Après des épisodes mitigés consacrés au début du XXIe siècle ou à la Guerre Froide, la série Supreme Ruler, mêlant géopolitique, diplomatie, recherche et guerres, nous revient. Cette fois-ci le jeu prend place en 1936 et permet en toute logique de revivre la Seconde Guerre mondiale qui n’en finit décidément pas d’intéresser le monde du jeu vidéo. Sous ses dehors austères et exigeants, le jeu parvient-il pour autant à convaincre ?

La forme…

Tout d’abord il faut bien l’admettre, nous nous trouvons en face de graphismes d’un autre âge là où d’autres studios, ayant sans doute plus de moyens, ont su faire de leurs séries similaires des jeux beaux à regarder. Par contre les musiques sont adaptées à la région choisie et collent plutôt bien à l’ambiance. L’intérêt ne réside toutefois pas là.

De plus, depuis le dernier opus (voir notre test de Supreme Ruler Cold War) un tutorial a été ajouté, ce qui est une bonne chose vu la complexité et la profondeur du jeu… Jeu d’ailleurs facilement maniable et plutôt fluide (hormis un défilement assez saccadé) et suivi par l’équipe de développement. On notera que c’est là un point capital car le nom du jeu est trompeur : les arbres technologiques, et donc le temps de jeu, ne s’arrêtent qu’en 2070 ! Pour le moment quatre campagnes, un mode « bac et sable » et plusieurs scénarios permettent de démarrer sa partie à différentes dates.

Il est donc possible de commencer avec de l’infanterie tout ce qu’il y a de plus conventionnelle de l’entre-deux-guerres, des chars légers tels qu’ils ont pu être construits à l’époque …. et de finir sa partie avec des robots et autres joyeusetés futuristes ! Or, un tel temps de jeu suppose une solide architecture historique derrière, pour éviter les situations trop ubuesques et les enchaînements peu réalistes. Le fait est qu’elle était assez vide au départ, ne gérant par exemple pas la Guerre d’Espagne… Heureusement, un patch publié à la mi-juillet a amélioré la situation : d’autres patchs devraient nous parvenir et ajouter des évènements, corriger des bugs. Alors, sous ces dehors assez déroutants, que retrouve-t-on ?

Et le fond

Une chose qu’on ne peut pas reprocher au jeu c’est de manquer de contenu, car il y a beaucoup à faire. En temps réel, Supreme Ruler 1936 permet donc de mener le pays choisi à travers la période troublée qu’il couvre : le joueur devra gérer la production d’unités militaires, la technologie, la diplomatie avec les autres nations et le cas échéant la guerre avec celles-ci.

Pour ce faire il dispose d’un bon contrôle sur les évènements. Je veux dire par là que les unités à construire et développer sont nombreuses et détaillées : depuis le patch déjà cité par exemple la France dispose de ses fameux chars B1, qui étaient meilleurs que leurs homologues allemands de 1940 soit dit en passant. C’est assez rare de voir des matériels français en jeu pour qu’on le relève.

De plus, il est possible d’acheter des unités obsolètes à d’autres pays, pratique si l’on joue un petit état disposant de moins de ressources. Dans le même ordre d’idées, les plans de récents armements peuvent être vendus ou achetés, avec le risque de voir ses propres créations se retourner contre soi comme cela s’est produit souvent dans l’Histoire. Cela reflète l’époque, comme l’excellent canon Antiaérien Bofors Suédois, copié par bon nombre de pays ayant acheté la licence. La technologie est donc essentiellement au service de la guerre, et a été améliorée depuis la sortie du jeu (il y avait des technologies quasiment inutiles au départ !). Le commentaire est le même pour la diplomatie. Si celle-ci offre un large panel d’actions à réaliser, force est de constater que les situations de jeu pouvaient être assez rocambolesques et suivre très peu l’histoire jusqu’aux récentes corrections. En espérant que celles-ci continuent.

Enfin, en temps de guerre, le système de combat entre les unités n’est pas déplaisant, même s’il apparaît un peu chaotique. En même temps, cela n’est pas sans refléter des affrontements qui n’étaient plus « la guerre en dentelles » du XVIIIe siècle. Il faut donc vous attendre à des explosions, à des retraites, à des tirs d’artillerie et de contre-batterie, etc. Cela veut dire que les armes, calibres, unités ont été soignés par BatteGoat Studios, dont les recherches ont été poussées. N’espérez donc pas « foncer dans le tas » sans aucune préparation, ni faire l’impasse sur des avancées historiques bien connues comme la bombe atomique. Le commentaire vaut aussi pour les mers et les airs : le porte-avion surclassa les « rois » qu’étaient jusque-là les cuirassés et la réaction fit peur aux alliés en 44-45, même si les avions étaient encore assez expérimentaux. Or, il est possible de retrouver tout cela lors d’une partie, pour le plus grand bonheur des passionnés.

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L’Allemagne en début de partie. Quand je vous disais austère…
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Il est possible de construire des canons antichars PAK 36/37 en débutant en 1936, ce qui reflète bien le matériel de l’époque.
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Échange diplomatique… L’espionnage est aussi envisageable
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Combat frontalier durant la guerre russo-finlandaises. Les unités se déploient et vont passer à l’action.
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L’artillerie finlandaise ouvre le feu sur les soviétiques.

Pour conclure

Supreme Ruler 1936 ne manque donc pas d’intérêt : il a de quoi vous tenir occupé de longues heures, est complet, fouillé, recherché même. Par contre il faudra savoir passer la barrière des graphismes vieillots, de la langue de Shakespeare, des situations de jeu pas toujours très historiques et d’une chronologie qui court bien après 1945… Heureusement, les patchs bonifient ce titre ! En attendant Hearts of iron 4 diront peut-être certains ?

  • De nombreuses possibilités de jeu.
  • Un volet militaire bien documenté et précis.
  • Graphismes austères.
  • Pas toujours très réaliste.
  • Pas de version française.
Infos pratiques

Date de sortie : 9 mai 2014

Éditeur / Studio : BattleGoat Studios

Site officiel

Prix : 19,99 € (sur Steam)

4 Commentaires

    • N’ayant pas pratiqué ce jeu, je ne donnerai pas d’avis définitif mais pour autant que je sache, il manque à cette série un élément fondamental constituant un handicap selon moi insurmontable, en l’occurrence, l’absence complète de gestion du ravitaillement. Un second conflit mondial sans guerre de l’Atlantique c’est, comme j’ai pu le lire -justement- dans un commentaire sur STEAM, totalement rédhibitoire. Bref, ça cantonne (à mon humble avis) ce jeu dans la catégorie des second couteaux, voire selon les critères de certains grognards, dans celle des jeux casual :)

      • J’ajouterai, par ailleurs, que pour se faire une idée plus “concrète” ou visuelle, du gameplay, on trouve sur Youtube d’excellents Let’s play. Ainsi, celui de James Allen qui offre un aperçu assez édifiant de l’abime qui sépare ce jeu d’un HoI 3, notamment en termes de réalisme dans la représentation des conflits armés… C’est à voir ici : http://tiny.cc/isf1kx

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