Ce fut l’un des très grands jeux de la fin des années 1990, un véritable rêve de wargamer et à l’époque une innovation fabuleuse… la série Close Combat revit avec cette « remise à niveau » par Matrix du troisième volet, consacré au front de l’est. Mais huit ans après et malgré quelques ajouts, la magie peut-elle encore fonctionner ?

NDLR : article anciennement publié dans Cyberstratège en 2007.

Je me souviens encore de la sortie de Close Combat 3 en 1999, et des tests dythirambiques de Cyber première version ! A l’époque, j’étais encore plongé dans la défense d’Arnheim et de ses zones de largages sur Close Combat 2… Huit ans plus tard, dans le cadre de sa politique « revival » des années 90 Matrix propose une version « modernisée » de ce jeu mythique ! Mais que penser de cette nouvelle version ?

Portage réussi mais ajouts limités

Tout d’abord, et comme pour les précédentes rééditions Matrix (TOAoW ou War in Russia il y a plus longtemps) il ne s’agit pas d’une « refonte » ou d’une extension mais plus prosaïquement d’une recompilation moderne du jeu, avec de légères modifications du code et l’ajout d’outils de tierces parties.

La nouvelle version est donc complètement compatible XP et DirectX – la compatibilité Vista est moins claire, il semble qu’il faut faire tourner le jeu en compatibilité XP – et coté graphisme, le jeu tourne en 1024 x 768 et permet tous les modes au-delà, y compris en écran large 16-9. La configuration requise est très faible, et tout PC pouvant faire tourner XP le fera tourner sans problème ! De ce coté la nouvelle version évite bien les galères de compatibilité des vieux jeux Win 95.

En revanche, du coté du code, les nouveautés sont plus maigres : pour l’essentiel l’IA a été revu et en effet on souffre de moins de problèmes de pathfinding et de tanks tournants en rond que dans les versions d’origine. Et le jeu lui-même est du … Close Combat pur jus, pas un nouveau produit ! Pour ceux qui découvriraient, voilà l’essentiel : Close Combat met en scène des batailles tactiques (10-16 unités chacune représentant un groupe de combat, une arme lourde ou un véhicule) sur de petites cartes et avec un système en temps réel mais plutôt réaliste. Le joueur compose son armée par un système de points permettant de sélectionner ses unités parmi un ordre de de bataille très riche et complet, de l’équipe de snipers au char lourd parmi tout l’équipement de la période choisie (et en l’occurrence ici pour le front de l’est avec les armées allemandes et soviétiques).

La modélisation est très fine puisque chaque homme a son équipement particulier (armes et munitions, grenades) et pour les véhicules armes et blindages sont gérés de façon réaliste. Chaque membre d’équipage est géré et un char n’avance plus si son conducteur est tué. Mais le point vraiment original de ce Close Combat par rapport aux autres jeux tactiques est que chaque homme à son comportement propre : même si il fait partie d’une équipe, un soldat pourra paniquer et arrêter de suivre les autres, ou devenir « berserk » et charger à la baïonnette sans ordre.

Close Combat est en temps réel non pausable avec cependant des options de vitesse plus ou moins rapide : c’est cela qui rend les parties acharnées et tendues sans que le jeu ne soit une foire au clic du fait du nombre limité d’unités (16 maximum) les ordres se donnant au groupe et pas aux individus. Donner des ordres est très simple et l’interface est excellente : un clic droit sur une unité (qui peut être sélectionnée sur la carte ou sur la fenêtre en bas d’écran donnant la liste des unités) ouvre une fenêtre listant les ordres au nombre de huit : marcher, courir, prendre d’assaut, tirer, tirer des fumigènes, défendre sur place ou s’embusquer (ces ordres sont également accessibles par une simple touche sur le clavier de manière très logique. Une fois l’ordre sélectionné on choisit la destination ou cible, un fil allant de l’unité au curseur de souris permettant d’évaluer la ligne de vue. Et voilà !

