Ah, la Sicile ! Son soleil, ses plages de sable fin, ça donne envie de s’y parachuter de nuit avec une bande de joyeux lurons. Mais ça c’était avant que je ne participe à l’Opération Husky, avant de tomber sur des Pak 40 embusqués et des tanks aux blindages impénétrables…

Les Tigres sortent du bois

Les développeurs de Battle Academy aiment nous faire voir du pays. Dans le quatrième add-on de ce jeu de stratégie au tour par tour, les équipes de Slitherine nous envoient batailler en Italie sous les couleurs des Alliés. A la tête de troupes américaines, anglaises et australiennes, vous aurez comme objectif d’enfoncer les défenses de l’Axe et repousser l’ennemi vers le nord. Et croyez-moi la promenade ne sera pas de tout repos car vous êtes attendu de pied ferme. Le comité d’accueil se divise en deux catégories : les Italiens et les Allemands.

Si les premiers ont tendance à faire preuve d’hospitalité, en fuyant leurs positions et en vous opposant des chars en papier, il faut reconnaître que les seconds ne sont pas facilement impressionnables. Je dirais même que le touriste qui parade de façon un peu arrogante dans son Sherman risque de voir ses vacances rapidement gâchées. Car les Allemands ont tout ce qu’il faut pour vous renvoyer à la mer et notamment leur terrible canon de 88mm, décliné en Flak et en char avec le célèbre Tigre. Soyons clair, je n’ai rencontré que quatre fois l’animal et je n’ai jamais réussi à lui faire de mal. Que vous utilisiez un canon de 76mm ou de l’infanterie lance-roquettes, vous ne dépasserez jamais les 25% de probabilité de destruction face à cet engin. Donc pour peu que vous soyez un peu malchanceux, inutile de vous acharner. A l’inverse la bête aligne un Sherman en mouvement à huit tuiles en un seul coup. Déprimant. Heureusement on ne croise ce prédateur que très rarement dans le jeu. Et comme toute brute qui se respecte, sa force est plus développée que son cerveau. En d’autres termes les Tigre ont beau avoir la capacité de décimer votre armée, ils se désintéressent parfois totalement de capturer les drapeaux conditionnant la victoire. Du coup on gagne parfois sans panache mais l’histoire ne retient pas ce genre de détails !

Chars en mousse et renforts en carton

Mais laissons de côté le matériel allemand, pour nous concentrer sur les nouvelles unités de l’extension à savoir les troupes italiennes. En dehors de certaines déclinaisons du Semovente, les blindés paraissent bien légers à côté du matériel allié. Les Transalpins utilisent même parfois de véritables antiquités comme une version modifiée du R35 français. Inutile de préciser qu’en 1943, ce tank n’est plus du tout d’actualité. Pour compenser cet écart technologique les développeurs vous privent finalement souvent de vos meilleures unités de l’époque. L’add-on fait ainsi la part belle à l’infanterie. A ce petit jeu les britanniques risquent de devenir vos chouchous grâce à leurs ingénieurs aussi dangereux pour les soldats que les véhicules ennemis.

Les cartes de la campagne solo (9 au total) sont très variées et ont bénéficié d’une mise en scène particulièrement travaillée. Entre les parachutages de troupes d’élites, les débarquements et les combats urbains, l’ambiance est très différente d’une mission à l’autre. Malheureusement la difficulté est assez hétérogène et la gestion de l’aléatoire fait parfois défaut. En effet sur certaines cartes le placement des unités de départ (alliées comme ennemies) est générée relativement au hasard. D’un côté c’est excellent pour la rejouabilité car les cartes sont rebattues à chaque lancement de partie mais malheureusement cela donne parfois des situations tout à fait insolubles. Cela saute aux yeux lorsque certains objectifs doivent être accomplis en un nombre de tours définis. Selon le largage de vos unités, vous n’aurez tout simplement pas le temps de réunir vos hommes et d’attaquer les positions tactiques dans le temps imparti.

