Tandis que Operation Star bénéficiait récemment d’une remarquable promotion sur un site de vente en ligne (voir ce fil du forum), le tout récent volet de la série renommée Graviteam Tactics poursuit quant à lui son bonhomme de chemin sur Steam. Quelques heures de jeu passionnantes, soldées par une cruelle déconvenue, auront suffit à me persuader d’en rédiger un bref compte-rendu dans ces colonnes. La série se bonifie une nouvelle fois avec cet opus et il eut été coupable de ne pas en faire mention.

Dès la prise en main, deux choses sautent d’emblée aux yeux du vétéran de Achtung Panzer – Kharkov 43 (voir cet article) et Operation Star (voir ce test). Tout d’abord, l’évolution perceptible des graphismes ; déjà superbes dans les deux premiers volets, ils sont ici encore un cran au-dessus, avec l’accent mit sur l’apparence réaliste des environnements naturels.

On se souviendra avec amusement de l’aspect artificiel que revêtaient les buissons et les arbres dans Kharkov 43 tout particulièrement. Ils sont désormais nettement plus convaincants. Les nuages de poussières et autres fumées volumétriques font également meilleur effet. Tout au plus pourra-t-on regretter, période de l’année oblige, l’absence de neige sur la steppe.

En second lieu, on remarquera les progrès immenses accomplis par les développeurs pour rendre leur jeu plus accessible à la majorité et j’entends par là, aussi bien aux grognards qu’aux débutants. Dès le didacticiel, la surprise est agréable. On a enfin l’impression d’avoir acheté un véritable jeu moderne et non plus une version de démonstration technologique destinée à quelques élites éclairées et omniscientes.

Non pas qu’il s’agisse ici de renier l’intérêt évident des titres précédents mais le fait est que la démarche préalable consistant à tourner le dos à des décennies de recherche ergonomique, dans le domaine des interfaces comme dans celui des conventions graphiques, semble ici avoir fait son temps. C’est aussi rassurant pour l’évolution de la série, qu’agréable pour la pratique de ce titre.

Si la présentation des options sous forme de tableau s’étalant sur plusieurs lignes perdure, le fait est que la présence d’un didacticiel digne de ce nom, bien qu’encore loin de fournir une vision complète des possibilités de gameplay, s’avère un soulagement pour le joueur découvrant la série. L’autre événement majeur parmi les évolutions notables prend la forme d’une roue de menus concentriques accessible via un clic droit dans l’espace de jeu. Toutes les possibilités d’ordres envisageables (ou peu s’en faut) tombent ainsi à portée du curseur de votre souris.

Les vétérans également amateurs de jeux de rôles reconnaîtrons dans ce principe la filiation à un jeu comme le Neverwinter Nights de Bioware paru à l’aube des années 2000. À l’époque déjà, cette innovation d’alors se prêtait à controverse, tant certains n’aurons jamais pu s’y accoutumer. Gageons que quinze ans plus tard, les habitudes ayant sensiblement évoluées, cette ergonomie circulaire séduira davantage. Le fait est que cela s’avère fort pratique et rapide à l’usage, même si les clics malencontreux ne manqueront pas de contrarier parfois dans le feu de l’action.

Entre les pop-up désormais omniprésents et la profusion d’icônes, globalement explicites ou nécessitant un apprentissage via le manuel, lui aussi totalement remanié et un peu plus digne d’un tel jeu, tout est dorénavant conçu pour prodiguer clairement le maximum d’information et d’aide au joueur. Ce manuel justement, résume assez bien la nouvelle philosophie prévalant. En effet, dans celui-ci le texte explicatif représente la portion congrue, au bénéfice d’icônes omniprésentes. S’il s’agit quasiment d’une révolution, un dicton supposant qu’une image vaut un long discours, en pratique cette profusion ne remplacera jamais efficacement un bon texte explicatif.

La difficulté semble être, pour les développeurs, de trouver un équilibre fragile qu’ils peinent à atteindre. Encore une fois, avec ce Mius Front, c’est mieux mais loin d’être satisfaisant. On se perd un peu entre ces icônes et les menus concentriques, aux développements multiples. Pour ce dernier, les batailles nocturnes représentent l’écueil majeur, effets de transparence obligent.

