Compte-rendu de l’Open de Paris des Jeux d’Histoire 2018

En ce vendredi saint des wargamers, je me rends à l’événement annuel des amateurs du genre : le quatrième opus de l’Open de Paris des Jeux d’Histoire. Comme l’année dernière il se déroule à la bibliothèque Thiers. A raison car le lieu est superbe et l’histoire transpire à torrents des rayonnages de livres.

Muni d’un passe bracelet de couleurs différentes suivant votre présence pour la journée ou les trois jours me voici à marauder dans l’Open dès le vendredi après-midi. Visiblement je suis arrivé un peu tôt. Les éditeurs sont en cours d’installation et ça s’active dans tous les coins.

Dans l’entrée la boutique Le Damier de l’Opéra a un stand. Petite boutique sur St-Lazare, à deux pas des Galeries Lafayette, fort bien pourvue en wargames mais pas uniquement.

Comme l’année dernière l’éditeur polonais Taktyka i Strategia est présent, voir photo ci-contre, et cette année il arbore une impressionnante collection de wargames tactiques sur de nombreuses périodes (plus de 50 différents en vente !) au petit prix de 25 €.

Chez Nuts!

En face Nuts! Publishing, l’éditeur qui monte, présentent plusieurs jeux. Je m’assois pour jouer à 1066 Dans la Fureur et le Sang, un jeu de cartes tactique asymétrique, compétitif et non collectionnable. Peu habitué à ce type de jeu j’ai trouvé le jeu complexe et un peu perdu je me fais étriller. Mon partenaire, Fred, plus amateur de ce type de jeu a par contre beaucoup aimé.

Nous avons également testé le prototype de Saigon 75 un block game (le restera-t-il ?) sur la campagne finale de la guerre du Vietnam jusqu’à la chute de Saïgon. Le proto est jeune et dispose pour le moment des atouts et des défauts de ce type de jeu. A surveiller car il est rapide et cela reste un critère important aujourd’hui. Par contre le jeu est très difficile avec le sud-vietnamien vu la faible qualité des troupes qui est bien retranscrit dans le système.

La Grande Guerre était également en démonstration mais cette dernière étant le même système que Command and Colors et Mémoire 44 je passe mon tour.

A mon grand regret, je n’ai malheureusement pas pu tester FITNA, un des jeux que j’attends le plus. Pierre RAZOUX était là et j’ai pu discuté avec lui dimanche en fin de salon. Avant tout pour lui dire tout le bien que j’ai pensé de son livre La Guerre Iran-Irak. J’ai tout de même eu droit à une rapide présentation de FITNA qui est aujourd’hui bêta testé et joué par des officiers. Il y aura de nombreux scénarios et le jeu a rien de moins que l’ambition de vous faire comprendre la réalité géopolitique du Moyen-Orient (voir l’article Battle Magazine #12 sur FITNA). Attention j’ai aussi réalisé que le nombre minimal de commande (P300) n’est pas encore atteint pour lancer la production : alors précommandez !

1066 – Le roi Harold au début de la campagne.
1066 – Au milieu de la campagne Guillaume Le Conquérant est an grande difficulté.
Premier tour de Fall of Saïgon avec une attaque timide des nord-vietnamiens.

Chez Wisdom Owl et Strategiae

En face un tout nouvel éditeur Wisdom Owl, de Philippe Thibaut (Europa Universalis ça vous dit quelque chose, ou alors le studio Ageod peut-être) qui présente Invasions, un jeu ou chaque joueurs contrôle plusieurs peuples arrivant par vagues successives. Le jeu a été découpé en deux et l’auteur nous présente le premier opus qui couvre 300 ans, de 350 à 650 après J.-C. Oui cela rappelle Britannia, sauf que son gros défaut, le combat avec de multiples jets de dès est supprimé au profit d’une table de combat pour un unique jet de dés de chaque camps.

Le premier jeu de Wisdom Owl a l’air prometteur mais je n’ai pas pu y jouer. Il y aura une campagne sur Kickstarter très prochainement et nous vous tiendrons au courant. Unique inquiétude la durée d’une partie me semble longue malgré le découpage en deux volumes. J’ai peur que cela ne tienne dans en une soirée.

Sur le même stand était présenté les jeux vidéos de la série War Across the World, par Strtaegiae, que vous connaissez surement. Mais probablement moins leur déclinaison à venir en wargame classique avec des pions et une carte. Un petit plateau, des règles uniques et un gameplay rapide que je n’ai pas pu tester mais qui m’a bien attiré. A surveiller donc.

