Alors que la tendance est à une simplification toujours plus avancée dans le domaine du 4X, Polaris Sector de SoftWareWare nage à contrecourant en nous proposant une expérience de stratégie des plus complexes.

Difficile de se faire une place actuellement face à la concurrence dans les 4X. Polaris Sector ne bénéficie pas de la célébrité de son nom ni d’une équipe de vétérans aux manettes, mais le petit nouveau des studios Slitherine joue tout de même dans la cour des grands. Sous un dehors très classique (carte stratégique et combats tactiques, design de vaisseaux, recherche …), Polaris Sector remue un peu les standards du genre.

Une direction artistique originale

Ce qui saute aux yeux en premier, les choix artistiques. Dès la création d’une nouvelle partie, on peut voir que les différentes espèces jouables sont d’un aspect assez “sobre”. Loin du design “cartoon” d’un Master of Orion (voir notre préview) ou des animations soignées de Galactic Civilizations III (voir cet article), les aliens de Polaris Sector sont à la fois sérieux et chichement animés, pas d’exubérance ici (mis à part les Koalas de l’espace, mes préférés, les connaisseurs du sergent Schlock apprécieront !). De même, durant le jeu, les modèles 3D des navires sont très simples mais fonctionnels, et assez agréables à regarder.

Un petit bémol pour la carte stratégique, dont l’aspect 3D est inutile et peu confortable, on “aplatira” la carte dès la deuxième partie pour éviter d’être gêné.

Une gestion à complexité variable

Le gameplay lui-même peut impliquer une micro-gestion assez poussée, demandant une prise de décision pour chaque planète avec des choix à très long termes, vu que les délais de construction sont très importants (pas loin de quinze ans pour une usine de base, le jeu se déroulant jour par jour).

En plus des constructions, la gestion du moral de la population, des forces de polices, des garnisons et des « Initiatives » (décisions gouvernementales comme réduire ou augmenter la journée de travail), il faut prendre en compte les spécificité de chaque mondes, dépôts de minerais, difficultés ou facilités à l’extraction, présence de ressources de recherche …

Il est possible de confier la gestion de certaines planètes à un gouverneur en lui indiquant comment celle-ci doit être développée, Agricole, Minière … Les ressources sont partagées au niveau de l’empire, et il faut garder un œil dessus en permanence, surtout les plus rares comme le Gravitonium. Une pénurie d’un type de ressource vous obligera à être très attentifs lors de la conception de vos armées et de vos navires, gourmands lors de la construction mais aussi pour leur entretien. Bâtir une flotte redoutable pour se retrouver avec un déficit en Gravitonium à cause des nouveaux réacteurs qui en réclament beaucoup pour l’entretien est une expérience déplaisante, croyez-moi.

La construction navale quant à elle bénéficie d’un concepteur de vaisseau parmi les plus poussés, plus encore que celui de Stardrive 2 (voir notre test) déjà impressionnant. Ici, il est possible de créer tous vos vaisseaux, du plus petit chasseur au cuirassé, avec des rôles multiples, vaisseau espion, vaisseau d’infiltration d’équipe de sabotage, ateliers mobiles de réparation, ravitailleurs, ou un mix de tout ça ! Pourquoi ne pas donner à vos frégates de combat un module d’invisibilité ou à vos cargos une soute de chasseurs ? Ce module de conception surpuissant est un modèle du genre.

L’espionnage est pratiqué via des vaisseaux spécialisés, de préférence équipés de modules furtifs et de capteurs spéciaux (pour l’espionnage passif, c’est à dire la récupération d’informations) ou de module de subversion, pour infiltrer saboteurs et autre joyeusetés au sein des planètes ennemies. Si vous repérez un espion ennemi, il vous est possible d’envoyer de fausses informations, mentant sur votre richesse, votre force, en exagérant ou en les minimisant, malin !

Votre empire est personnalisable lors de la création de la partie, une douzaine d’éléments pouvant être améliorés ou réduits à l’aide de points vous permettant de créer une espèce ayant des traits positifs et négatifs, sur la recherche, le minage ou encore l’assimilation des cultures étrangères.