Plus embêtant encore, on a souvent l’impression de devoir recourir à la méthode du die and retry pour gagner. C’est dû au fait que certains pièges sont imprévisibles et surtout qu’on n’a aucune idée de la présence ou non de renforts. Dans l’add-on Blitzkrieg France (voir notre test) par exemple, on savait dès le départ quelles unités on avait en soutien et à partir de quelle tour elles entraient en jeu. Du coup on pouvait planifier et coordonner précisément toutes nos actions. Dans Operation Husky on est incapable de prévoir quoi que ce soit ce qui est très perturbant pour un jeu de stratégie.

En un sens cela apporte une touche de réalisme puisque cela représente la situation telle qu’elle pouvait être vécue sur le champ de bataille mais dans les faits ça renforce la difficulté de façon artificielle. Et comme rien ne sera épargné à votre cerveau, la taille des cartes a été revue à la hausse. Pour le coup c’est une bonne initiative car cela augmente les possibilités tactiques mais on a plus de mal à se projeter. Autant dans les précédents volets on parvenait à faire coïncider le dernier tour avec la capture du dernier objectif, autant dans Operation Husky on tombe beaucoup moins juste (dans un sens comme dans l’autre).

 

Battle Academy – Operation Husky
Vous aurez l’occasion de mener des débarquements sans aucun blindé !
Battle Academy – Operation Husky
L’IA manque parfois de finesse et peut nous faire certains cadeaux un peu grossiers.
Battle Academy – Operation Husky
Les villes sont de véritables coupe-gorges pour les véhicules qui s’y aventurent.
Battle Academy – Operation Husky
Les briefings à base de BD sont toujours de mise pour notre plus grand plaisir. Les Tigre font déjà peur sur le dessin…

Des évolutions bien discrètes

Les développeurs profitent également de cet add-on pour introduire quelques petits correctifs au niveau du gameplay. Il s’agit bien sûr de simples ajustements puisque le jeu n’affiche plus de bugs majeurs depuis longtemps. On retiendra ainsi deux détails : la possibilité d’échanger la position de deux unités présentes sur des cases adjacentes (pour peu qu’elles aient encore des points d’action) et l’introduction de trois niveaux de difficulté en solo. Sachant que le niveau le plus élevé correspond à la difficulté de base des opus précédents, cela signifie que cette option n’a été introduite que pour rendre le jeu encore plus accessible au plus grand monde. On peut d’ailleurs changer de niveau de difficulté en milieu de partie afin d’offrir une flexibilité maximale au joueur. Les mauvaises langues diront que c’est une manière de compenser discrètement les problèmes mentionnés précédemment mais je me garderais de formuler un tel jugement.

A plusieurs ce n’est pas toujours meilleur

Concernant le multijoueur, on a le droit à 6 cartes inédites même si dans les faits, il s’agit surtout de recyclages du mode solo. Les objectifs sont comme d’habitude plutôt basiques avec de la capture de drapeaux et de l’attaque / défense. On regrettera un équilibrage parfois douteux et des vagues de renforts pas toujours bien placées dans la partie. Les scénarios oscillent entre le très bon et le très moyen. Dans ce dernier cas je pense en particulier aux cartes avec rivières. En effet ces dernières ne peuvent être traversées qu’à un voire deux endroits distincts ce qui rend les affrontements tout sauf stratégiques. A partir du moment où toute manœuvre de contournement est impossible, les combats présentent malheureusement peu d’intérêts…

 

Battle Academy – Operation Husky
Les renforts peuvent venir du ciel et atterrir un peu n’importe où sur la carte.

Derniers mots

Portée par une mise en scène convaincante et un solo accrocheur, Operation Husky est un add-on solide qui devrait satisfaire les fans de la série. Malheureusement cette extension manque de finition et certains choix de game design restent difficilement compréhensibles. Bref la machine commence à tourner à vide, il est temps de passer à Battle Academy 2 !

  • La mise en scène
  • Le théâtre italien bien retranscrit
  • Le gameplay éprouvé
  • La variété des missions
  • Difficulté inégale
  • Le système de renforts
  • La conception de certaines cartes en mode multijoueurs
Infos pratiques

Sortie : 27 mars 2013

Studio / éditeur : Matrix – Slitherine

Site officiel : fiche chez Slitherine (ou chez Matrix)

Extension disponible en VF.

Nécessite Battle Academy. En complément voyez aussi notre test de Blitzkrieg France.