Solium Infernum, le nouvel Armageddon

Vic Davis, le créateur de l’excellent Armageddon Empires, nous parle de son second projet. Son nouveau jeu de stratégie diabolique avance sans trailer dithyrambique, sans déclaration à la Will Wright et sans faire la une de Télé 7 Jours… Mais si nous devions parier sur la sortie prochaine d’un jeu VRAIMENT passionnant et innovant, c’est sur Solium Infernum que nous miserions notre petite pièce.

Ndlr : ancien article paru en 2008 sur Cyberstratège.

 

Cyberstratège : Solium Infernum ressemble à un jeu de conquête des enfers, peux-tu nous en dire plus à son sujet ?

Vic Davis : Quand est venu le moment d’entamer un nouveau projet à la suite d’Armageddon Empires, j’avais plusieurs pistes en tête et Solium Infernum était la première d’entre elles. Il s’agit d’un jeu à l’échelle « grand stratégique » qui me semble particulièrement adapté au multijoueurs. Or j’ai reçu beaucoup de messages de joueurs ayant aimé Armageddon Empires, mais qui regrettaient de ne pouvoir le pratiquer en multi. Jusqu’ici, j’ai été peu attiré par les jeux d’ordinateurs à plusieurs. Le seul qui m’ait vraiment plus est le Dominions de Illwinter.

Le concept du jeu est simple. Vous devez obtenir le maximum de prestige afin d’être choisi comme Maître des Enfers lors du prochain Conclave infernal. Tout le monde peut voir les points de prestige des joueurs, mais certains sont secrets et ne seront révélés qu’à la fin du jeu. On obtient du prestige de diverses manières, par la guerre ou par la ruse. Il y a également une carte où vous déplacez vos légions et capturez des endroits stratégiques afin de générer du prestige. Les éléments essentiels du jeu sont le contrôle des zones, la diplomatie et la collecte de ressources complémentaires.

Solium Infernum revient, préparez-vous !

Le futur remake du très bon Solium Inferum se profile à l’horizon. Voici pour en reparler un peu plus un ancien interview dans lequel le concepteur du jeu, Vic Davis, résumait très bien l’essentiel des mécanismes qui ont fait le sel de ce jeu. En plus du cadre ludique très original et très soigné de l’Enfer.

Tout d’abord rappelons que si l’équipe de League of Geeks va coller le plus possible au jeu d’origine, reboot oblige, il y aura divers changements, a priori des modernisations de certains mécanismes de jeu. Les développeurs s’engageant toutefois à conserver l’alchimie ensorcelante du gameplay. Concrètement cela signifie qu’il y aura quelques variations, par exemple des scénarios, de nouveaux princes démoniaques, etc. De plus, le jeu est encore en chantier donc susceptible d’évoluer y compris fonction des commentaires et retours des joueurs. Néanmoins, ce que l’on en voit pour l’instant via la démo augure d’une diaboliquement intéressante résurrection vidéoludique.

Enfin signalons que la démo du jeu fait partie de celles qui restent en ligne sur Steam, maintenant que le récent festival Next Fest s’est achevé. A titre de comparaison je vous rajoute dans cet article une vidéo de l’ancien jeu et quelques captures d’écrans du prochain remake. B.L.

Solium Infernum
D’apparence soignée mais simple, la première édition du jeu offrait une profondeur stratégique très captivante, surtout en multijoueurs, là où malgré un gameplay lent, le jeu prenait toute sa saveur.

CS : Les avatars seront les outils permettant aux joueurs de personnaliser leurs parties. Quels choix auront-ils ?

Vic Davis : Les avatars serviront d’abord à définir votre position de départ et votre style de jeu. Je voulais offrir aux joueurs la possibilité d’être aussi bien agressifs que défensifs. Les avatars ont cinq attributs principaux qui détermineront leurs pouvoirs et leurs capacités spéciales. Si par exemple vous ne voulez pas parler à vos voisins mais plutôt vous emparer de leurs possessions, alors vous voudrez peut-être investir quelques points dans les capacités martiales de votre personnage. Cela aura un impact sur l’efficacité de vos légions.

A l’inverse, si vous voulez laisser vos rivaux s’entredéchirer tandis que vous amassez richesses et prestige, vous pourrez investir des points dans le charisme, de manière à accroître des pouvoirs diaboliques qui vous donneront les meilleures cartes. Des « cartes de tributs » sont utilisées pour acheter de la puissance ou n’importe quoi d’autre dans le jeu. Le but ultime est donc de générer du prestige et j’ai essayé de multiplier les manières d’y arriver.

CS : Quelles parties d’Armageddon Empires ont été conservées dans ce nouveau jeu ? As-tu gardé le système de construction de decks ?

