Sorti en novembre 2016, Strategic Command WWII : War in Europe a bénéficié de nombreuses évolutions. Il semblait intéressant de se replonger dans celui qui fut la source d’une nouvelle et belle lignée de titres. Pour cela, une partie en ligne me semblait le mieux. Vous pourrez ainsi bénéficier de la vision des deux camps et être témoins des aléas qui n’y seront pas perçus de la même manière. Voici ici le déroulé de la guerre vu du coté des Allés.

Étant coté Alliés, je suis témoin de la disparition de la Pologne, qui résista brillamment trois tours. De là, à considérer cela comme une victoire, je le fais de suite, car pour la suite cela risque d’être rare.

Stratégies générales à court et moyen terme

Stratégie Française : Tenir le plus longtemps possible. Pour cela rapatriement des troupes d’Afrique du Nord avec le déplacement de la garnison d’Oran vers Tunis pour éviter l’intervention italienne et la baisse du moral français. Les armées sur la ligne Maginot sont remplacées par des corps et envoyées vers Paris. Pas d’investissement dans la recherche, le temps va manquer. La marine se charge de l’Atlantique en espérant trouver et détruire ce croiseur allemand.

Stratégie Anglaise : Abandonner la France ! Pas de suite, mais sauver le QG et l’armée est primordial. Sinon, on coupe la route du fer avec nos navires en mode « raid » et notre sous-marin appuyé du français qui vient de Toulon. Le challenge est difficile, il faut se préparer à un éventuel débarquement adverse tout en modernisant notre industrie et renforçant le Moyen-Orient. Pour cela, construction de blindés et recherche « Guerre de blindés » et « Chars avancés ». Même chose pour l’infanterie avec « Armes infanterie » et « Guerre d’infanterie ». On n’oublie pas les U-Boats avec « Guerre anti-sous-marine ». Côté industriel, l’espionnage, la logistique, la production et l’industrie technologique sont aussi sollicités.
Une fois le débarquement de l’Axe repoussé ou évité, on enverra le plus tôt possible deux unités blindées et une armée au Moyen-Orient, casser de l’Italien et même de l’Afrika Korps.

Stratégie soviétique : On va essayer de ralentir l’avance allemande en semant des garnisons et des corps d’armées. Le développement industriel sera identique à l’anglais, la logistique étant laissée de côté. On va fortifier autour de Moscou et créer quelques armées supplémentaires. La recherche sera terrestre avec « Armes infanterie », « Guerre d’infanterie » et « Guerre de blindés » en priorité.

Pour les États-Unis, l’industrie technologique est prioritaire afin de distribuer allégrement aux Alliés.

Les décisions qui nous sont proposées sont à étudier et des fois nécessaires pour la suite.

Quelques exemples

Aide à la Finlande : obligatoire pour pouvoir lancer une opération sur Narvik plus tard. Le seul « inconvénient » est qu’en cas de succès, l’URSS s’éloigne des Alliés, pas vraiment grave quand de toute façon l’Axe va attaquer. Par contre, les avantages sont : obtention de deux unités de forces spéciales, éloignement de la Finlande de l’Axe.

Narvik : obligatoire, mais il ne faut pas oublier les unités engagées et attaquer de suite pour capturer le port, ni de les évacuer pour éviter leur destruction. En cas de réussite, vous privez l’adversaire de quelques PPM, vous vous repliez à bas coût par le port, vous laissez les Français tenir la position.

Unité espagnole de construction : inutile, le temps qu’elle se mette au travail, la France sera envahie, autant garder nos 50 PPM.

La campagne de France a eu sa rapidité « habituelle ». La seule bonne nouvelle, la BEF est rentrée au complet sur son île. Les défenses sont moyennes, mais devraient s’améliorer rapidement pour éviter un débarquement. Finalement, nous sommes rentrés dans une nouvelle drôle de guerre où on attend de savoir si Seelöwe aura lieu ou non avant Barbarossa. Comme prévu au Moyen-Orient, O’Connor essaie de maltraiter le plus rapidement possible les italiens avant l’arrivée de l’Afrika Korps. L’Axe ne reste pas inactif et le 22 septembre 1940, il envahit la Yougoslavie, qui résistera deux tours.

