Très représentée dans le domaine des jeux d’histoire, et même des jeux vidéo tout court, la Seconde Guerre mondiale est une source d’inspiration jamais démentie en matière vidéoludique. Strategic War in Europe, sorti discrètement début juin et ressorti fin août chez Matrix, n’échappe pas à la règle, lui qui vous met à la tête d’un ou plusieurs pays d’Europe (et partiellement des États-Unis) entre 1939 et 1945. Vous l’aurez compris, le thème n’en fait donc pas un jeu des plus originaux.
La forme
Si l’environnement graphique et sonore de ce genre de titres est souvent médiocre (mais l’intérêt n’est pas là), force est de constater que Strategic War in Europe est un jeu aux graphismes pas très réussis. La carte est assez peu détaillée, les unités sont sous forme de simples pions qui ne diffèrent presque pas d’un pays à l’autre, les menus sont sommaires. Les sons se limitent à leur plus simple expression mais les musiques d’allure martiale collent assez bien au thème.
On se croirait presque devant le premier Strategic Command, qui date pourtant de 2003. Il est tout de même dommage d’écrire cela en 2012. Cette forme assez décevante ne prend son intérêt que si l’on approche le jeu sous l’angle d’un wargame light, ou tout simplement d’un boardgame. En effet c’est d’abord en ce sens que le jeu a été développé. Mais même pour un simili “jeu de plateau” la forme aurait pu être plus soignée.
Le fond
Comme annoncé en introduction, il va s’agir de mener un ou plusieurs pays (on peut par exemple contrôler tous les pays de l’Axe) à la victoire, en débutant en 1939, 40, 41, 42, 43 ou 44. Le jeu se déroule en tour par tour, avec en option un mode multijoueur pour quatre personnes en hotseat ou en PBEM, chacun de ces tours représentant un mois de temps réel. Sur la carte sont représentés les villes, ports et autres lieux de production fournissant les points de production (PP), indispensables à l’achat, l’amélioration et au renforcement des unités, mais aussi à la recherche et à diverses actions.
Car recherche il y a, le jeu offrant autre chose que l’unique gestion des combats. Toutefois, les modules recherche (on investit des PP pour accélérer la recherche dans une demi-douzaine de champs environ) et diplomatie (déclaration de guerre, influence d’un neutre pour rejoindre l’alliance ou tentative de coup d’état…) sont réduits à leur plus simple expression.
Les unités contrôlables sont les suivantes : l’infanterie (à pied, aéroportée ou motorisée), les blindés, les chasseurs, les bombardiers (tactiques et stratégiques) et plusieurs types de navires (porte-avions, cuirassé, croiseurs, sous-marin…). Rien que de très normal vu la période traitée, bien qu’il manque des sous-types comme les troupes de montagne, l’infanterie mécanisée ou différents types de blindés, qui ne sont pas adaptés à l’échelle du jeu. La formation la plus petite est le corps d’armée et la plus forte l’armée. Il est possible, moyennant des PP, de les renforcer et faire évoluer au niveau technologique supérieur.
Chaque unité a, très conventionnellement, des points d’actions lui permettant de se déplacer et de combattre. Sa force et sa capacité de combattre dépend de son type, de son ravitaillement et commandement (entre autres), des généraux historiques (assez peu par pays) pouvant lui être attaché, du terrain ou de la météo. Les avions font leur travail habituel (reconnaissance, bombardement…) et les navires aussi (bombardement côtier, transport maritime…). La gestion des convois et leur protection sont présentes, ce qui est appréciable : coupez l’arrivée de ravitaillement aux Britanniques en Afrique du Nord et votre travail en sera simplifié ! Idem pour les chemins de fer : leur possession empêchera les redéploiements rapides de l’ennemi et diminuera l’efficacité du ravitaillement, comme on peut s’en douter.
Les limites
Celles-ci résident principalement dans le fait que seule l’Europe est jouable (la carte faisant 68 hexs sur 47). Les États-Unis n’ont que la côte Ouest de représentée. Cela limite singulièrement les possibilités. Heureusement, l’Afrique du Nord et le Proche-Orient sont présents. De plus, le jeu est finalement assez court (ce qui est un avantage pour des parties rapides), du fait de ses tours d’un mois (70 tours pour la plus grande campagne). Ceux-ci empêchent de bien se préparer, de façonner la stratégie du pays choisi en profondeur, contrairement à la série Hearts of Iron, ayant un scénario débutant en 1936 (voire même trois ans plus tôt avec le mod 33).
Bien sûr, les deux jeux n’ont pas la même échelle et les mêmes buts… Tout de même. Et puis avoir un corps d’armée comme unité la plus petite, sur une carte peu détaillée, est handicapant au niveau des possibilités. D’autant plus quand on ne peut empiler les unités sur un même hexagone.
Pour conclure
Au final, Strategic War in Europe ne se distingue de la concurrence qu’en tant que boardgame transposé sur un écran d’ordinateur. Sinon face à d’autres wargames PC son contenu ne tient pas beaucoup la comparaison, et c’est sûrement là le plus gênant. Un Time of Fury (voir notre test), du même studio, ou un Strategic Command 2 seront alors sûrement plus intéressants. Certes, on terminera en rappelant que Strategic War in Europe a pour lui un prix assez peu élevé et qu’il est facile à prendre en main. A réserver donc aux néophytes et aux joueurs ayant peu de temps.
- Sorte de boardgame WW2 bon marché et facile d’accès
- Parties rapides pour les plus pressés
- Tour par tour en local, hotseat ou PBEM
- Contenu limité
- Graphismes très peu réussis
- Quasi pas d’originalité
- Jeu en anglais uniquement.
Sortie : 8 juin 2012 (le 23 août chez Matrix)
Éditeur / développeur : Matrix Games / Wastelands Interactive
Site officiel : site du studio / fiche chez Matrix Games
Prix éditeur : 12.99 € (en téléchargement), 21.99 € (en boîte, téléchargement offert)
Vous trouverez sur le canal Youtube de Wastelands Interactive plusieurs vidéos présentant le jeu. Il est aussi actuellement possible de voter sur Greenlight pour que Strategic War in Europe rejoigne le catalogue Steam.
L’artillerie n’est pas distinguée de l’infantrie ?
vu l’échelle, il n’y a pas de raison à cela !