation. Le type de troupe indique si elles se trouvent au centre de la première ligne, sur les ailes, ou derrière, et lors d’une bataille rangée, les deux lignes qui se font face avancent l’une vers l’autre en se jetant des projectiles et en se chargeant mutuellement. C’est beaucoup mieux à regarder, mais ce n’est pas encore assez tactique. Notons que le terrain n’a pas beaucoup d’influence, excepté pour les fortifications.

Au niveau de l’interface, elle est claire sans être totalement exceptionnelle. Certains sauront pester face au manque de tutoriel, mais le jeu se prend relativement bien en main. Il faudra lire le manuel pour plus de détails. Au niveau musical, c’est pauvre, mais les musiques choisies collent toujours aussi bien à l’ambiance malgré leur côté répétitif. L’ambiance Rogue-like y est du coup très réussie. Au niveau graphique, c’est de la 2D, mais de la 2D qui ne pique pas les yeux et c’est un plaisir de voir ses troupes s’ébrouer. Toutefois n’attendez pas des graphismes fins ni exceptionnels.

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Mes bandes de guerre s’étendent.
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Des unités en grand nombre …

 

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Les carrés verts sont sous mon commandement.
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… et de type très varié.
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Les batailles sont très génériques. L’influence du terrain se fait surtout sentir dans les châteaux et autres forteresses.

Derniers mots

Conquest of Elysium IV prolonge l’expérience des précédents opus en rajoutant plus de diversité, et en engageant enfin un système de combat beaucoup plus intéressant, malgré notre peu d’influence au niveau tactique. Le jeu est très plaisant à manier, et les tours s’enchaînent rapidement, idéal pour jouer avec des amis en multijoueur.

  • Multimédia : les graphismes ne sont pas exceptionnels, les musiques sont adaptées mais peu variées, mais les descriptions sont visibles et accessibles, pour les anglophones en tout cas.
  • Interface : Illiwinter sort toujours un manuel après la sortie du jeu. En attendant, l’interface est touffue mais suffisamment claire pour qu’on s’y retrouve facilement.
  • Gameplay : il est difficile de s’arrêter de jouer avant d’avoir essayé toutes les classes. Les changements du système de combat rendent le jeu plus propre, plus efficace même si cela reste un des défauts du titre. Un conseil : faites-le en multijoueur, ambiance garantie.
  • Diversité, variété, on ne s’ennuie pas.
  • Ambiance Rogue-like assurée.
  • Le multijoueur est là pour encore relever le niveau.
  • Le manque d’information en jeu : lecture du manuel conseillée.
  • Un système de combat amélioré mais trop peu tactique.
  • Interface claire mais aride, accompagnée par des musiques un poil répétitives.
Infos pratiques

Date de sortie : 16 novembre 2015

Studio – Éditeur : Illwinter game Design

Site officiel : www.illwinter.com/coe4/ et cette cette fiche sur Steam

Prix : 22,99 €

N.B. : pour les amateurs de Dominions, sachez que vous retrouverez sur le blog de Sparke plusieurs articles et AAR présentant le jeu en détail.

3 Commentaires

  1. Que rajouter à ce test très complet, si ce n’est re-souligner que COE4 ne diffère véritablement de COE3 que par son module tactique (qui, pour moins abstrait que le précédent qu’il soit, ne laisse effectivement toujours pas la main au joueur) et ses 6 “planes” additionnels (qui semblent d’un accès TRES difficile, et donc d’un intérêt que je trouve pour l’instant hélas limité : vous aurez a priori les moyens de détruire tous vos adversaires d’Elyseum bien avant d’être capable d’envahir ces “planes”).

    Au final, sauf addiction ou soutien au studio Illwinter, on peut s’interroger sur la pertinence pour un nouveau joueur de dépenser 22€ (ou même 19,50€ en ce moment avec la promo de lancement) pour COE4 quand COE3 se trouve facilement à moins de 6€ sur les sites des revendeurs discount.
    Et je ne parle pas de l’opportunité encore plus limitée pour ceux qui sont déjà heureux possesseurs de COE3. Je suis d’autant plus à l’aise pour le dire que, personnellement, je me suis pourtant rué sur COE4 ;-D

  2. Très bon test.

    Je me permettrait aussi de citer Barbazoul sur le forum canardpc qui résume plutôt bien le jeu :

    “Effectivement, ce n’est pas un grand jeu de stratégie à long terme ; c’est plutôt un mélange entre du roguelike et du tour par tour fantastique. On ne prend pas son pied à élaborer des pièges stratégiques retors ou à faire des combos pas possibles entre les unités ou les sorts ; on sort plutôt des parties en ayant l’impression d’avoir vécu une petite histoire sympa où il s’est passé plein de trucs marrants et parfois imprévisibles. Si on aime ce genre d’expérience ludique, c’est de la bonne came. Si on a envie de stratégie plus costaude, vaut mieux effectivement s’orienter vers Dominions 4…”

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