Un peu plus loin le prototype de The Road to Wars 1898 – 1914 m’a été présenté par son concepteur Christophe Barot. C’est un monster game très ambitieux sur l’avant première guerre mondiale et la colonisation. Impressionnant et édité aussi par Wisdom Owl.

Invasions volume 1 – couverture.
Invasions – volume 1, partie en cours à l’OPJH 2018.
War Across the World bientôt sur iPad et la carte du scénario Six Days qui sera décliné en wargame papier carton.
Hamilkar 267 et Six Days de Wars Across the World en version wargame classique avec cartes et pions
Démonstration du futur The Roads to War 1898 – 1914.

Chez Asyncron et Shakos

Dans la salle au rez-de-chaussée Shakos présentait 1806, que j’ai kickstarté (et sur lequel je ferai un AAR un de ces jours), donc je ne me suis pas arrêté connaissant le jeu. Il y avait également le futur 1807 en démo le dimanche et également bientôt en campagne sur Kickstarter.

Dans la même salle le stand d’Asyncron présentait en démo Wings of Glory WW2, 1754 La conquête, Les Pionniers de l’Aéropostale (voir cet article). Je me suis arrêté sur la réédition d’Hannibal – Rome contre Carthage pour ses vingt ans. J’y ai déjà joué contre un grognard et pris une telle rouste que ça m’en avait dégouté. Et bien contre un débutant comme moi, je me suis régalé à faire deux tours. Difficile de résister à cette nouvelle version superbement redesignée par Phalanx et Asyncron de ce grand classique card driven de Mark Simonitch. Il contient également un deuxième jeu : Hamilcar (à jouer sur l’autre côté de la carte).

Le samedi j’ai testé U-Boot. Ce jeu est un ovni ludique, un jeu d’histoire coopératif mi-plateau, mi-appli. Il est en effet couplé à une application iOS qui déroule les événements et incidents dans et autour de votre sous-marin. Vous devez donc faire les choses en équipe et en temps réel puis le rentrer dans l’application. Le concept est nouveau et ambitieux. C’est très stressant d’autant plus qu’on était perdu avec l’équipage sans savoir trop quoi faire et faute d’avoir bien compris les règles.

Je préconise à Asyncron de toujours faire cette démo avec un capitaine expérimenté (et donc pas moi !). Le jeu est différent et si vous avez l’occasion testez-le. Si vous êtes passionné de guerre sous-marine, foncez.

 

Les stands Shakos et Asyncron le dimanche.
Hannibal à ses trousses, le consul Publius Scipio ne pourra pas s’échapper cette fois.
Hannibal et Hamilcar d’Asyncron. Ici au deuxième tour et non Fabius en rouge n’est pas en si mauvaise posture car il a 80 000 hommes face à des Carthaginois très affaiblis.
Le stand de Shakos, qui organisait aussi un tournoi pour Napoléon 1806.
Le plateau U-BOOT et son indissociable application

Pléthore de jeux et de parties libres

Parmi les prototypes intéressants que je n’ai ni pu tester ni discuter avec les auteurs, il y avait le prototype de Verdun, apocalypse des temps modernes, présenté par Walter Vejdo (série Aigles de France). De Legion Wargames il y avait Prelude to War: Europe 1936-1939 de Serge Bettencourt et Stalingrad Roads (auteur chez Hexasim de Liberty Roads et Victory Roads) dont vous trouverez aussi pour chacun de ces jeux un très bon article dans le Battles Magazine 12. Également en démo Guerre ou Paix, Les conquêtes de Bonaparte : le Consulat (voir cet aperçu chez Les yeux dans les jeux).

Ajax Games était présent avec l’ancien Operation Commando – Pegasus Bridge et le nouveau Sainte-Mère-Église. Je n’ai pas trouvé de siège mais j’ai déjà joué à Pegasus Bridge et j’aime beaucoup ce jeu donc nul doute que le nouvel opus sera au moins aussi bien.

Je suis passé en coup de vent dans la salle des figurinistes pour survoler Bolt Action (thème Market Garden) magnifique table il faut dire, Time of Legends : Joan of Arc, L’Enfer du Devoir, La Garde 6mm et j’ai du en rater. Également au fond de la salle Marches & Batailles qui m’avait déjà intrigué l’année dernière mais trop de monde et une partie en cours, je n’ai pas pu m’y arrêter.