Comme si Graviteam désirais finalement souligner les analogies entre leur série Tactics et les Combat Mission de leur confrères de chez Battlefront, Mius Front propose un module de batailles rapides très intéressant. Le jeu, en lui-même bâtit autour de la campagne opérationnelle ayant pour cadre la région de Saur-Mogila et de la rivière Mius, développée sous son aspect soviétique et allemand, avec donc deux campagnes complémentaires, offre également un module tactique permettant de choisir son camp, ses troupes ainsi que l’heure et la localisation précise de l’affrontement, sur la carte globale (140 km² cela laisse une certaine latitude…).

 

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Tout bon briefing commence avec l’exposé clair des conditions de déploiement.
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Comme toujours, le jeu offre des contrôles clavier exhaustifs.
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Vous ne rêvez pas, ces neuf vignettes représentent l’accès à autant de volets du didacticiel !

 

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En rouge, les zones échappant à la vision de l’équipage. Notez les icônes latérales ; celles de droite concernent les messages importants, avec leur heure d’arrivée.
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Notez les cônes de vision, respectivement, du chef de char, du tireur et du pilote. Tout comme l’essentiel des icônes visibles, ceux-ci sont escamotables à la demande.

Évidemment, le type d’affrontement reste à votre discrétion, ainsi que la présence ou non d’alliés, dans chaque camp et le rôle de l’IA dans leur commandement. Ce module s’avère très souple et relativement simple d’utilisation, grâce notamment aux explications concises fournies dans le didacticiel.

Sachant que le pendant à cette fonctionnalité offerte par les différents Combat Mission demeure l’un des attraits de cette série, la démarche de Graviteam paraît frappée au sceau du bon sens. Le fait est qu’elle constitue une réussite notable, tant ce module offre du plaisir de jeu tout en constituant une façon remarquable d’apprendre ou de tester, stratégies et unités diverses.

On notera toutefois que cette réussite, dont l’IA clairement remaniée n’est pas le moindre des arguments, s’accompagne malgré tout et c’est d’autant plus regrettable, d’un échec frappant relatif à l’absence conjointe d’un module multijoueurs digne de le valoriser. Si le module présente bien son icône dans le menu principal, le fait est qu’il demeure actuellement inutilisable ou peu s’en faut, dans la mesure ou cette icône ne permet l’accès à aucun lobby de jeu et qu’en fait de multi, il n’est que possible d’accéder péniblement (n’ayant pas mené au bout les investigations sur ce chapitre, je m’en remets aux témoignages d’autres joueurs) à une partie en connexion directe.

L’avenir devrait voir Graviteam offrir un véritable module multijoueurs, avec lobby et probablement des cartes spécifiquement conçues mais cela demeure actuellement au chapitre des promesses.

Tout aurait pu aller pour le mieux, dans le monde idyllique du wargame moderne, si l’ami Microsoft n’était venu, toujours au plus mauvais moment, comme il se doit et par l’entremise d’un programme tiers indispensable au fonctionnement de certaines applications, gâcher mon plaisir de jouer.

Il faut savoir que Graviteam, comme nombre de développeurs proposant leurs jeux sur la plate-forme de Valve, profitent des facilités ainsi offertes de les mettre à jour sans importuner les joueurs, pour publier de fréquentes volées de patches et autres DLC. C’est lors de l’une de ces mises à jour qu’un dommage collatéral provoqué par un bug dans l’installation des bibliothèques C++ de Microsoft rendit ma version de Mius Front absolument inutilisable !

Impossible, malgré des tentatives désespérées de réinstallation, d’éradiquer ce bug et de continuer à jouer. Parties perdues, ce qui ne serait qu’anecdotique si le jeu acceptait encore de se lancer, ce qui n’est malheureusement pas le cas. Donc, si comme moi, votre version de Windows 10 présente un bug d’installation de ces bibliothèques (indiqué par un message d’erreur se terminant généralement par 03, 1603 en l’occurrence), sachez que vos probabilités de ne pouvoir simplement installer le jeu seront de l’ordre de 100% et que dans ce cas particulier un achat est alors fortement déconseillé, jusqu’à plus ample informé.

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Avec ces menus concentriques, Graviteam tente de réduire l’impact de l’interface à l’écran ; chacun se fera son idée du résultat.
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Cet écran de profil en dit « long » sur le peu de progrès accomplis avant « l’accident » qui a fait sérieusement bugger ma version du jeu …
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La visualisation des frappes aériennes, ici deux unités de bombardiers IL-2 familiers des amateurs de la série de Maddox Games constitue un plaisir non négligeable.

