Combat Mission – Normandy : AAR Bataille de Buron (2)

30 minutes se sont écoulées et me voilà aux abords du village. Le timing est respecté et je m’en sors pour le moment plutôt bien, mais je vais devoir me débrouiller à l’ouest sans équipe du génie. Je reste cependant surpris par la faible résistance rencontrée jusqu’ici. Nul doute que les tirs de mortier ont été utiles, mais je m’attendais à une défense hargneuse, combattant sans relâche pour ralentir mon inexorable avancée, pas cet ersatz d’opposition fuyarde partie se réfugier au premier contact. Soit la 12th SS Panzerdivision n’est plus que l’ombre d’elle-même, soit elle prépare quelque chose…

Le plan pour l’assaut est relativement simple :

À l’Ouest, je vais diviser mes forces en deux. La majorité des fantassins passeront par le seul portail accessible au coin sud-ouest du village et progresseront sur un plan horizontal pour rejoindre les unités à l’Est. Le reste des troupes, aidées par les deux Sherman, attaqueront le village sur une trajectoire parallèle qui suit la route au nord pour terminer au niveau de l’intersection principale.

À l’Est, les unités vont progresser vers le nord depuis les 3 brèches pendant que le Sherman et l’équipe de mitrailleurs surveillent la route. Je m’attends à un rythme poussif, les engagements se feront à courte distance et le moindre soldat ennemi embusqué sera en mesure de faire de gros dégâts en un court laps de temps.

Images 1, 2, 3 et 4

L’idée derrière tout ceci étant de resserrer peu à peu mon étreinte et terminer par le coin nord Est du village.

Le début de l’infiltration est étrangement calme. Pas d’Allemand qui se manifeste, si ce n’est le premier soldat d’une équipe AT, équipé d’un panzerfaust, repéré derrière une haie bocagère basse à proximité de la chapelle.

S’il me faudra avancer à tâtons avec mes blindés, c’est avec délectation que j’observe la section à l’entrée sud-ouest harceler l’ennemi, protégée par les denses haies.

Sur le front Est, deux sections passent la brèche centrale et entrent dans la première maison, mais sont immédiatement prises pour cible par un mitrailleur ennemi. Des unités finiront clouées, d’autres éliminées. Une bien mauvaise idée de ma part.

Images 5, 6 et 7

À ma grande surprise, un éclaireur ennemi bien téméraire est resté dans une maison au bord du village. Peut-être a-t-il été cloué par les tirs de mortiers ? Se préparant à faire feu sur mes deux soldats, il héritera d’un obus fatal avant de mener à bien son projet.

L’invasion prend doucement forme, avec une capture rapide des premières parcelles à l’ouest comme à l’est…

… créant ainsi d’intéressantes lignes de tirs. Mes unités clouées dans la maison peuvent enfin souffler grâce à l’appui de l’équipe du génie qui fait feu sur le mitrailleur Allemand !

Images 8, 9 et 10

De nouveaux ennemis sont repérés. À l’Est, je divise mon escouade et procède à un tir léger de suppression pour appuyer une avancée vers les deux prochaines maisons.

À l’Ouest, ça grouille à proximité du verger et dans les bâtiments tout le long de la route. Un bel exemple ici du principe de « Fire and Maneuver », où les deux Shermans, qui forment une base de tir solide, couvrent la course de la section d’infanterie en tirant sur les positions ennemies.

Les Allemands apparaissent en nombre, discrets comme prévu. J’aperçois des mitrailleurs dans la chapelle et la maison d’à côté, ainsi qu’un second Jagdpanzer IV. Le secteur est quadrillé et le moindre Canadien qui dépasse peut rapidement trépasser. J’ai en revanche perdu de vue l’équipe AT…

Images 11, 12 et 13

Le verger atteint sans victime, il est maintenant temps de nettoyer les parcelles voisines en usant des haies bocagères. Les tanks arrêtent leurs tirs de couverture, laissant le passage aux fusiliers qui élimineront par le flanc l’équipe de mitrailleurs postés à l’angle.

Les premiers soldats plus au sud s’exposent dans la rue pour prendre le contrôle de deux parcelles supplémentaires. La chapelle crache d’incessantes rafales de mg42 qui manquent de faucher mes troupes, heureusement personne ne sera touché. Si le Sherman a aidé en amont -et en vain- en tirant sur l’édifice, je le déplace pour bénéficier d’une meilleure ligne de tir sur les bâtiments tout au nord.
Au même moment, l’obusier attaque massivement le centre du village.

Duel de blindés imminent. Appuyé par un soldat équipé d’un fusil anti-char, le Sherman s’apprête à devoir se défendre face à un jagdpanzer sorti plus tôt que prévu…

Images 14, 15 et 16

Subissant des attaques depuis la chapelle et le Jagdpanzer, la deuxième vague de soldats sera moins triomphante que la première…

Ce même Jagdpanzer ne plaisante pas et prend pour cible, après une salve dévastatrice sur mes hommes, le Sherman qui au même moment tente de détruire le blindé allemand. Les obus respectifs pénètreront tous deux leur cible : le mien partiellement, mais le sien totalement, détruisant sur le champ mon tank. Le constat est amer.