La grande salle à l’étage a accueilli la conférence de l’historien Patrick Bouhet : Napoléon et la “grande tactique” le vendredi en fin d’après-midi et trop tardivement pour que je puisse y assister. Salle convertie ensuite pour les nombreux tournois des jours suivants : Twilight Struggle, Napoleon 1806, Mémoire 44, Labyrinth, Great War Commander, Formule Dé, Diplomatie, DBA, Commands & Colors Napoleonics et Premières Gloires dont vous trouverez les résultats 2018 ici.

La salle des jeux libres était elle pleine à craquer avec des wargames de partout. Impossible de tout vous exposer, je citerais ceux que j’ai retenu en y passant : Spartacus, Here I Stand, Cataclysm, ASL, No Retreat Polish & French Fronts, Colonial Twilights, Normandy 44, OCS Reluctant Enemies, OCS Enemy at the Gates, Königsberg, Falling Sky, Race to the Rhine (voir cet article), 13 Jours, Singidunum, 1714 : The Case of the Catalans, Scythe, Aigles de France, Dunkerque 40 et j’en oublie.

Pour ma part je suis allé faire la démo de Singidunum à l’étage, jeu présenté par son auteur Pascal Donjon et auto-édité “dans le garage”. C’est un wargame de bataille antique : les Huns contre les Romains avec des unités et des règles simples et rapide à jouer. Je dois bien vous avouez que j’ai adoré et que c’est mon gros coup de cœur, partagé avec mon alter-ego Fred. Du coup on y a rejoué le lendemain dimanche en partie libre. Je ferai bientôt un article dédié à ce jeu et probablement un AAR.

 

 

Marches et Batailles
Vue panoramique de la salle des tournois, le dimanche.

Derniers mots

Bien entendu tout n’est pas parfait dans un tel évènement. La salle des tournois monte trop dans les degrés, à l’inverse du tournoi de Diplomacy qui a eu lieu au froid à l’extérieur, c’est très bruyant, on a des difficultés à circuler à certains endroits et impossible de faire les démos des jeux les plus prisées. Rançon du succès ? Fort probablement car l’affluence était supérieure à l’année dernière : pas moins de 480 personnes cette année ! Je mets un billet que l’année prochaine nous changerons d’endroit et pas uniquement à cause de la rénovation à venir de la bibliothèque.

Je pensais réellement pouvoir faire le tour de l’OPJH avec mes deux jours et demi. Que neni, je n’ai pas pu tester la moitié de ce que je voulais et qui était déjà le quart de ce qu’il y avait.

Quelques conseils si vous vous y rendez la prochaine l’an prochain :
– faite les démos le matin lorsque vous, les animateurs et les auteurs sont frais,
– et l’après-midi posez-vous sur une partie libre. A ce sujet il est probable qu’on propose des parties libres ouvertes et rapides sur des wargames légers avec Les Ludophiles d’Asnières et d’ailleurs et la Gazette du wargamer.

Un dernier mot pour finir. L’OPJH a quelque chose d’unique pour moi, que je ne trouve pas autre part. C’est l’accès à des cercles de wargamers, par nature assez fermés, peu communicants et qui là sont accessibles. C’est donc avant tout les discussions entre passionnés que j’aime dans cet événement. Vous avez des ours et ils ne changeront pas mais vous avez aussi des wargamers qui ont soif de rencontres, d’échanges et de nouveaux joueurs. Si vous avez laissé passer cet événement faite le nécessaire l’année prochaine à la fin septembre pour y être. Vous allez adorer, La Gazette du wargamer vous le garanti.

Enfin un grand merci à Fred qui m’a accompagné pendant les trois jours et dépanné sur quelques photos.

 

 

Singidunum. Les cavaleries Huns et Romaines ont toute deux percées et débordées mais sont sous la menace de l’infanterie lourde.

 

En plus d’une belle galerie de photos sur le site de l’OPJH, vous trouverez aussi sur la page Facebook de l’OPJH plusieurs courtes vidéos montrant l’effervescence ludique qui eut lieu durant cette quatrième édition.

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  1. UBoot ne va pas tarder à partir en production (en Pologne), on peut espérer le jeu en Novembre…
    Je vous ferai un bon gros test alors.

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