Seul bémol, la lourdeur de la gestion logistique des chasseurs. Il faut organiser à la main des convois pour envoyer des chasseurs depuis vos mondes de production vers le front, ce qui peut rapidement devenir lassant. Ou alors laissez les chasseurs de côté et concentrez-vous sur les gros navires !

 

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900 étoiles ! Ok, Star Ruler 2 en propose plus.
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Bombardement orbital.
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Bombardement orbital, les conséquences.
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Bombarder ou envahir ?
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Certains choix diplomatiques ouvrent la porte à d’autres traités en cascade.
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Démarrer une guerre est une décision lourde de conséquences.
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Il y a beaucoup d’options de dialogue diplomatique.

Exit les arbres de recherche

La recherche, autre élément critique de tout 4X est également novatrice. Exit les arbres de recherches linéaires ou en toile d’araignée. Ici les points de recherche sont répartis, au gré du joueur, entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée.

Chaque domaine de recherche fondamentale, quand mené jusqu’à un certain niveau, débloque de nouveaux champs de recherches appliquées, et une combinaison de niveaux de ces recherches appliquées débloque des avantage, bâtiments ou modules. Il vous est possible de diriger vos points de recherche vers un ou plusieurs de ces domaines pour favoriser l’arrivée rapide d’une technologie particulière par exemple.

Par exemple, la recherche fondamentale « Physique » débloque le champ de recherche « Champs de force » une fois obtenus 4 781 points en Physique. Une fois obtenus 150 points en Champs de force, le module Bouclier électromagnétique est disponible. Et le jeu comprend des centaines de technologies déblocables.

Certaines technologies nécessitent des ressources de recherche spécifiques à trouver sur certaines planètes, ce qui requiert donc de l’expansion.

La réflexion du combat

Dans Polaris Sector le combat est géré dans un module tactique à part. Et c’est une autre bonne surprise, ce module est quasiment un jeu dans le jeu. Chaque combat est très tactique, demandant des manœuvres en finesse pour placer l’ennemi dans ses arcs de tir. Des stratégies de « croisement de T », des raids de chasseurs bombardiers, le placement des vaisseaux de défense rapprochée pour escorter vos vaisseaux de ligne, tout cela peut vous apporter la victoire dans le froid de l’espace.

Par exemple, au début du combat, vous pouvez ordonner à vos portes-chasseurs de lancer leurs appareils, puis envoyer vos bombardiers en formation « marteau » escortés d’intercepteurs vers l’ennemi. Une fois abattus les chasseurs ennemis, vos bombardiers tirent leur torpilles non guidées, ravageant une frégate ennemie. Mais les lasers UV de celle-ci ont abattu quelque uns de vos appareils, vous pouvez alors renvoyer les survivants aux hangars pour se réarmer en torpilles et retourner au combat. Car vous avez bien pensé à équiper vos portes-chasseurs de réserves de munitions et de systèmes de réparation des chasseurs, n’est-ce pas ?

Pour ma part, j’aime ouvrir le chemin avec des corvettes remplies de lasers à forte cadence de tir et équipés de mes meilleurs scanners jusqu’à être à portée de l’ennemi. Les corvettes se scindent alors en deux groupes, et un cœur de frégates et de destroyers armés de canons à ions lourds vient affronter en formation de ligne l’ennemi, passant en diagonale à portée extrême pour le noyer sous un déluge de tirs d’armes à énergie.

Des ordres de formation, des limites d’usage des missiles, et bien d’autres possibilités viennent enrichir ce module tactique pour en faire une expérience unique.

Des structures de défenses sont aussi disponibles. Lourdement armées et robustes, elles seraient un obstacle formidable si leur immobilité n’était pas un handicap les mettant à la merci d’une flotte mobile capable de porter toute sa puissance sur une seule structure en restant hors de portée des autres.

Les batailles au sol ne sont pas oubliées. Une fois débarquées, vos troupes affrontent l’ennemi sans votre intervention. Six types d’unités sont disponibles. Les forces de police sont surtout utiles pour réduire les risques de révoltes. Les Marines sont les troupes de bases, mais vulnérables aux chars, qui eux sont vulnérables aux avions d’attaque au sol, eux même vulnérables aux chasseurs qui craignent les Marines. Les navires de guerre ne sont eux qu’efficaces sur les mondes océaniques.