En 1941, la Western Desert Force a détruit l’armée italienne et sa progression est telle, que l’Allemagne ne peut envoyer l’Afrika Korps, ça c’est vraiment une grande victoire. Les Alliés n’auront pas besoin de débarquer en Afrique du Nord, les ports seront ouverts. Enfin je m’égare dans une crise d’optimisme.

Mai 1941, l’Axe joue son futur en Russie. Bien entendu, je regarde passer le train en espérant tenir jusqu’à l’hiver. Je replie mes forces en sauvant ce qui peut l’être. Moscou est entouré de fortifications. Je remplace toutes les unités éliminées ravitaillées à moindre coût. La situation est très délicate sur ce front, la défense a été mal préparée, la guerre de blindée et le premier niveau de l’« arme infanterie » ne sont pas encore au point.

Finalement, en septembre, j’ai innové et attaqué l’Espagne. On peut ainsi agir depuis Gibraltar et depuis le Nord de l’Espagne où je me suis emparé d’un port, qui nécessite un peu de temps avant d’être opérationnel. En Russie, Léningrad est sur le point de tomber ainsi que Moscou, où Staline est resté. Le tempo est un peu juste mais on va essayer. La guerre de blindés a été développée. Les américains sont à Gibraltar mais ne peuvent traverser à cause de leur neutralité. L’affaire d’Espagne ne se passe pas au mieux, les renforts allemands ont été aussi rapides qu’efficaces. Bien entendu, j’ai oublié de renforcer Mourmansk et l’ai donc perdu, ce genre de grossièreté est inexcusable, mais j’en suis coutumier.

Léningrad est tombé, l’hiver russe a fait son apparition ainsi que les troupes de Sibérie. En Espagne, on a du mal, mais 1942 commence à peine et les USA ne sont toujours pas en guerre. Fin juin, Stalingrad est allemand, mais la situation reste sous contrôle, les américains arrivent. Le mois suivant, le front russe souffre toujours, mais ils ont le moral, les Alliés sont en France, en Bretagne, cela fait trois têtes de pont sur le continent. Maintenant il faudrait juste songer à produire des troupes…

Finalement, Moscou est tombée et je n’ai plus rien à l’Est. Il est vrai que j’ai plein d’unités en préparation, cependant à l’Ouest elles tardent à arriver, qui plus est, je ne peux construire de chars, ils sont tous en formation. Je vais continuer un peu la partie pour voir sinon je concèderais la victoire comme on me l’a gentiment proposé après la chute de Moscou.

1943 est là avec comme toujours le froid salvateur à l’Est. Ainsi, les allemands ralentissent, mais surtout n’éliminent plus nos unités. L’infanterie russe est au niveau deux tandis que les blindés sont à la troisième amélioration. L’industrie occidentale fonctionne à plein régime et je commence à ne plus savoir que produire. L’Espagne bouge encore, alors que la France occupée commence à trembler. Nous sommes rentrés dans la deuxième phase du jeu, celle du reflux de l’Axe. Maintenant c’est la course contre la montre, il faut emporter la décision rapidement. Mars 1943, l’Espagne a capitulé, on s’approche de Paris et les Panzers sont là. Nous allons voir comment le programme réagit si on libère Paris sans envahir la zone « libre ». Le 15 juillet, De Gaulle rentre dans Paris, la France est libérée, mais Vichy est toujours là ! Tout au plus, avons-nous des pressions sur les colonies françaises et sur Vichy à rejoindre les Alliés, mais cette dernière continue à pencher vers l’Axe à 45%. La situation devenant désespérée pour l’Axe, Lynx et moi arrêtons la partie qui dès lors perd son intérêt.

Strategic Command WWII – War in Europe est un défi pour le joueur de l’Axe, qui doit l’emporter très rapidement. Cela peut toutefois arriver face à un joueur « léger ». J’ai ainsi pu voir la capitulation du Royaume-Unis après son invasion en 1940. Autant dire que j’ai rapidement accordé la victoire à mon adversaire… Malheureusement pour Lynx, il est passé après, mais le match retour me semble obligatoire.

Si l’IA s’avère plaisante en solitaire, la partie en ligne est nettement supérieure, elle vous fait découvrir d’autres facettes du jeu et permet de se perfectionner. De plus, le contact « humain » permet d’éclaircir certains points qui nécessiteraient soit de se replonger dans une lecture minutieuse des règles, soit d’écrire sur les forums anglophones pour la plupart.

