Arrêtons-nous sur l’un des derniers scénarios parus pour Wars Across the World, celui sur le thème de l’opération Husky, le bien connu débarquement des Alliés en Sicile, au coeur de l’été 1943. Un scénario globalement réussi, similaire à celui sur la Normandie en 44, et qui permet donc de jouer facilement cette grande bataille.

Le début de partie est assez simple, quoique un peu laborieux si l’on est un débutant. On choisira une série de cartes évènements à jouer, puis on affectera l’un après l’autre sept groupes d’unités sur sept plages, puis on affectera en soutien de nombreux avions Alliés, et enfin on passera à la résolution de ces différents assauts initiaux.

Sauf malchance, cela m’est arrivé dans un cas, la phase de débarquement ne posera guère de soucis. Une fois les Alliés ayant mis un pied en Sicile, l’IA, si vous jouez coté Alliés comme moi ici, va immédiatement regrouper ses troupes en plusieurs grosses piles susceptibles de causer de sérieux problèmes aux Alliés.

Tout l’intérêt de ce scénario est a priori de bien manoeuvrer autour de ces piles, pour les attaquer au bon moment. Dans ma partie il y en a eu jusqu’à trois différentes. Sans compter une quatrième défendant Messine (pointe nord-est), mais qui a priori y reste, cette ville étant un objectif majeur.

Les groupes d’unités italiennes isolées ne vont pas présenter un gros problème, toutefois elles peuvent ralentir, voire causer des pertes inutiles si l’on attaque “mal”. De plus différentes villes vont devoir être assiégée. Idem, rien de très compliqué, un siège ayant, grosso modo, hors bonus particuliers, une chance sur deux de réussir. Au pire vous perdez du temps.

Les troupes Alliées qui ont débarqué sont très vite, au second tour, renforcées par deux armées importantes. D’une part celle de Montgomery, d’autres part celle de Patton. Ces deux armées arrivent avec beaucoup d’unités de soutien (artillerie essentiellement), mais peu de combat. Il va donc falloir regrouper certaines unités anglaises et américaines avec ces deux armées, pour pouvoir attaquer efficacement les défenseurs. Surtout les panzers allemands, bien plus dangereux que l’infanterie italienne évidemment.

Pendant que les unités terrestres feront les mouvements nécessaires, l’aviation pourra commencer à pilonner les ennemis au sol. Seul bémol, les ennemis ont des batteries anti-aérienne, mais aussi une aviation susceptible d’intercepter vos bombardiers. Bien sûr l’aviation alliée est supérieure en nombre, mais certains avions ennemis ont un potentiel dangereux. Fonction de votre chance aux dés, vous pouvez alors subir plus ou moins de pertes aériennes.

Pour un joueur expérimenté, l’IA de Wars Across the World ne pose pas de réel souci. Ce scénario peut se jouer des les deux camps, je jouais coté Alliés, le plus difficile et j’ai quand même eu la bonne surprise de voir assez tôt une contre-attaque audacieuse des Italiens vers la tête de pont américaine, à Licata. Je ne pouvais pas contourner l’ennemi, pour lui couper son ravitaillement, et donc j’ai dû encaisser avant moi-même de contre-attaquer.

Heureusement j’ai eu je crois relativement de la chance aux dés, et puis grâce à l’aviation j’ai pu rapidement freiner les Italiens. L’IA s’est alors muettement rendue à l’évidence, et sans se plaindre, a commencé à se replier. Je l’ai poursuivi à travers toute l’île, et suis parvenu à éliminer les trois piles une par une.

Je jouais ce scénario au niveau de difficulté Moyen, on peut éventuellement le corser en passant en difficulté Expert. Pour un joueur expérimenté, ce scénario joué en PBEM est probablement plus intéressant. Le mode PBEM actuellement en phase bêta semble bien fonctionner, et devrait arriver via un patch vers l’automne.

J’ai relevé deux défauts à ce scénario. D’une part le nombre de points de victoire, trop bas me semble-t-il. Comme j’ai eu de la chance au début, j’ai gagné rapidement beaucoup de points de victoire. A la fin du troisième tour j’avais emporté la partie aux points. Ce défaut mineur n’a aucune réelle incidence sur le scénario, j’ai pu tranquillement continuer à jouer, pour justement voir si ou plutôt comment, j’allais réussir à attraper l’ennemi.

Autre défaut un peu ennuyant, le nombre d’unités aériennes coté Alliés. A nouveau, ça ne gêne en rien, sauf qu’il faut jouer beaucoup de pions à chaque phases aérienne.

