En réalisant le très bon Pike & Shot et son extension Campaigns, wargame tactique centré sur la période allant de l’après-guerre de Cent Ans à la fin de la guerre de Trente Ans, les développeurs de Matrix / Slitherine avaient à cœur de reproduire une époque très peu fréquente dans les jeux vidéos, et pourtant fondamentale dans la naissance de l’art militaire moderne, avec l’essor des piquiers et des armes à feu portatives. En reprenant le même moteur de jeu, les développeurs se sont donc attaqués au Sengoku Jidai, période tout aussi importante pour l’art militaire japonais, dans un jeu sous-titré à juste titre Shadow of the Shogun.

Un peu d’histoire

Le Sengoku Jidai, ou « période des Royaumes Combattants », est en effet une période fondamentale dans l’histoire du Japon. Lorsque le pouvoir central du Shogun s’effondre à la suite de la Guerre de l’Onin (1467-1477), les conflits féodaux entre les Daimyo locaux se multiplient, et aboutissent à un état de guerre larvé qui se prolonge jusqu’à l’unification du Japon sous la poigne de Daimyo plus puissants ayant vaincus leurs ennemis, conquis Kyoto et reconquis le statut de Shogun : Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et finalement Tokugawa Ieyasu en 1603.

Dans l’art militaire même, le siècle augure de changements importants : le Samurai s’équipe de plus en plus pour le corps-à-corps, les mercenaires et les laissés-pour-compte appelés Ashigaru sont organisés dans des formations militaires complémentaires par les Daimyos les plus compétents et ambitieux, et les armes à feu sont introduites au Japon vers 1543 par les Portugais.

Du terrain connu …

Pour ce que nous avons pu en voir pour le moment via la bêta, le studio Byzantine Games a repris très exactement le même système de combat utilisé depuis Battle Academy (voir ce test) : vous jouez votre tour en déplaçant vos troupes, vous vous positionnez sur un terrain calculant les hauteurs et concentrant différents types de paysages, vous tirez, et vous chargez. C’est ensuite au tour de l’adversaire. Si vous n’aviez pas accroché au système de combat de Pike & Shot (voir cet article), passez votre chemin.

Les modes de jeu sont là aussi de la partie : tutoriels, scénarios, campagnes semblables à la dernière extension de Pike & Shot, escarmouches et éditeur de carte. Là encore, les développeurs sortent une recette qui a déjà marché, notamment pour les campagnes qui offrent un jeu à plus long terme un brin plus savoureux avec ses mécaniques propres.

… et quelques nouveautés

Le contexte, bien que traité dans le dernier opus de la longue série des Nobunaga’s Ambition (ressorti en septembre 2015) et dans le un peu moins récent Total War – Shogun II (paru lui en mars 2011 ; voir aussi cet article), arrive à détonner, avec des unités bien plus exotiques que dans Pike & Shot, et une importance accrue donnée au corps-à-corps. A part les différents briefings et scénarios, il est dommage que le jeu ne s’attache pas à donner plus de détails historiques.

Une autre nouveauté, celle-là très sympathique, est la présence sur le champ de bataille de généraux. Le général-en-chef, inamovible, donne des bonus aux troupes dans son rayon de commandement, et peut surtout propager ce commandement aux généraux-en-second qui, eux, dirigent une force armée mobile. Cette présence crée de nouvelles dynamiques de placement de troupes, et donne au jeu un aspect toujours plus tactique.

Pour conclure

Sengoku Jidai : Shadow of the Shogun n’a pas vocation à avoir un gameplay original. Il reprend la formule de son aîné Pike & Shot en l’adaptant au contexte du Sengoku Jidai et des invasions de Corée. Il applique une recette qui a fait ses preuves, et qui convaincra facilement ceux qui ont déjà craqué pour ce précédent wargame. D’autant plus que la difficulté est toujours au rendez-vous, avec une IA retorse et maligne, qui vous éprouvera dans un des six modes de difficulté.

On pourra peut-être regretter l’aspect historique pas assez abordé, le retour d’une formule connue, une musique toujours aussi absente et des graphismes un brin sommaire, mais le successeur de Pike & Shot est bien là, et si le cœur vous en dit, patientez jusqu’en mai prochain.

Pour plus d’informations sur le jeu, dont la sortie est prévue le 19 mai, voyez cette fiche chez Matrix ou celle-ci sur Steam.

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Dépaysons-nous un brin.
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Principale nouveauté niveau gameplay : le général…
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… et les généraux-en-second.
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La carte de campagne, toujours aussi fruste.
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Exemple de bataille historique.

3 Commentaires

  1. C’est moi où la direction artistique est juste à tomber par terre dans sa simplicité ?

    Le même plaisir visuel qu’à la sortie de Shogun Total War 2 et de son interface délicieusement travaillée.

    Pike and Shot était top, celui là entrera dans ma ludothèque sans hésiter !

    • Visuellement ça a l’air en effet plutôt bien réussi, il y a fort à parier qu’en jeu ça donne un résultat très sympa.

      • En tous les cas l’idée des développeurs de schématiser une chaîne de commandement est alléchante ! Même simpliste cela peut apporter une véritable plus par rapport à P&S.

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