Strategic Command WWII: War in Europe
1/ La défense de la France s’organise, des corps relèvent les Armées sur la ligne Maginot. Les troupes britanniques sont déjà prêtes à rembarquer.
Strategic Command WWII: War in Europe
2/ Tant que le Danemark n’est pas envahi, couper la route du fer ne coute rien, enfin 40 PPM de moins pour l’allemand.
Strategic Command WWII: War in Europe
3/ Les recherches anglaises, plus vite elles débutent, plus vite elles arrivent. Après, priorité aux unités terrestres.
Strategic Command WWII: War in Europe
4/ La campagne de France commence par l’invasion des Pays-Bas et en laissant la Belgique en paix. Celle-ci ne s’en laisse pas conter et rentre en guerre avec les alliés. Je me contente de la renforcer et reste sur mes positions, elle ne résistera pas bien longtemps et la France non plus comme semblent le penser les unités britanniques. Cette absence d’invasion de la Belgique ne me dit rien de bon. Je sens que je vais avoir droit à un coup de Jarnac et pour l’instant, je ne le vois pas venir du tout. Finalement, rien de cela, le seul coup, je me le fais tout seul en n’oubliant de m’emparer de Narvik ! Continuant sur la lancée, j’envoie la Home Fleet au combat de manière négligente, pour être gentil, et crains de voir disparaitre quelques navires dont un cuirassée. Pour les forces spéciales, je vais les faire rembarquer le plus vite possible afin d’essayer de les sauver.
Strategic Command WWII: War in Europe
5/ Alors que la Yougoslavie a aussi succombé aux hordes fascistes, la Western Desert Force remplit pleinement sa tache en repoussant les italiens de Cyrénaïque. Un transport est en train d’arriver avec une nouvelle armée, alors qu’un corps canadien se dirige vers Gibraltar pour participer à la curée. Si on arrive à mettre les italiens hors-jeu, l’Afrika Korps sera beaucoup moins mordante et on aura une petite chance face à elle.
Strategic Command WWII: War in Europe
6/ C’est bien d’avoir éradiqué l’Axe, mais ou débarquer ensuite ? L’Italie a l’avantage de porter le danger chez l’ennemi, mais s’avère en cas de succès difficile à exploiter, pareil pour la Grèce. Il reste un pays non en guerre. L’avantage est qu’en cas de succès, le pillage apportera un peu de MPP. La Turquie a l’avantage de permettre l’aide au soviétiques, Vichy a l’avantage de permettre une exploitation facile et aussi l’Espagne, qui obligerait l’Axe à envahir la zone libre pour réagir ou nous laisser l’initiative. Le seul problème et de taille est que le Royaume-Uni n’a pas développé la guerre amphibie, il ne peut donc avoir qu’une seule péniche. Il faudra donc frapper un port, le tenir jusqu’au moment où il pourra accueillir des transports, difficile. Pendant ce temps, les transports de troupe US traversent l’Atlantique sans être inquiétés, ils sont neutres…
Strategic Command WWII: War in Europe
7/ L’assaut de l’Espagne depuis Gibraltar accompagné d’un débarquement des forces spéciales et d’une armée. Les troupes américaines sont prêtes à débarquer sur un port ami.
Strategic Command WWII: War in Europe
8/ Novembre 1941, l’hiver russe va arriver. Il ne sauvera pas Leningrad, par contre Moscou devrait tenir. Vivement que les troupes de Sibérie arrivent aussi…
Strategic Command WWII: War in Europe
9/ Avril 1942, vision de la lutte terrible entre les sous-marins et la flotte anglaise. Je viens de perdre une division blindée en mer. Même si l’attaque de l’Espagne n’est pas un franc succès, il doit quand même couter un peu à l’allemand. Rappelons que les coûts limités pour les unités ne sont pas valables pour les troupes mineures. La Bretagne est visible grâce aux bombardements stratégiques, qui montrent l’absence de troupes. Deux divisions aéroportées sont prêtes à s’élancer pour capturer les ports. Montgomery aussi est prêt à débarquer, soit en France, soit en Espagne. Une division canadienne est en approche si on lui laisse l’opportunité de toucher terre.
Strategic Command WWII: War in Europe
10/ Pendant ce temps au Sud de l’Espagne, la flotte italienne nous donne quelques soucis, alors que la tête de pont s’agrandit doucement.
Strategic Command WWII: War in Europe
11/ Et un peu du front de l’Est où la reprise de Leningrad n’est pas d’actualité, ni la chute de Moscou avec l’arrivée des dernières troupes sibériennes à l’Est. Par contre, les recherches laissent à désirer.
Strategic Command WWII: War in Europe
12/ Le sud de l’Espagne a du mal à se développer, un QG ayant malencontreusement disparu au contact de l’ennemi. Un QG US est en approche avec des renforts, encore faut-il qu’on ait de la place pour débarquer.
Strategic Command WWII: War in Europe
13/ Le Nord se décante un peu, Montgomery est là ! En France les parachutistes résistent en attendant que le port soit opérationnel pour acheminer les renforts. On notera que j’évite de détruire la défense allemande, celle-ci obstruant le passage aux troupes ennemis.
Strategic Command WWII: War in Europe
14/ Un petit coup d’œil sur les rapports. Les pertes sont énormes pour le soviétique, mais c’est « normal ». A lui tout seul, il en a plus que tout l’Axe réuni. On a perdu deux fois plus de blindés, par contre la Kriegsmarine a beaucoup souffert avec la disparition de neuf U-boats. On notera aussi que deux transports de troupes dont au moins un était une unité blindée vont servir de repas aux poissons. Sur les autres tableaux, on remarquera que l’Axe a fort peu investi en recherches, ce qui va forcément s’avérer préjudiciable à la longue. N’oublions pas que nous sommes en Aout 1942, que les Alliés ont pris pied sur le continent en trois endroits différents et qu’il serait temps de passer du théorique à la pratique et construire des unités.
Strategic Command WWII: War in Europe
15/ La situation en Espagne en janvier 1943, les italiens tiennent toujours, mais les renforts américains sont en approche.
Strategic Command WWII: War in Europe
16/ En France, Paris est en vue, ici aussi, des troupes sont prêtes à embarquer pour apporter leur appui.
Strategic Command WWII: War in Europe
17/ Et oui, Sébastopol tient toujours ! La situation ici se stabilise comme partout sur le front de l’Est. Les ingénieurs remontent vers la « capitale » provisoire pour préparer sa défense. Ils ont déjà renforcé une future ligne de défense ici dans le cas où il faudrait abandonner le pétrole de Maïkop.
Strategic Command WWII: War in Europe
18/ Le secteur de la capitale, un nouveau QG est en construction et les troupes sont retranchées, ce qui n’empêche pas le déploiement de blindés tout neufs. Pendant ce temps, les partisans occupent un peu les allemands à cache-cache.
Strategic Command WWII: War in Europe
19/ Petit à petit, on s’éloigne de Leningrad et de Moscou, mais le temps joue pour nous sous tous ses aspects.
Strategic Command WWII: War in Europe
20/ 15 juillet 1943, Paris est libéré plus d’un an en avance sur l’Histoire. Vichy continue à prendre l’eau ou les eaux, suivant les personnes. L’Axe étant dans une situation désespérée, la partie s’arrête.

