Voilà quelques semaines je revenais de mon voyage de noces en Russie, une magnifique croisière entre la ville des Tsars, martyre de la Grande Guerre Patriotique, et la capitale actuelle de ce beau pays, que l’on venait me proposer de tester un jeu sur la révolution d’octobre, comment pouvais je refuser ? Après avoir “perdu” des heures de mon précieux temps sur Les Campagnes de Napoléon, Birth of America et American Civil War, j’installais donc le petit dernier du moteur AGE, curieux de savoir à quoi il allait ressembler.

Premier contact, rien à signaler

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Ageod rentabilise son moteur, en effet, pas grand-chose de neuf depuis leur premier jeu, Birth of America. On clique-déplace les portraits des chefs ou des unités sur une superbe carte, puis on clique sur fin de tour et tout se résout automatiquement.

On a toujours droit au système de gestion hiérarchique célèbre depuis American Civil War, pour lequel il faut créer des divisions, puis des corps et des armées afin d’avoir des unités combattantes avec un maximum de bonus, tout ça est du rebattu dans la série, mais est toujours aussi agréable.

L’interface est sobre et agréable, quoique toujours lente même sur des machines modernes, le scrolling de la carte est saccadé, de même que le zoom, la souris n’a pas un déplacement fluide, bref, ça sent le moteur non optimisé, alors que franchement la qualité graphique (amplement suffisante pour un wargame), nous fait nous attendre à un jeu plus fluide.

Les dessins d’unités et les portraits des chefs sont toujours aussi beaux, la carte finement détaillée, c’est un plaisir pour les yeux. La musique aussi, on aura bien entendu droit à l’Internationale (en V.O. quand même) et bien sûr à Kalinka (les Russes doivent se dire que les occidentaux ne connaissent que cette chanson, il n’y a qu’a voir les vendeuses de balalaïka qui vendent les partitions de Kalinka …), mais également certains airs cosaques très sympathique. Tout cela, avec une interface stylisée « d’époque », est très immersif, comme toujours avec les jeux Ageod.

Le système de jeu, comme je le disais plus haut, fonctionne selon les standards de la série, il s’agit d’un mode en tour par tour simultané (WeGo), chaque joueur donne ses ordres, puis ceux-ci sont résolus simultanément. Ce système se prête bien à la période, et il n’y a franchement rien à y redire.

A chaque jeu son ambiance, ici, même le menu vous plonge dans la révolution rouge.
Le jeu est, comme d’habitude chez Ageod, agréable à l’œil et à l’oreille.

L’originalité du front

En 1917, un groupe de mécontents menés par Vladimir Ilitch, plus connus sous le nom de Lénine, se servent de la lassitude de la Grande Guerre pour renverser le Tsar Nicolas II (puis finalement l’assassiner, lui, sa famille et le précepteur du prince, le fameux Raspoutine). La lutte entre ces Bolchéviks (les Rouges) et les fidèle à la monarchie (les Blancs) déchirera la Russie jusqu’en 1923 et la victoire Rouge.

Revolution Under Siege vous entraînera à travers dix scénarios (dont trois pour le didacticiel), depuis la guerre Finlandaise (remportée par les blancs) jusqu’à la victoire bolchévique finale.

Ici, point donc de fronts bien établis, mais une guerre civile faite de raids, de guérilla, mais aussi de sièges et de batailles rangées lorsque les conditions s’y prêtent. De plus, comparés aux précédents opus du moteur AGE, des innovations technologiques viennent enrichir les stratégies possibles, blindés, trains blindés, et bien sûr, l’aviation.

Tous ces éléments donnent un gameplay assez mouvant, les unités pouvant souvent s’infiltrer pour frapper derrière les lignes ennemies, les ports, une fois libérés des glaces permettant d’audacieux débarquements, et comme toujours avec Ageod, l’accent est mis sur le ravitaillement et la météo, ce qui incite les généraux à ne pas se fier uniquement à la doctrine de la « bataille décisive », mais bien à jouer sur l’attrition et la dispersion des forces.

La carte générale aide à planifier sa stratégie globale.
La Finlande, du froid, des eaux gelées, et des rouges pour se réchauffer !