Vic Davis : Les decks ne font plus partie du système de jeu. Il y a un système d’évènements, mais il ne recourt plus vraiment aux cartes comme dans Armageddon Empires. Le nouveau mécanisme pour obtenir vos unités et équipements est la vente aux enchères. A chaque tour, certaines légions offrent leurs services de mercenaires. Par ailleurs, le joueur achète des cartes de ressources pour obtenir une des quatre ressources du jeu : les âmes, l’ichor (le sang des créatures inhumaines), le feu infernal et les ténèbres. Le plus offrant gagne les services de la légion. Chacune dispose d’un niveau de loyauté qui détermine la probabilité qu’elle continue de se battre pour son propriétaire.

CS : Quels types d’unités seront présentes dans le jeu ?

Vic Davis : L’unité de base est la légion. J’en ai actuellement défini une cinquantaine, chacune possédant ses propres caractéristiques et attaques spéciales. Vous pouvez également acheter des Préteurs, des Artefacts, des Reliques et des « Curiosités ». Ce sont principalement des moyens de renforcer la puissance de vos légions ou de vos zones stratégiques. Les Préteurs sont des démons qui peuvent diriger vos légions et défendre votre honneur en combat singulier. Les artefacts sont utilisés pour augmenter leur efficacité au combat. Les reliques renforcent votre avatar lorsqu’elles sont placées dans votre chambre de rituels, mais elles peuvent aussi donner des avantages spéciaux lorsqu’elles sont situées sur des endroits stratégiques. Les « curiosités » sont rapportées par vos affidés, lorsqu’ils vous paient le tribut. Elles renforcent directement vos légions, vos Préteurs ou vos points stratégiques.

CS : La diplomatie a l’air importante, plus que dans Armageddon Empires. Peux-tu nous en dire plus à son sujet ?

Vic Davis : C’est en effet une partie très importante du jeu. Elle est sensée renforcer son aspect compétition / coopération. A partir de votre situation de départ, vous verrez votre forteresse et la distribution des « Places de Pouvoir », des endroits spéciaux. Le début du jeu est centré sur l’expansion de son territoire. Tout est bon à rafler. Vous devez alors soigneusement choisir vos mouvements et savoir quelles sont vos priorités. Dans le même temps, chaque joueur achète ses légions. Une légion ou deux de plus accéléreront l’expansion, mais souvenez-vous que vous ne pourrez donner que de 2 à 6 ordres par tour, selon les attributs de votre avatar et vos bonus. Tout sera donc question de priorité.

Vous devrez également utiliser vos ordres pour envoyer des messages diplomatiques à vos adversaires si vous le voulez. Pour être en guerre contre un rival, vous avez besoin de proclamer une « Vendetta ». Cela signifie que vous mettez du prestige en jeu en tentant d’atteindre certains objectifs contre votre ennemi (prendre des hexagones, détruire des légions, etc). Une fois la vendetta proclamée, vous disposez d’un certain nombre de tours pour accomplir vos objectifs. Vos légions sont libres d’envahir le territoire du rival, d’attaquer ses troupes et d’accomplir des rituels pour l’atteindre.

 

 

 

N.B. : si vous ne connaissez pas Solium Infernum, voyez cette longue présentation vidéo par SmartWargames, elle offre un bon survol du jeu. On retrouve dans la démo du futur reboot par League of Geeks quasi tout ce qui a fait le charme endiablant de ce jeu certes peu connu, certes qui a beaucoup et mal vieilli techniquement, mais qui était un bijou vidéoludique, particulièrement en mode multijoueurs, là où il a brillé le plus. B.

Solium Infernum
Malgré un moteur graphique qui le limitait beaucoup, une fois que l’on était plongé dans le jeu son esthétique très réussie et le nombre de choix pour certains très subtils faisaient vite oublier les défauts techniques. B.

CS : Est-ce que Solium Infernum n’est pas plus influencé par les jeux de société, et moins par les wargames, que ne l’est Armageddon Empires ?

Vic Davis : C’est exact. Il y a une grande influence des « eurogames » (NDLR : nom américain donné aux jeux de société européens à thème). C’est le cas de la façon dont vous obtenez vos légions : il y a un « Bazar infernal » où un petit nombre d’entre elles sont à vendre. Lors de chaque tour, vous pouvez enchérir sur elles en utilisant vos ressources. Il y a aussi des ressources à combiner. J’ai essayé d’offrir aux joueurs la possibilité de mener leurs affaires dans leur coin et de jouer quasiment en solo s’ils le veulent. Vous pouvez ainsi essayer de gagner du prestige en évitant les confrontations, mais ce n’est pas facile. Ce serait comme de jouer à Agricola (NDLR : jeu de société allemand assez connu où vous jouez un fermier du XVIIe), mais avec la possibilité qu’un autre joueur vienne en douce une nuit brûler votre grange !