Lors des nombreuses batailles, le coup de grâce a été porté au tour 7 quand j’ai éliminé, par chance, Hube, le général allemand qui dirigeait les plus fortes unités ennemies face à moi. Ce fut un vrai coup de chance car j’avais tenté une attaque risquée, pour voir, et j’avais eu plus de pertes que prévu. Or la pile d’unités allemandes une fois privée de son chef pouvait certes encore bouger, mais plus attaquer. Et de toutes manières pour couronner le tout, grâce à un mouvement de percée après un combat mineur non loin, je suis parvenu dans le même tour à couper la ligne de ravitaillement de ces allemands.

Certes, quand bien même j’aurais perdu une de mes armées américaines (la pile de Bradley aurait été en très mauvaise position sans la mort de Hube), la seconde armée US qui était proche aurait probablement pu finir le travail, quitte à perdre du temps avant de s’occuper de Palerme. Mais j’aurais alors gagné la partie avec un score moins élevé. Toutefois, peu importe, tout l’intérêt des scénarios de Wars Across the World n’est pas que de réussir à gagner, il est de pouvoir découvrir facilement des grandes batailles. C’est tout l’intérêt de ce système de jeu très orienté jeu de plateau, système qui de fait simplifie beaucoup de choses, mais permet soit de s’initier, soit de jouer rapidement.

Au passage notons que si le thème du débarquement en Sicile est assez connu dans le monde des wargames classiques, il est relativement moins fréquent dans le monde des wargames sur PC. On peut trouver divers scénarios dans Panzer Corps – Allied Corps (voir cet article). On peut se tourner vers Piercing Fortress Europa (voir cet article). Ou encore vers l’imposant Gary Grigsby War in the West. Ou encore pour les plus motivés se lancer dans Panzer Campaigns : Sicily ’43 (1 600 pions / unités, 1 hex = 1km, 1 tour de jeu = 2 heures… quand on aime, on ne compte pas !), simulation qui certes date beaucoup techniquement mais qui devrait profiter à l’avenir d’une version Gold modernisant le moteur.

Alternativement, on peut jouer, mais alors à une toute autre échelle, certaines batailles avec par exemple Battle Academy – Operation Husky (voir ce test) ou à un niveau plus pointu, avec Combat Mission – Fortress Italy (voir cet article). Il est aussi à espérer que la Sicile sera présente dans la liste des scénarios du futur et prometteur Close Combat – The Bloody First (voir cette brève).

 

Il y a peu de règles spéciales dans ce scénario, essentiellement des variations de points de victoire selon différents objectifs (principalement des villes dans certains cas de figure). Une partie se joue au maximum en 12 tours.
Hormis certaines cartes obligatoires au début, le reste des cartes est déterminée aléatoirement. Certaines cartes sont à certains stades du jeu plus utiles que d’autres.
Une carte m’a permis de déterminer l’ordre du tirage des cinq prochaines cartes, un avantage amusant, je vais commencer par demander le soutien de la Mafia. Attention lors de la sélection de l’ordre des cartes, la première qui arrivera au tour suivant (Mafia ici) est la dernière qui s’affiche ici à l’écran. On se trompe très facilement…
Grâce à la Mafia, je vois les cartes de l’ennemi, rien d’extraordinaire, surtout des bonus défensifs lors des batailles.
Exemple d’affectation d’une armée à une plage. En fait il n’y a à cette étape quasi aucun choix, chaque armée ne pouvant débarquer que sur une case en face de sa zone (en rond) de départ.

 

Pour plus d’informations sur le DLC Sicile 1943, voyez (MàJ) cette page sur Steam et le site officiel.

Attention, ce module étant initialement un scénario réalisé par un membre de la communauté du jeu, il n’est pour l’instant disponible que via la boutique officielle du jeu. Ce module est évidemment compatible avec la version Steam du jeu de base (sauf peut-être pour les patchs automatiques via Steam).

Pour plus d’informations sur Wars Across the World, voyez notre test puis cet AAR sur le scénario Normandie 1944le site officielcette page sur Steam, ou encore la page Facebook du jeu.

Notez que depuis sa sortie à la fin du printemps l’année dernière le jeu a bénéficié de nombreuses mises à jour, et en plus de futurs nouveaux scénarios il devrait cet automne bénéficier aussi d’une part d’un mode PBEM (en bêta actuellement) et d’autre part d’une adaptation sur iOS.