Points positifs

  • De gros efforts sur l’interface graphique et l’accessibilité.
  • Un excellent module de combats rapides et un didacticiel plutôt satisfaisant.
  • Visuels encore améliorés.
  • Un souci de fidélité historique et de réalisme très plaisants. Belle encyclopédie visuelle.

Points négatifs

  • Les défauts de ses qualités ! Pléthore d’icônes et des menus “novateurs” pas forcément pratiques.
  • Seulement deux campagnes jouables des deux côtés c’est vraiment peu, même si des extensions devraient suivre, comme pour Operation Star.
  • Carte stratégique parfois confuse.
  • Multijoueurs aux abonnés absents.
Notes
Multimédia
85 %
Interface
70 %
Gameplay
85 %
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test-de-graviteam-tactics-mius-front<b>Multimédia</b> : Beaucoup d'améliorations subtiles, peu spectaculaires mais qui bonifient l'ensemble tout en préservant son aspect réaliste. La végétation (herbe, arbres et fourrés) dans son ensemble en bénéficie notamment.<br /> <b>Interface</b> : Là aussi, beaucoup de bonnes choses mais nettement moins discrètes. Avec également quelques choix peu judicieux selon certains joueurs (menus cylindriques). Globalement, c'est très bon !<br /> <b>Gameplay</b> : Toujours aussi plaisant, même si l'interface demeure un frein pour certains et dans certains cas particuliers (sélection d'unités ou ordres multiples).<br /><br /> Quand on se souvient de l’hermétisme de l'interface qui présidait à l'usage de Achtung Panzer - Kharkov 43, on ne peut qu'être ravi et admiratif devant une telle évolution ; un joueur lambda n'aura à présent aucune excuse valable à chercher dans la difficulté d'accès à Mius Front, tant le travail de vulgarisation est remarquable !

5 Commentaires

  1. le jeu est presque excellent à condition de prendre le temps de comprendre et d’apprécier ces mécanismes et son ergonomie originale qui peut en rebuter certains

    le fait de passer d’une carte opérationnelle avec déplacement d’unité puis à la carte tactique pour chaque mini bataille permet de ce fixer des objectifs. “Je défends un minimum ce secteur pour pouvoir prendre la colline qui me servira ensuite pour mon artillerie…” OU “d’où va venir la prochaine attaque ?”.

    La durée de vie est énorme!

    Les combats chars et anti chars se font vraiment à longue distance.

    les chars seul dans les villages prennent de gros risque. Ils y a bien une composante coordination des armes Art/Tank/Inf et parfois aviation

    Le ravitaillement, la fatigue, le moral, sont géré automatiquement mais attention de ne pas laissé en avant des troupes épuisés ou à court de munitions pendant la phase opérationnelle et pourtant comment faire pour tenir quand on n’a rien d’autre…

    Très positif aussi les limites naturelles ( faute de temps) de tout micro gérer tout voir pendant la bataille en temps réel; Mais la merveilleuse possibilité de revoir en vidéo la bataille pour comprendre pourquoi vos t34 ont morflé….

    Il est souvent difficile de se repérer quand on passe de l’opérationel au tactique. Il faut un peu de temps et d’habitude mais c’est là aussi que tous ce joue quand vous positionnez vos unités tactiques et qu’après l’ennemi attaque finalement à l’opposé…

    Le niveau tactique est pratiquement en RTS mais pas tout a fait quand même car les distances et le manque de visibilité fréquent ce qui ralentie les nettement les actions si l’on compare par exemple à un Red Dragon excellent par ailleurs mais vrais RTS ou la rapidité de clic est essentielle. Ici on serait plutôt pour le niveau tactique entre un raid dragon et un combat mission

  2. Il est en promo sur Steam et je l’ai pris malgré une expérience éprouvante sur le précédent. Mais les vidéos sont tellement sexy.

    • Je ne voudrais pas trop m’avancer mais je pense que “l’expérience éprouvante sur le précédent” devrait s’estomper avec cette version. L’ergonomie et la présentation ont sensiblement évolué depuis Achtung Panzer et Operation Star ! L’expérience de jeu s’en trouve facilitée et largement plus agréable, même si la marge d’évolution reste encore importante. En tous cas, de mon point de vue, excellent choix ;)

      • Dans le précédent, je ne savais même pas comment recommencer une nouvelle campagne. Là, j’ai trouvé des vidéos d’explication pour débuter.

        • Oui, ils ont tenu compte de certaines critiques et ont consenti quelques efforts appréciables. Prendre le jeu en main grâce au didacticiel est à présent nettement plus envisageable.

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