Outre la possibilité de sélectionner directement les unités la fenêtre listant les unités donne toutes les informations nécessaires : état du moral, nombre de pertes, ordre en cours, et une autre fenêtre donne le détail homme par homme sur l’unité actuellement sélectionnée. Enfin une fenêtre de message informe le joueur, et des options permettent d’afficher en codes couleurs la santé, le moral ou le niveau de protection des unités… Il est donc vraiment facile de suivre d’un coup d’oeil tout ce qu’il se passe.

Le système de combat, les distances de tirs, les effets des armes, les dégâts etc. sont simulés de façon réaliste et l’utilisation de tactiques éprouvées est nécessaire. Mais en solo gagner est assez facile et cette nouvelle version ne présente pas un saut qualitatif dans ce domaine. L’IA reste incapable de défendre une position (des unités sortent de leur tranchées pour contre-attaquer, ce qui aurait pu facilement être corrigé !). En choix de troupes l’IA choisit toujours beaucoup de blindés comme dans Close Combat 3 mais de façon un peu moins marquée.

Le graphisme est fin mais cela reste de la vraie 2D en vue fixe du dessus et les hommes sont vraiment minuscules sur un écran moderne… L’ambiance sonore en revanche a toujours été un point fort des Close Combat avec des bruits d’armes réalistes et le cri des hommes blessés ! Bizarrement il n’y a pas de bruits de moteur, les tanks avancent dans un complet silence …

 

Encore plus de scénarios

Le jeu propose énormément de scénarios et de cartes, 25 ou 30 de plus que le Close Combat d’origine, le choix est donc grand. En plus du mode scénario simple, Cross of Iron propose un mode campagne gardant le système de Close Combat 3 : on enchaîne les scénarios dans des opérations qui comportent plusieurs cartes et ensuite les opérations dans les « campagnes », une grande « campagne » permettant de jouer de 1941 à 1945 ! Dans ces opérations vous devrez réarmer, reposer et renforcer vos unités d’une bataille à l’autre et elles pourront gagner médailles et expérience. De plus le joueur officier sera promu ce qui lui permettra de contrôler un peu plus d’unités.

Ces campagnes sont quand même très linéaires, on enchaîne une carte après l’autre quand les objectifs ont été pris, il n’y a pas de niveau stratégique comme dans les campagnes de Close Combat 2 et 4 où l’on devait gérer les troupes disponibles à divers endroits du front. Et les points de remplacement gagnés permettent rapidement de transformer les unités d’infanterie en blindés ce qui n’est pas réaliste et fait perdre l’intérêt de la progression des unités.

Coté multijoueurs la nouvelle version propose deux nouveautés assurées par des programmes externes : un site de matchmaking (combathq) permettant de trouver des adversaires et de lancer des parties – celles-ci ne se jouent toujours qu’à deux – et un surprenant système de campagnes massivement multijoueurs appelé MMCC3 (NDLR : système abandonné depuis, cf. cette annonce) qui permet aux joueurs de se lancer dans une campagne dynamique du front de l’est. Je n’ai par contre pas réussi à m’y connecter.

Enfin le jeu est livré avec un gestionnaire de mods (qui au passage existait déjà avant et marche pour les autres jeux de la série Close Combat) permettant de changer de paramétrage facilement : depuis longtemps Close Combat 3 a été le jeu de la série le plus moddé par la communauté de fans et ses mods sont maintenant portés pour Cross of Iron. On trouve déjà des mods complets pour jouer la campagne de Pologne, de Finlande ou la Première Guerre mondiale.

Cross of Iron est donc une version juste réactualisée du bon vieux Close Combat 3 : les possesseurs de l’ancienne version ne verront pas beaucoup de différence, mais c’est tout de même un excellent produit et cette réédition est une occasion de (re) découvrir ce jeu mythique sans soucis de compatibilité de matériel.

 

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Notes
Note de Cyberstratège - Pour un débutant
80 %
Note de Cyberstratège - Pour un vétéran
60 %
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close-combat-cross-of-iron-le-retour-dun-veteranLe 2 avait une campagne bien mieux faite et Cross of Iron propose la même chose, avec très peu de changements depuis la version de 1999.... C'est par contre une bonne occasion de découvrir le jeu pour ceux qui ne connaissent pas la série, et de pouvoir y jouer sans souci de compatibilité, ce qui n'est pas négligeable.

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