Et si l’adversaire à une garnison trop forte, ou des structures qui abattent vos vaisseaux de débarquement, le bombardement orbital reste un choix possible, si vous ne craignez pas les retombées diplomatiques.

Une diplomatie qui change

Dernier élément, et non des moindres, la diplomatie à un rôle important dans Polaris Sector. Une fois le contact établi avec une autre espèce, la fenêtre de dialogue diplomatique vous offre un large éventail de choix, des insultes aux propositions de traités. Il faut savoir que ces choix s’enrichiront au fur et à mesure que vos relations évolueront. Une fois un traité commercial établi, des options d’échanges spontanés ou de mise en place de lignes de commerce régulières deviennent possible.

Une fois un traité de coopération militaire signé, il devient possible de coordonner des attaques sur un ennemi commun. Ou encore d’échange d’informations, d’autoriser des ravitaillements, etc. L’IA est cependant assez méfiante, et obtenir sa confiance est une tâche de longue haleine.

Le marché du 4X spatial ne s’est jamais aussi bien porté. De nouveaux jeux sortent presque tous les mois, des plus simples au plus complexes, il y en a pour tous les goûts. Ce qui démarque Polaris Sector, c’est le focus mis sur les vaisseaux. De leur conception à leur gestion en combat, la personnalisation est la norme et chaque choix aura des conséquences.

Au-delà de ça, la gestion des planètes est un peu moins poussée que dans d’autres jeux. La recherche est également une agréable surprise.

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L’espionnage passe aussi par la désinformation.
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L’IA a tendance a surfortifier les systèmes frontières, logique.
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L’IA vous attaquera en traitre si vous êtes englués dans une autre guerre.
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Un des nombreux champs de recherche.
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Le jeu propose un système de mouvement en formations.
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Les combats au sol sont gérés abstraitement.
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Les transports de troupes sont un élément critique des guerres.
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Surveillez bien vos flux de ressources.
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Une application pratique de la recherche.
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L’indispensable écran économie.
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La population se soulève, dois-je envoyer la police ou instaurer des reformes ?
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Le menu des options est très fourni.
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Les options de pauses automatiques sont nombreuses.
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Les vaisseaux équipés d’armes anti-chasseurs sont importants.
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Tremblez devant le Petey, le Koala de l’espace.
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Une fois un traité commercial établit, il est possible d’échanger des ressources.
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L’IA recourt beaucoup aux chasseurs.
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L’outil arc de tir, indispensable pour affiner sa tactique.
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Recherche fondamentale et appliquée.
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Le mystérieux système Polaris.
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Les stations spatiales de défense sont de redoutables adversaires.
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Lors d’une bataille, l’attaquant commence dispersé à la sortie de l’hyperespace.
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Exemple d’équipement a débloquer.
Notes
Multimédia
70 %
Interface
70 %
Gameplay
85 %
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test-de-polaris-sectorMultimédia : quoique corrects, les graphismes restent simples. Les illustrations et modèles 3D sont agréables, mais avec un look particulier. Manque de musique.<br /> Interface : lourde et demandant beaucoup de clics, micro-gestion pour les chasseurs, mais beaucoup d'infobulles informatives et un excellent tutoriel.<br /> Gameplay : un jeu d'une grande profondeur, promettant des centaines d'heures, mais également jouable sur des petites cartes pour un défi plus raisonnable. Exploration, recherche, diplomatie, combat, tout y est.<br /><br /> Que manque-t-il à Polaris Sector ? Une âme. En effet, malgré toutes ses qualités, le jeu ne parait pas « vivant » comme pourrait l’être un Distant Worlds. Les ressources produites sur une planète dans un coin de la galaxie sont magiquement disponibles dans tout l’empire, la vue d’un système solaire n’est qu’une liste sur le côté de l’écran arrangée verticalement, et les messages diplomatiques ne sont pas doublés. Ces petits détails font de Polaris Sector un jeu aux mécanismes de grandes qualités, mais à l’emballage un peu trop sobre, spartiate même. À noter tout de même qu’un tutoriel de bonne facture est inclus dans le jeu.