Je rencontre une résistance plus acharnée que prévu autour de la chapelle. Sept escouades expérimentées et armées jusqu’aux dents, ainsi qu’un blindé chasseur de char décidé à en découdre. Je ne sais pas vraiment comment démêler ce nœud mais vais prioriser l’élimination du Jagdpanzer, véritable fauve affamé que l’on aurait libéré de sa cage.

C’est à ce moment que le chasseur devint chassé.

Images 17, 18 et 19

Évoluant pas à pas et sous le feu ennemi, je grignote progressivement du terrain sur le secteur nord pendant qu’une équipe au fusil AT occupe le blindé depuis le sud ouest. Ce dernier gaspille ses munitions sur les haies et fait mouche à quelques reprises, sans blesser le seul tireur équipé pour l’affronter.

Nouvelle brèche à l’Est, avec une équipe du génie qui continuera à faire pression sur le mitrailleur allemand tout en liant les deux fronts.

Moment divin, celui où un Sherman obtient une ligne de tir étroite mais valide sur l’arrière-droite du JagdPanzer. Le tireur fait pivoter la tourelle, il s’apprête à faire feu… BOUM ! L’obus pénétrera le blindé et achèvera ce dernier. C’est un soulagement.

Images 20, 21, 22 et 23

L’encerclement prend forme mais se trouve freiné par le joli positionnement stratégique de l’ennemi. Au nord, difficile d’aller plus loin, l’équipe AT derrière sa haie découpe à l’automatique le moindre soldat visible. À l’Est c’est du grignotage mètre par mètre, avec une progression en perroquet initiée par des éclaireurs isolés qui essuient des tirs depuis chaque nouvelle maison.

Seul moyen trouvé pour donner un bon coup de pied dans la fourmilière, percer horizontalement au milieu du village et bénéficier à la fois d’une couverture satisfaisante et d’une ligne de tir sur la majorité des soldats ennemis.

Une fois le char positionné, c’est une phase de suppression massive qui commence. Elle me permet, malgré des pertes, de prendre rapidement de nouvelles positions au nord comme au sud. Les échanges de tir sont intenses. Des tirs croisés de toutes parts. Les balles ricochent à ne plus en comprendre la provenance, c’est un véritable chaos.

Images 24, 25 et 26

Des victimes auraient pu être sauvées si je n’avais pas été avare. J’ai utilisé pour le Sherman central la commande cible légère, à l’effet insuffisant pour une poignée de soldats Allemands qui ont pu attaquer le temps de quelques secondes mes unités.

Je n’oublie pas cette fameuse équipe AT qui freine mes ardeurs depuis trop longtemps. Maintenant postée à l’étage d’un bâtiment plus au sud, une section du génie peut l’attaquer depuis une position fortement avantageuse. C’est un massacre, les allemands sont effacés les uns après les autres en quelques dizaines de secondes.

Moins de succès sur le front Est, ou le dédale environnant est propice aux embuscades les plus viles. Malgré le soutien d’un Sherman, je n’ai pas réussi à déloger sans pertes l’unité QG allemande et ses alliés à proximité, qui m’attendaient aux fenêtres.

Mais alors que je gagne du terrain à l’Ouest, les Allemands capitulent après 45 minutes de combat. Fin abrupte que je n’attendais pas si vite.

Images 27, 28 et 29

Victoire totale de l’armée Canadienne.

Pas folle la guêpe, à 16 et sans arme AT contre 132 l’IA a préféré déposer les armes. Les statistiques sont intéressantes : nous nous sommes battus à 181 soldats et 4 chars contre 80 fantassins et 2 blindés, mais j’ai toujours eu la sensation d’avoir un écart de forces bien plus important alors que les unités en face étaient nettement mieux équipées que les miennes.

En dernière capture, pour la curiosité et le plaisir de trouver une meilleure stratégie de défense que mon adversaire, vous pouvez voir le déploiement initial des forces Allemandes.

Debriefing

Je ressors satisfait de cette bataille. Un peu facile peut-être, malgré quelques frayeurs je n’aurai pas refusé un défi plus corsé (pour un autre AAR ?), mais elle était plaisante à jouer, à raconter aussi, et j’espère à suivre. Je pense aussi avoir utilisé à bon escient les outils à ma disposition et l’impact d’une tactique un tant soit peu efficiente est généralement sans appel sur le déroulement de la mission de ce type.

Le facteur chance n’est pas non plus à négliger. Comment se serait déroulée la partie si dès la première minute de jeu le Jagdpanzer détruisait le Sherman à l’Est ?

Le scénario choisi s’est également avéré intéressant pour montrer différentes facettes de Combat Mission, dont l’importance de la reconnaissance et des tirs de soutien, mais aussi pour découvrir l’intérêt tactique des haies bocagères qui peuvent à première vue sembler contre-intuitives.

Ainsi s’achève cet AAR.