Marteaux, faucilles, et multijoueurs

Contrairement à d’autres jeux Ageod, la construction de nouvelles unités de combat est totalement contrôlée par le joueur (contrairement à American Civil War ou il décidait simplement du recrutement et dans les autres jeux ou le joueur ne gérait que les remplacements).

Le joueur dispose de ressources (conscrits, fournitures de guerre, argent …) permettant de créer les unités, dans les grands centres de recrutement. Puis, en quelques semaines, les conscrits viendront emplir les rangs de cette coquille tout d’abord vide, et les officiers lui donneront forme. Au bout de quelques semaines, vous aurez de nouvelles brigades à envoyer dans le grand hachoir à viande.

Le territoire ne se gagne pas que par les armes (contrôle militaire) mais aussi dans les cœurs et les esprits (loyauté), car en plus des deux principaux protagonistes (blancs et rouges) certaines régions peuvent soutenir les « verts » (sans rire), c’est-à-dire les révoltes paysannes.

Comme de bien entendu, le multijoueur reste possible, soit en jeu en direct, soit par échange de mails. Encore une fois, ce jeu se prête, de part ses mécanismes, particulièrement bien au jeu par correspondance.

Cependant, la création de parties multijoueurs, comme dans les autres jeux Ageod, est un peu « bancale ». Pas de mode multijoueur à proprement parler, l’hôte lance une partie à la manière habituelle, sauvegarde dès le début, envoie un des fichiers à son adversaire, et attends d’avoir reçu une réponse pour recharger le jeu en plaçant le fichier en question dans le dossier de la sauvegarde, joue son tour puis clique sur fin de tour. Cela fonctionne, certes, mais à une époque où l’on trouve de plus en plus de jeux avec un système automatisé d’échange des mails (Battle Academy, Field of Glory en sont un parfait exemple) cette façon de faire paraît désormais un peu dépassé.

Les batailles sont gérées automatiquement, mais beaucoup de facteurs influençables par le joueur entrent en compte.
Un simple glisser-déposer suffit à lancer la formation d’une nouvelle unité.
Le paradis des number crunchers.

Conclusion

Revolution Under Siege est un bon jeu, dans les standards d’Ageod. De par son thème original il n’est pas spécialement destiné au grand public, le rythme est lent, il faut planifier ses choix longtemps à l’avance, et il y a rarement des batailles décisives. Il faut parfois savoir refuser le combat, jouer sur l’attrition, bref on est bien sûr très loin d’un STR ou d’un Total War, et complètement dans un wargame dit de “grand strategy”. Alors messieurs de Ageod, maintenant à quand le front de l’Est en 1941 ?

  • Sujet peu traité
  • Ambiance sonore et visuelle
  • Qualité de la simulation
  • Moteur de jeu peu optimisé
  • Chargements longs
  • Multijoueur pas forcément intuitif
Infos pratiques

Date de sortie : novembre 2010.

Jeu édité et réalisé par AGEOD.

Site officiel : www.revolutionundersiege.com (démo dispo à télécharger).

Testé principalement sur un PC portable Celeron 2.13 Ghz dual-core avec 2Go de RAM.

NDLR : article initialement paru sur le site de Cyberstratège en 2011.

1 commentaire

  1. La critique du jeu me parait juste, mais cette phrase :
    “En 1917, un groupe de mécontents menés par Vladimir Ilitch, plus connus sous le nom de Lénine, se servent de la lassitude de la Grande Guerre pour renverser le Tsar Nicolas II (puis finalement l’assassiner, lui, sa famille et le précepteur du prince, le fameux Raspoutine).”
    est extrêmement erroné.
    Le nom de Lénine est Vladimir Ilitch Oulianov. Vladimir Ilitch, c’est le Prénom + le patronyme, c’est-à-dire l’équivalent (en très gros, et en plus important et plus utilisé quand même) du deuxième prénom. C’est donc bizarre de l’appeler ainsi.
    Lénine renverse le gouvernement provisoire, par le Tsar Nicolas II, déjà renversé en Février. On peut discuter de l’impact de la lassitude de la Grande Guerre sur cette seconde révolution.
    Raspoutine n’a jamais été le précepteur du Prince.
    Raspoutine a été assassiné en 1916 pour des raisons n’ayant rien à voir avec le communisme.

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