J’ai vécu comme un choc l’irruption de Combat Mission sur les tablettes à la pomme, il y a deux ans. C’était la preuve par l’exemple que les tablettes informatiques pouvaient sérieusement concurrencer les PC comme support de jeux de guerre de qualité. En mauvais élève, je suis pourtant resté fidèle à la version originale du jeu. Ma réticence persiste malgré la récente mise à jour de Combat Mission Touch.

Patch 1.5 et faux départ

L’importante mise à jour 1.5 diffusée par Battlefront au début d’avril s’est avérée injouable pour bon nombre de possesseurs d’iPad. Tout scénario, y compris le tutoriel, s’interrompait pendant la première minute de jeu. Heureusement, l’éditeur a réagi promptement en recourant à une procédure accélérée prévue par Apple et a tout de suite publié une version 1.5.1 fonctionnelle.

Selon la liste d’améliorations fournie, l’effort de mise à jour a beaucoup porté sur l’interface et la gestion de la caméra. Je n’ai pas constaté de révolution à ce chapitre, sinon que les mécanismes paraissent davantage épurés. Après quelques tâtonnements — il n’y a pas de manuel et le tutoriel vidéo est succinct —, on finit par se caler sur quelques gestes efficients, tel ce léger glisser-bas qui nous propulse en avant, tandis qu’un clic sur le cadenas de verrouillage de la caméra la ramène tout près de l’unité sélectionnée.

Le jeu en temps continu s’ajoute désormais au tour par tour, y compris en multijoueur, ce qui est une excellente nouvelle. Personnellement, vu la progression rapide des unités qui effleurent plus qu’il n’arpentent le terrain, je conserve une préférence pour la segmentation en tours.

Les performances générales du programme ont aussi été améliorées, et une autre modification digne de mention concerne l’affichage du texte en allemand, espagnol et français. Initiative à la fois louable et maladroite, les lettres accentuées françaises étant absentes

Vue en coin

Le joueur peut passer outre cette écriture elliptique puisque les directives à l’écran sont courtes et univoques. Seules les présentations des scénarios ont une longueur conséquente, mais là le contenu est également en faute : on y raconte les événements militaires qui ont inspiré le scénario plutôt que de camper le contexte tactique précis qui attend le joueur. On part donc en guerre sans plan de match.

Une fois sur le terrain, il faut valser quelques minutes avec la caméra pour s’approprier la géographie des lieux. L’angle de vue est boulonné au zoom : plus on élève la caméra et plus notre regard se rabat au sol. Ce n’est qu’en abaissant la caméra à la hauteur des toits qu’on réussit à percevoir l’horizon. En l’absence de mini-carte tactique, adieu la vision d’ensemble.

Précision et approximation

La signature de la seconde génération de Combat Mission est l’ultra-précision de la balistique, à l’homme et à la balle près. On trouve un peu de ce chrome dans Combat Mission Touch. Par contre, le jeu souffre de plusieurs lacunes qui écornent sa valeur tactique.

Première gêne, les déplacements sont indiscrets. Si on peut « avancer », « traquer », « courir », « tirer » et « se cacher », on ne peut pas « ramper ». Le moindre changement de position nous révèle ainsi à l’ennemi. Dans ces conditions, les assauts tournent en tirs aux canards pour les défenseurs.

L’IA, de son côté, fait une interprétation douteuse des situations tactiques. Tantôt les deux camps s’invectivent d’un bout à l’autre de la carte, sans incitation de notre part, tantôt les unités restent aveugles au passage d’un ennemi à 15 m. Dans les scénarios où l’IA a un rôle offensif, elle pousse imprudemment ses troupes droit sur les objectifs. La riposte la plus appropriée est dans le même ton : le joueur n’a qu’à masser ses hommes sur le parcours ennemi et laisser les soldats régler leurs comptes.

Au mieux un amuse-gueule

Évidemment, contre un humain, les choses gagnent en subtilité. Mais avec une vingtaine d’unités disséminées sur une carte de 4 km carré, l’affrontement s’apparente davantage à une partie de cache-cache qu’à une bataille rangée. Les minces lignes ennemies sont faciles à percer ou à contourner, et on se retrouve en moins de cinq minutes à se chamailler autour de l’objectif.

Le choix le plus logique est donc de renforcer la défense des objectifs, tout en disposant un ou deux pièges sur le trajet de l’attaquant. Rien de tel, en effet, qu’un lance-roquettes dissimulé derrière un repli de terrain pour mettre à mal un char isolé !

Plage Debarquement
Le 6 juin 1944, le bronzage n’était pas de mise sur les plages de Normandie…
GC Sholze Bout portant
Pendant près de 30 secondes, cette unité antichar a tenu tête, à bout portant, à pas moins de 8 unités ennemies. Elle aura le temps de détruire un deuxième blindé avant d’être exterminée.
GC Sholze Panther sur objectif
Ce Panther campe sur l’objectif depuis plusieurs minutes. Malgré leur approche sournoise, mes deux Sherman n’en viendront pas à bout.
As Panzer Pont trop loin
Situation au début du scénario « As Panzer ». Un pont trop loin pour les Allemands ?
Plage unite aveugle
Cette mitrailleuse légère en casemate, pourtant dans un état « OK », regarde passer les GI sans réagir.
Tutoriel observateur clocher
Les clochers constituent un poste idéal pour l’observation d’artillerie.

Avec seulement sept courts scénarios (trois de plus avec l’extension) et ce maigre menu tactique, on a rapidement fait le tour de Combat Mission Touch et on en retire peu de matière utile à notre trousse de meneur d’hommes. Sans être un mauvais jeu, pour un vétéran de la série, cette déclinaison n’est pas non plus le Combat Mission de poche que l’on aurait pu espérer. Battlefront a préféré fabriquer un autre jeu, plus léger et — toutes proportions gardées — plus imparfait.

  • Maintenant en version française.
  • Petit prix et facile à jouer.
  • Combat Mission dénaturé.
Infos pratiques

Date de sortie : avril 2012

Éditeur / Studio : Battlefront

Site officiel : fiche du jeu chez l’éditeur

Prix : 4.99 $ sur iTunes / 2.16 € sur Google Play.

Disponible pour iOS et pour Android.