Dix-septième contenu majeur du déjà très fourni Europa Universalis IV, le DLC Leviathan, dont le nom fait sans doute référence au livre majeur de Thomas Hobbes, est disponible depuis le 27 avril dernier. Il prévoit notamment de rajouter des mécanismes pour le développement des provinces, de revoir le monde colonial et ajoute certaines nouvelles possibilités dans d’autres domaines. Voir arriver une nouvelle extension d’un jeu majeur et excellent est toujours intéressant en soi, mais nous verrons qu’il s’agit peut-être, cette fois, du contenu de trop.
Ce DLC va de pair avec un patch 1.31 nommé Majapahit et dont les ajouts et corrections, gratuits, seront détaillés à part.
Un monde colonial revu
Levathan revient de manière assez conséquente sur l’aspect colonial du jeu, qui n’est pas des moins importants. Toutefois, une partie des ajouts n’est pas payante et fait partie intégrante du patch 1.31, qui sera revu dans un autre article. Constatons à nouveau que cette dissociation désormais habituelle chez Paradox (donner une partie des nouveautés gratuitement) est invisible pour ceux qui achètent le DLC, mais semble forcer la main à ceux qui se « contentent » de la mise à jour, puisqu’il faut passer à la caisse pour bénéficier de toutes les nouveautés. Celles-ci forment évidemment un tout plus cohérent lorsqu’on les possède toutes.
Ceci dit, la partie payante débloque de nouvelles options pour les vice-royautés et autres fédérations coloniales sous la dépendance des métropoles colonisatrices. Le joueur peut désormais leur demander de se concentrer sur l’aide militaire, le commerce ou les laisser gérer leur propre développement. Dans tous les cas, il doit toujours conserver un œil sur leur désir de liberté, de peur de les voir se lancer dans une guerre d’indépendance. Ce n’est pas inutile et permet toujours plus de spécialisation.


On peut aussi désirer jouer une tribu amérindienne, un État pré-colonial. Cela était déjà possible et avait été bien revu dans l’extension Conquest of Paradise (voir cet article), mais de nouvelles possibilités ont été ajoutées. La plupart font partie du patch Majapahit, mais Leviathan ajoute le concept religieux de totémisme à certaines nations amérindiennes, lié notamment à un culte des ancêtres qui donne de puissants bonus au joueur. C’est un peu réducteur, mais l’idée est de permettre la survie de civilisations précolombiennes malgré la colonisation, ce qui est un très beau défi en termes de jeu. Néanmoins, les autres – et importants – ajouts ne font pas partie de ce DLC, mais du patch.
De nouvelles options de développement étatique et diplomatique
Les autres nouveautés concernent surtout le développement et l’administration, le fonctionnement étatique. Sans doute est-ce là l’explication de l’origine du nom de l’extension et le clin d’œil à l’ouvrage de Hobbes, qui traite grandement de l’État. Le cœur du travail réside dans les nouvelles possibilités de développement de ses provinces, notamment par le biais d’une forme de captation de la puissance. Il est désormais possible d’utiliser des points de réforme gouvernementale non utilisés pour centraliser son pays et gagner en force, ce qui est utile quand toutes les réformes ont été débloquées et que ces points deviennent sans objet. On peut aussi cannibaliser des ressources provenant de ses vassaux ou de possessions non légitimées pour accélérer le développement de sa capitale. Celle-ci peut aussi être améliorée en pillant la capitale de ses ennemis.
Je suis resté dubitatif devant ces nouvelles fonctionnalités que je n’attendais pas. J’ai encore du mal à savoir si elles sont intéressantes ou non pour le joueur. Sur le papier, concentrer la richesse peut être utile à long terme, mais cela rend certaines provinces déjà faibles encore moins attractives. Peut-être peut-on envisager de transformer certaines frontières en déserts militarisés et fortifiés, rendus hostiles à l’adversaire ? Piller leurs capitales semble plus lucratif, mais ce sera à chacun d’essayer et de se faire son idée.
A côté de cela, je terminerai ce point par une nouvelle donnée diplomatique d’importance : la faveur a été repensée. Ces points ne servent pas qu’à faire entrer en guerre à vos côtés vos alliés, ce qui doit désormais se préparer avec plus de doigté via une nouvelle option, mais peuvent aussi être dépensés pour demander de l’argent, des troupes ou d’autres avantages aux autres pays. Pourquoi pas ? J’ai pourtant trouvé personnellement le système trop permissif en l’état et qui pouvait aboutir à des situations assez absurdes de transferts de fonds et de moyens militaires de manière trop importante. L’idée est là aussi de permettre à des pays n’étant pas des grandes puissances de se développer, ce qui peut être contre-productif. Certes c’est un jeu vidéo et pas la réalité… Mais on imagine quand même mal la possibilité d’une domination mondiale d’un État allemand constitué en début de jeu d’une province.
Des ajouts tous azimuts et sans grande cohérence
Enfin, des ajouts plus généraux, mais en nombre non négligeable ont été prévus pour l’extension, sans qu’il faille y voir une très grande cohérence tant ils touchent à des aspects très différents du jeu. Ce n’est pas qu’ils soient sans intérêt, mais leur côté disparate rend leur recherche en cours de jeu plutôt malaisée et il arrive de ne pas leur prêter une grande attention. C’est surtout le cas pour les nouveautés un peu « gadget » comme les nouveaux packs d’unités, ou la construction de grands monuments dans certaines provinces.
Les premiers ont le bon goût de ne pas être payants à part, comme on l’a déjà vu, mais restent cosmétiques et invisibles aux niveaux de zoom habituels auxquels on joue. Quant aux seconds, ce ne sont rien de moins que des énièmes bonus contre une importante somme d’argent. Le fait de voir grimper la légitimité de ses héritiers est aussi plus utile, mais n’est finalement que l’affichage d’une donnée, qui aurait pu faire le biais d’un correctif lors d’un patch. Il est dommage d’avoir à payer pour cette information potentiellement importante. Je cesse ici cette revue de détail assez ennuyeuse : la plupart des ajouts mineurs ne valent pas le prix de l’extension et le sentiment que l’éditeur a « raclé les fonds de tiroir » laisse un goût un peu amer dans la bouche.

Pour plus d’informations sur Europa Universalis IV: Leviathan, voyez cette page sur Steam. Ou celle-ci chez l’éditeur. Ainsi que les dev diary que vous retrouverez sur le wiki officiel.





