Renouveler le genre du city-builder n’a rien d’évident. Surtout quand celui-ci, initié il y a 30 ans par SimCity, continue de se développer avec une offre riche et diversifiée, en constante évolution. Or depuis l’an dernier un jeu indie joue la carte du minimalisme et du casual play, à total contrepied des standards du marché. Parviendra-t-il à s’ériger face aux monuments du genre déjà en rayon ?
Car les city-builders sont nombreux et se démarquent plus ou moins par des variations de gameplay et d’univers. Frostpunk et Banished (voir cet article) ont amené beaucoup d’originalité même si ce dernier a quasiment été abandonné. Cities Skylines a littéralement explosé. Tropico et le superbe Anno 1800 continuent d’emballer. Surviving Mars quant à lui, a décliné le principe très habilement (voir ce test). Sa suite post-apocalyptique devrait en faire de même (voir par ici) tandis que The Settlers pourrait bientôt revenir en force. Sans oublier Ostriv actuellement en accès anticipé, Foundation (voir cette préview) ou encore le prometteur Industries of Titan, annoncé pour l’année prochaine.
Comment amincir un city-builder ?
Pour commencer, prenez SimCity (cf. ce dossier) et supprimez toute la partie relative à la simulation démographique et économique. Puis, simplifiez ce qui reste, en éliminant ce qui a trait à l’infrastructure urbaine (eau, électricité, réseau routier), pour ramener l’expérience de construction à son niveau le plus élémentaire, à savoir aménager une zone avec des bâtiments. Enfin, abandonnez la grisaille, le béton, et les grandes étendues continentales pour embarquer sur des îles, ensoleillées ou brumeuses, mais toujours hautes en couleurs.
Et, à peu de choses près, vous obtenez Islanders, littéralement Insulaires. Un nom pour le moins paradoxal car la population n’est ni simulée ni représentée visuellement. Le fait qu’il n’y ait pas d’eau, pas de route, ni de budget à gérer, montre d’emblée l’absence de profondeur du jeu. Ce qui n’est pas gênant en soi, d’une part parce que c’est un choix des développeurs, et d’autre part, parce que justement nous ne sommes pas dans un pur city-builder.

Liens utiles. Sorti il y a un an, Islanders est l’aboutissement d’un projet de fin d’étude de trois talentueux étudiants allemands en jeux vidéo. Cela n’enlève rien au jeu, mais pour l’heure le studio GrizzlyGames semble n’être qu’un nom de guerre : il n’a pas de site Web, et le jeu non plus. Aussi, pour plus d’informations voyez cette page sur Steam et les pages personnelles des trois auteurs : Paul Schnepf, Friedemann Allmenröder, Jonas Tyroller.


Scores et niveaux
Le mode de jeu principal, dit High score, propose de progresser d’île en île en atteignant sur chacune d’elle un score cible. Pour ce faire, des packs de construction sont mis à disposition, un à un. Chaque pack contient quelques bâtiments qui doivent être judicieusement placés sur la carte pour gagner des points et réaliser un sous-score fixé à l’avance. En cas de succès, on passe au prochain pack et ainsi de suite jusqu’à obtention du score cible qui débloque l’île suivante et de nouveaux types de bâtiments. Sinon la partie prend fin et votre performance est enregistrée dans un classement mondial.
Dans un city-builder classique, normal, c’est la population, avec son niveau de satisfaction et ses revenus qui sert d’indicateur de réussite. Dans Islanders, le succès ou l’échec dépend du score. Et le fait qu’on passe de niveau en niveau, d’île en île, en solutionnant des sortes de gentils casse-têtes, de complexité croissante, indique clairement l’orientation arcade et puzzle game.
Ce type de gameplay très dirigiste, qui limite et force à passer de niveau en niveau, est certes amusant, mais pas pour tout le monde. Et spécialement pas pour les fans de city-builders, plus habitués à progresser sans changer de territoire de jeu. D’où l’implémentation récente du second et dernier mode de jeu, « Libre », un bac à sable où toutes les pièces de construction sont immédiatement accessibles, pour permettre à chacun d’aménager comme bon lui semble l’île de ses rêves, sans autre contrainte que celle de l’espace alloué.
Jeu de construction light
Si le minimalisme graphique présente l’avantage d’être moins gourmand en ressources pour les PC les plus modestes, il aurait pu en contrepartie diminuer l’attrait visuel du jeu. Ce n’est pas le cas ici, et les décors insulaires aux couleurs toniques accueilleront les constructions pour former des paysages architecturaux flatteurs pour l’œil, pour peu qu’on aime le style minimaliste. Pour ne rien gâcher, les îles sont variées, et ce dès le début des parties, grâce à l’utilisation d’un moteur de génération procédurale de terrain, probablement adapté du précédent jeu de wingsuit des mêmes développeurs : Superflight.
Mais même avec de jolis effets de couleurs, l’intérêt d’un city-builder n’est pas tant dans un terrain procédural, que dans le nombre de bâtiments, leur finesse de modélisation, leur évolutivité dans le temps. Et aussi dans les animations pour donner de la vie à un décor sinon inanimé. Une ville c’est toujours vivant, les gens y bougent, beaucoup, enfin la plupart du temps… Autant de caractéristiques qui font défaut à Islanders.
Tous comptes faits, il serait exagéré d’affirmer que ce produit renouvelle le genre du city-builder car il ne boxe pas vraiment dans la même catégorie que les héritiers classiques de SimCity, bien plus complets. Il se positionne plutôt sur une niche originale qu’il a lui-même créée et où il n’y a pas encore de véritable concurrent : celle du jeu de construction light, à mi-chemin entre arcade et puzzle game, pour des parties rapides. Le tout à un prix doux : 4,99€.
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Points positifs et négatifs
- Prise en main immédiate.
- Règles d’urbanisme très simples.
- Gameplay et musique relaxants.
- Iles colorées et variées.
- Interface en français.
- Bâtiments figés en taille et en apparence.
- Manque d’animations.
- Pas de sauvegardes multiples.
- Zoom arrière insuffisant.
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