A suivre…

Pour plus d’informations sur Strategic Command WWII : War in Europe, voyez cette fiche chez l’éditeur ou celle-ci sur Steam, ainsi que notre test. Ou encore cet article Drôle de double guerre éclair, un AAR pour Strategic Command 3 (1) et ce précédent court récit d’un début de partie Strategic Command – WWII in Europe : AAR Case White.

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  1. Salut Jacques,

    Merci pour ton AAR. J’ai WWII – War in Europe mais je n’ai pas accroché dans le long terme car le nombre de tours d’une partie est trop élevé à mon goût, quel que soit le scénario… Un autre frein aussi, pour moi, c’est que dans ces wargames historiques et asymétriques il est très difficile d’inverser le cours de l’histoire. Mais à la lecture de ton AAR je comprends que c’est quand même possible… à condition d’être bien costaud :)

    • Salut Tony,
      Tu verras quand tu liras la seconde partie, celle de mon adversaire, que la tâche est quasi impossible avec l’Axe. De plus, le jeu avec des adversaires humains est totalement différent d’avec l’IA. Pour la durée, on peut aussi s’arreter quand la partie n’a plus d’intêret, ce qu’on a fait ici. Quand j’ai vu l’ensemble de la carte avec ce qu’il restait à mon adversaire, l’abandon était la bonne option. C’est vraiment une excellente série (je ne suis pas salarié chez Matrixgames).

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