A l’heure où la fin de l’Antiquité va être à l’honneur avec Total War Attila, une extension standalone de TW Rome II qui va arriver ce 17 février, et tandis que les derniers épisodes de la série ont connu quelques couacs lors de leur sortie, tentons de faire une synthèse des récentes évolutions et de parler un peu de l’avenir de Total War !

Série populaire mêlant aspects de gestion et combats en temps réel avec de nombreuses unités, ainsi que de plus en plus de touches RPG (compétences des personnages, des armées…), Total War a débuté en 2000 avec le fameux Shogun Total War. Depuis, les productions de Creative Assembly ont parcouru un impressionnant chemin, explorant tour à tour le Moyen-âge (les deux Medieval Total War et les deux Shogun), le 18e siècle (Empire Total War et le début de Napoléon Total War), sans parler de l’Antiquité (les déclinaisons de Rome TW) et même la deuxième moitié du 19e siècle avec l’excellente extension La fin des samouraïs pour Total War Shogun II.

Évolutions structurelles majeures

Je situe la césure entre les « anciens » Total War et les actuels à Empire TW : les combats navals sont devenus enfin jouables autrement qu’en résolution automatique (et ils sont assez techniques d’ailleurs), la gestion des provinces est devenue plus réaliste et poussée etc… C’est par exemple depuis ce temps qu’il y a des bâtiments et villages présents sur la carte de campagne : les villes en généraient même de nouveaux suivant leur développement dans Empire TW. Par la suite Total War Rome II alla encore plus loin en reliant les provinces en grandes régions avec capitale et villes plus petites, une gestion globale, des décisions régionales que l’on peut prendre etc… Un système franchement bien pensé, d’autant que l’on retrouve des noms historiques de provinces romaines (Rhétie et Norique, Pannonie, Gaule Belgique…).

De même, les armées et leurs chefs sont de mieux en mieux gérés, avec la possibilité de faire des marches forcées (avancer plus loin moyennant des malus), de créer des traditions d’unité et de les personnaliser. Les récents trailers de Total War Attila (voir les vidéos ci-après) montrent que cet aspect ne fera que se renforcer dans l’avenir, avec des vrais arbres de compétences que l’on a hâte de découvrir. Notons aussi que, depuis Napoléon TW, les forces se reconstituent d’elles-mêmes, plus ou moins vite suivant de nombreux paramètres (technologies, bâtiments). Jusqu’à Empire TW, il « suffisait » de payer pour les remplir en un seul tour. Impensable en termes de réalisme.

Une politique de contenus en questions

De plus, les jeux ont aussi multiplié leurs contenus : quelques campagnes comme auparavant pour Empire TW (ainsi que des packs d’unités) ou Napoléon TW… Par contre depuis Shogun 2, les DLC se font pléthoriques : campagnes, unités et autres ajouts cosmétiques à foison. L’addition devient salée si l’on désire tout posséder et rejoint ce que de nombreux autres éditeurs font. Par contre, jusque-là les contenus se sont révélés en grande partie de qualité, je citerai notamment la très bonne Campagne de la Péninsule (c’est à dire la guerre d’Espagne) dans Napoléon TW ou encore L’essor des samouraïs (la guerre civile dans le Japon mais cette fois au 12ème siècle) pour Shogun II.

Un nouveau pallier a toutefois été franchi avec Rome II : des campagnes payantes sur la Guerre des Gaules (César en Gaule), sur la Grèce (Le Courroux de Sparte), ou sur la deuxième Guerre punique (Hannibal aux portes) sont déjà disponibles ! Sans parler du reste comme les packs Cultures, qui consiste plus simplement à payer pour jouer de nouvelles factions, par exemple les cités de la mer noire … Et, à l’heure où le jeu approche de la fin de vie, et que des titres plus anciens sont moins joués, pour appâter les joueurs on annonce déjà Ancêtres vikings, un premier DLC incluant trois peuples nordiques pour TW Attila, qui n’est pas encore sorti ! Il est évidemment très difficile d’émettre un jugement : rajouter du contenu à un jeu apprécié, qui marche commercialement, permet de l’enrichir et de continuer d’en profiter, ce que les joueurs demandent également. Cela ne date pas d’hier (cf. les fréquent modules et extensions de nombreux types de jeux, comme dans le cas du jeu de cartes Magic the  Gathering). De plus il est toujours possible, par le biais des fréquentes promotions, d’en bénéficier à moindre coût.

Toutefois les joueurs se souviendront des nombreux et très lourds patchs qu’il a fallu déployer pour que TW Rome II, peut-être sorti trop vite, soit stable et jouable… Or, les contenus qu’on a évoqués, à trop les multiplier, peuvent baisser en qualité : Caesar in Gaul reçoit une moyenne de 63/100 sur Metacritic, et les notes d’Hannibal at the Gates ne frisent pas non plus le 20/20.

On peut donc s’interroger sur la pertinence, à la fois de décliner à l’infini un moteur, et d’annoncer des contenus supplémentaires pour un jeu, quand bien même celui-ci peut s’avérer mal terminé et surtout qu’il arrive dans plusieurs semaines. Il ne reste qu’à espérer une bonne finition pour Total War Attila. La grogne pourra être intense dans le cas contraire. Ce « mal » n’est évidemment pas propre à la série et les plaintes légitimes autour de jeux tels que Dragon Age Inquisition leur font écho… Là où le désormais fameux studio polonais CD Projekt, dans une démarche opportune mais un peu solitaire, repousse la sortie du très prometteur RPG The Witcher III pour correctement achever son développement.
Il ne s’agit pas ici de distribuer bons et mauvais points, simplement de se poser des questions légitimes sur les séries que l’on apprécie et d’essayer de vouloir le juste milieu pour elles.

En guise de bilan

Au final on se rend compte que l’intérêt des titres développés depuis Empire Total War compris ne se dément pas : ils restent très jolis à regarder, plaisants à jouer et le futur augure du meilleur pour la série. Toutefois, après de nombreuses années centrées sur le Moyen-âge et l’Antiquité, on aimerait aussi que les développeurs reviennent sur une fourchette 16e-19e siècle… Empire TW et Napoléon TW commencent tout de même à dater et les excellentes idées de La fin des samouraïs (le chemin de fer, le soutien naval…) me font soupirer auprès d’un titre qui permettrait de rejouer les guerres du XIXe siècle : Sécession Américaine, guerre de 1870, russo-turques etc. De plus la multiplication des DLC, tendance lourde dans le jeu vidéo ces dernières années, est à double tranchant dans mon esprit pour les raisons que j’ai évoquées. Je ne sais si l’on peut parler de « croisée des chemins » pour Total War mais je vais suivre avec intérêt la suite des évènements.

 

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Début de la campagne de la Péninsule dans Napoleon Total War. Elle avait le mérite de centrer la partie sur la guerre d’Espagne et de proposer un défi intéressant pour les forces en présence.
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La position espagnole est précaire, mais le peuple est pour le joueur et la guérilla menace les Français.
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L’essor des samouraïs permettait de remonter dans le temps et de revivre leurs heures glorieuses des 12e-13e siècles. Ici, après quelques tours, mon clan détient une bonne partie du nord du Japon.
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Trois factions supplémentaires qui permettront, vikings oblige, d’effectuer des raids sur les pays du sud. Avec ce prochain Culture pack il n’y aura pas une campagne à part entière, mais simplement de nouveaux objectifs secondaires dans la campagne de TW Attila.

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