Sans soutien de l’aviation, et avec de mauvais jets de dés, vous n’êtes pas à l’abri de rater un des débarquements. Il faudra alors le retenter plus tard, mais avec des unités alors affaiblies (blessées et / ou non ravitaillées).
L’aviation des Alliés s’échauffe en attaquant une unité allemande isolée. Avec un peu de chance, comme elle n’a qu’un point de vie (petit rond vert), elle sera éliminée.
Une attaque un peu plus sérieuse, sur une plage, qui va bien réussir grâce à une belle série de jets de dés.
Ici, pas de chance, même si je parviens à détruire les obstacles, mes unités sont blessées et repoussées à la mer.
A l’exception d’Avola (en bas à droite), l’ensemble du débarquement s’est bien déroulé. Patton et Montgomery arrive pour soutenir les têtes de pont.
Mon unité repoussée par les défenses d’Avola ne bénéficie pas du ravitaillement. Elle sera blessée, et si elle reste en mer un tour de plus, elle sera éliminée (par la règle de ravitaillement).
Sans être très compliquée la situation est assez intéressante. A ce stade du jeu, tour 2, l’IA qui joue l’Axe peut lancer des attaques très dangereuses.
Une belle attaque audacieuse des paras US, soutenus par les Rangers US (une carte évènement). La chance aidant, j’élimine l’infanterie dans la région d’Augusta, et vais pouvoir assiéger la ville.
Les nombreuses batailles aériennes sont résumées via cet écran. Globalement je m’en suis très bien sorti, n’ayant pas eu de pertes, et ayant fait “fuir” les avions adverses.
Comme je le craignais, l’IA m’attaque, ce à deux endroits. Mes unités étant encore assez dispersées, seul le soutien aérien fera la différence. Et la chance aux dés…
A Agrigento, Patton va s’en sortir de justesse. Et même réussir à affaiblir l’infanterie ennemie (-1 PdV sur 2 à la base).
Monty face à un rapport de force écrasant va devoir se replier. Heureusement que ce général italien n’a pas la capacité d’effectuer une percée, pour continuer d’avancer dans la foulée.
Au tour 3 l’ennemi a assemblé trois solides piles. Je vais devoir d’abord renforcer mes têtes de pont, en ramenant les unités qui étaient au sud-est, avant de pouvoir vraiment contre-attaquer. Heureusement je n’ai eu aucun souci de ravitaillement.
Le siège d’Augusta, même sans le soutien de l’artillerie, vient de réussir au bout de deux tours. Tant mieux.
Nouvelle bataille anglo-italienne, heureusement l’IA a scindé sa pile en deux, j’ai une perte, mais Monty et son artillerie s’en sortent pas trop mal.
Bradley contre-attaque avec le soutien de l’aviation. Malgré de faibles chances de faire des dégâts, le nombre d’avion joue en ma faveur. Et tout comme moi, l’IA ne peut pas se permettre d’avoir beaucoup de pertes.
L’IA a reculé, s’est réfugiée dans les montagnes au centre de l’île, j’ai désormais tous le temps nécessaire pour bien manoeuvrer. Je vais éliminer les trois piles ennemies une par une…
Même si j’ai déjà gagné aux points, j’ai poursuivi la partie. Là, la fin est proche, je vais prendre Palerme, un des objectifs principaux.
Les allemands avancent vers Palerme, mais le général Bradley, très audacieusement, lance une attaque pour les ralentir. Avec un peu de chance…
Bingo, l’attaque risquée s’est plutôt mal déroulée pour les américains mais … le principal général allemand tombe durant les combats. A ce stade, j’arrête la partie. Il ne reste plus qu’une armée allemande retranchée loin à Messine.

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    • Non, il s’agit d’un mod qui est devenu un scénario officiel, on le trouve uniquement via la boutique en ligne du site du jeu (voyez le lien dans l’encart lus haut). Le jeu de base propose 10 scénarios et en option il y en a une trentaine d’autres actuellement.

  1. Bonjour!
    Une petite question (mieux vaut tard que jamais) : est-il possible d’installer ce scénario sachant que j’ai acheté le jeu via steam et que celui-ci n’est
    présent que sur le site officiel ? Merci à vous et bonne guerre!

    • Oui, tout à fait. Il faut localiser sur votre PC le dossier du jeu. Soit bouton droit sur le jeu dans la bibliothèque Steam, puis cliquer sur Propriétés, puis dans la fenêtre qui s’affiche sur l’onglet Fichiers locaux, et là vous verrez un dossier WAW où se trouve un sous-dossier nommé Scenarios. Il faut extraire le fichier récupéré par la boutique officielle dans ce sous-dossier (ce qui va créer un dossier avec le nom du scénario). Une fois le jeu lancé, vous verrez le scénario dans la liste avec les autres.

      Ce n’est pas très pratique comme manipulation mais à ma connaissance ça fonctionne bien. Dites-moi si jamais ça n’est pas clair.

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