CS : Est-ce que le jeu sera éditable ? Y aura-t-il un éditeur de scénarios et de cartes permettant aux joueurs de définir une carte avec certaines factions et ressources – comme celui de Dominions par exemple ?

Vic Davis : La personnalisation des parties se fera par votre choix d’avatar (l’Archidiable) mais à part cela, le niveau de moddabilité sera a peu près le même que dans Armageddon Empires. Les cartes seront aléatoires mais vous pourrez choisir un type de géographie qui sera privilégié, comme une carte Grands fleuves ou Montagnes et Chasmes. Comme dans Armageddon Empires, des données de jeu peuvent être éditées mais honnêtement ce n’est pas très mod-friendly.

CS : Techniquement, est-ce que le jeu ressemblera a Armageddon Empires ? D’après les premières captures d’écran, les terrains se ressemblent beaucoup, avec les mêmes gros hexagones…

Vic Davis : Il y a beaucoup de ressemblances car j’ai repris beaucoup de code. Les hexagones sont familiers, mais la carte défile maintenant de façon fluide et à deux niveaux de zoom. J’ai retravaillé l’interface et les choix de conception m’y ont aidé. Plus de lancés de dés à regarder cette fois ! Toutes les informations clés seront disponibles dans les onglets de l’interface « Ministerium ». Par exemple, vous pourrez donner des ordres à vos légions à la fois sur la carte et par une liste dans le Ministerium.

Les fonctionnalités multijoueurs plairont certainement beaucoup aux joueurs, mais on peut craindre que cela se traduise par une IA moins performante… L’IA est souvent incapable de se comporter de façon cohérente dans les aspects diplomatiques, même sur des grands jeux comme Civilization ! Mon objectif est de fournir une IA distrayante. J’ai travaillé dessus en parallèle au développement du jeu, donc elle ne sera pas ajoutée à la hâte en fin de processus ! J’expérimente une variante d’un réseau neuronal très simple comme base du code de l’IA diplomatique. C’est une manière d’enregistrer les interactions et comportements passés des adversaires pour que l’ordinateur ait une cartographie de leurs attentes et réactions. La pondération change ou se renforce au cours du temps, de façon à obtenir un comportement cohérent et « intelligent ».

CS : Dernière question, où en es-tu dans le développement et quand le jeu doit-il sortir ?

Vic Davis : J’avance d’un bon pas : je peux déjà jouer contre moi-même en mode hotseat, ce qui m’a déjà énormément aidé pour tester les sous-systèmes de jeu, comme les rituels visant d’autres joueurs et les réponses aux messages diplomatiques. J’espère avoir terminé à la fin du 1er trimestre 2009, mais je ne garantis rien. Mes estimations sur Armageddon Empires ont toujours été sensiblement fausses ! Là j’ai l’avantage d’avoir réutilisé beaucoup de code mais je finis toujours par être trop ambitieux dans le design. La réalité est qu’il me reste encore un travail d’ENFER !

Solium Infernum
Écran principal de la nouvelle version de Solium Infernum. L’ambiance visuelle et sonore est au rendez-vous.

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Pour plus d’informations sur Solium Infernum, pour lequel les boules de cristal tendent vers une sortie début 2024, voyez cette récente vidéo de gameplay, puis cette page sur Steam, et le site officiel. Ainsi que notre test de l’ancienne version du jeu.

Quelques screenshots du futur Solium Infernum 2.0

Solium Infernum
Exemple de situation de départ dans une partie en mode escarmouche. La démo ne propose que 20 tours en solo, juste assez pour que cet avant-goût confirme ce que l’on pouvait espérer. Ce futur reboot par League of Geeks colle très bien au jeu d’origine, tout en le modernisant, ce qui était indispensable. Les connaisseurs du jeu comme les amateurs du genre vont être aux anges, certes déchus, mais certainement pas déçus !
Solium Infernum
Deux rapides exemples du rendu des batailles sur la carte. J’avais eu quelques doutes avec de précédents screenshots…
Solium Infernum
… ces doutes se sont très vite dissipés lors de mon premier essai. La modélisation de la carte et des unités ajoute une superbe dimension au jeu. On en reparle prochainement. B.
  1. Trying to reach Vic Davis, somehow…

    I bought Six Gun Saga ages ago, no longer have the copy or that e-mail address. Would love to buy it again but the Cryptic Comet site is dead. Any way to obtain a copy?

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